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Kyriakos Mitsotakis. Photo : @UE

Vu de Grèce : la France est une “bombe économique” à retardement selon Kyriakos Mitsotakis

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La France, longtemps considérée en Grèce comme un modèle économique et politique, est désormais observée avec inquiétude. Le Premier ministre grec et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Kyriakos Mitsotakis, d’ordinaire proche de Paris, ne cesse depuis plusieurs mois d’utiliser l’exemple français pour alerter sur les risques d’instabilité. Entre la succession rapide de trois Premiers ministres et les difficultés à voter le budget, « l’Hexagone est dans un état de quasi-anarchie », a-t-il déclaré récemment, allant jusqu’à évoquer la possibilité d’un recours français au Fonds monétaire international (FMI).

Cette sévérité traduit une inquiétude croissante des élites économiques et politiques grecques. Le quotidien financier Naftemboriki décrit désormais la France comme une « bombe économique à retardement », tandis que Kathimerini, journal de centre droit, s’interroge sur la soutenabilité du modèle social français. « Ce mode de vie et l’État-providence qui le permet ne sont plus tenables », écrit l’éditorialiste Alexis Papachelas, pointant du doigt des dépenses publiques excessives et un endettement croissant. Selon lui, les réformes d’austérité que les marchés exigeraient aujourd’hui de la France seraient « politiquement inacceptables » et pourraient provoquer « un cataclysme social ».

Les observateurs grecs notent également un symbole frappant : la France emprunte désormais à des taux d’intérêt supérieurs à ceux de la Grèce, un renversement historique qui inquiète les marchés. Athènes, qui a longtemps été le « mauvais élève » de la zone euro, redoute qu’une crise financière française n’ait un effet domino sur l’Europe et sur son propre secteur touristique, fortement dépendant des voyageurs français.

Pour Triantafyllos Karatrantos, chercheur au centre de réflexion Eliamep, par lequel sont passés les contributeurs du FEM, Dimitri Papalexopoulos et Chara Georgiadou, « la situation en France est scrutée avec attention car le pays reste une locomotive de l’Union européenne, mais aussi un partenaire militaire et diplomatique majeur pour la Grèce ». Si la comparaison avec la crise grecque de 2010 est souvent évoquée, la plupart des analystes rappellent que la France, par son poids économique et diplomatique, n’est pas exposée au même risque systémique.

À gauche, les critiques se concentrent sur la politique économique d’Emmanuel Macron. Le site économique Dnews estime que « les déficits français sont largement dus aux allégements fiscaux inconsidérés accordés par Macron aux plus riches », ajoutant que « ce ne sont pas les troubles politiques qui ont provoqué la crise économique, mais la mauvaise gestion économique qui a entraîné l’instabilité politique ».

Malgré les divergences idéologiques, une même inquiétude traverse la classe politique grecque : si la France, deuxième puissance économique de la zone euro, devait trébucher, c’est toute l’Union européenne qui vacillerait. Dans un contexte de taux d’intérêt élevés, de tensions géopolitiques et de déficits persistants, le spectre d’une contagion financière plane à nouveau sur le Vieux Continent — un scénario que la Grèce, marquée à jamais par la crise de la dette, redoute plus que tout.

Sources :

Le Parisien, 10 novembre 2025, Naftemboriki, Kathimerini, Dnews, centre Eliamep,

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