Après vingt heures de négociations tendues, les États membres de l’Union européenne sont parvenus à un accord sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040. Un compromis de dernière minute, jugé moins ambitieux, mais nécessaire à l’approche de la COP30 à Belém, au Brésil.
L’Union européenne s’est évitée un revers diplomatique à quelques jours de la COP30. Mercredi 5 novembre, au terme d’une nuit de tractations marathon, les ministres européens de l’Environnement ont fini par adopter un compromis sur la feuille de route climatique à horizon 2040. Mais ce texte, présenté comme un signal d’unité avant le sommet mondial sur le climat, est aussi perçu comme un recul sur les ambitions initiales de Bruxelles.
D’après Politico, ce nouvel accord « édulcore l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre » fixé pour 2040, tout en introduisant davantage de flexibilité pour les États les plus dépendants des énergies fossiles. Initialement, la Commission européenne visait une baisse de 90 % des émissions par rapport à 1990. Si cet objectif est maintenu, plusieurs concessions ont été accordées, notamment sous la pression de l’Italie et de la Roumanie, rapporte le Financial Times.
Les États membres pourront désormais compenser jusqu’à 5 % de leurs émissions par l’achat de crédits carbone internationaux, investissant par exemple dans la préservation des forêts à l’étranger. Une manière, selon les défenseurs du texte, d’aider les pays à “atteindre leurs cibles tout en finançant des projets durables dans le Sud global”. Mais pour de nombreux observateurs, il s’agit surtout d’un moyen de contourner les réductions réelles d’émissions sur le territoire européen.
Autre concession notable : la mise en place du nouveau marché du carbone (ETS2) pour les secteurs du transport et du bâtiment, initialement prévue pour 2027, est repoussée à 2028. Ce report, exigé par plusieurs pays d’Europe centrale, vise à éviter une hausse trop rapide du coût de l’énergie pour les ménages.
Le compromis final prévoit une réduction de 66,3 % à 72,5 % d’ici 2035, avant d’atteindre les 90 % à l’horizon 2040, précise Die Zeit. Ces chiffres doivent être soumis à l’ONU avant l’ouverture de la COP30, qui s’ouvre le 10 novembre à Belém. Si la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne et la République tchèque ont voté contre, elles n’ont pas bloqué l’adoption du texte, permettant à l’Union d’arriver unie, du moins en apparence, à la conférence.
La presse européenne s’accorde sur le caractère minimaliste de cet accord. Pour Die Zeit, « ce sont ceux qui ont la pédale sur le frein qui ont eu le dernier mot », tandis que la Süddeutsche Zeitung évoque un « consensus sous tension », symbole d’une Europe tiraillée entre ambitions écologiques et réalités politiques. Le contexte n’a rien arrangé : l’inflation, la guerre en Ukraine et la crise énergétique ont fragilisé la cohésion des Vingt-Sept autour du Pacte vert.
Pour autant, l’UE reste, malgré ce compromis, la seule grande puissance à présenter un plan climatique structuré avant la COP30. Une constance que souligne Politico, même si « l’image d’un leadership climatique européen s’en trouve écornée ».
Sources :
Courrier International – « COP30 : l’Europe s’accorde à la dernière minute sur une feuille de route climatique au rabais » – Publié le 5 novembre 2025
Politico, Financial Times, Süddeutsche Zeitung, Die Zeit – articles cités par Courrier International