Matteo Salvini alerte sur de possibles dérives dans l’usage de la future aide italienne à l’Ukraine, invoquant des scandales de corruption au sein du gouvernement de Kiev. Alors que Rome prépare un nouveau paquet d’aide, les propos du dirigeant de la Ligue ravivent les tensions au sein de la coalition menée par Giorgia Meloni.
La fracture politique italienne autour du soutien à l’Ukraine s’est de nouveau affichée vendredi, lorsque Matteo Salvini a mis en cause l’opportunité d’un nouveau paquet d’aide destiné à Kiev. Pour le vice-président du Conseil et chef de la Ligue, l’Italie ne doit pas risquer de voir « l’argent des travailleurs et des retraités » alimenter « une corruption supplémentaire », alors que, selon lui, des scandales émergent impliquant des membres du gouvernement du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Volodymyr Zelensky. Des propos rapportés par l’agence Ansa qui interviennent dans un contexte déjà tendu, marqué par l’avancée des troupes russes sur plusieurs fronts.
Matteo Salvini estime par ailleurs que l’envoi de nouvelles armes ne constitue pas une réponse adaptée au conflit. À ses yeux, les évolutions militaires récentes démontreraient qu’il est « dans l’intérêt de tous, en premier lieu de l’Ukraine, de mettre fin à la guerre ». Une position qui contraste avec la ligne officiellement adoptée par l’exécutif italien depuis le début de l’invasion russe en février 2022. Longtemps présenté comme proche du Kremlin avant l’escalade du conflit, Salvini s’était pourtant aligné jusqu’ici sur la décision de la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, de participer à l’aide occidentale, évitant soigneusement toute critique directe envers Vladimir Poutine.
Ces déclarations ont suscité une réaction immédiate du ministre de la défense, Guido Crosetto, interrogé à Berlin par Ansa. Figure importante de Fratelli d’Italia, le parti de Giorgia Meloni, Crosetto affirme comprendre les inquiétudes exprimées par Salvini mais rejette fermement la généralisation. « Je ne juge pas un pays à partir de deux personnes corrompues », insiste-t-il. Pour lui, l’objectif demeure clair : « Nous tentons d’aider les civils qui subissent 93 % des attaques russes. » Une manière de recentrer le débat sur la situation humanitaire, alors que les villes ukrainiennes continuent d’être la cible de frappes quotidiennes.
L’Italie prépare actuellement un douzième paquet d’aide militaire, auquel s’ajoute un soutien énergétique crucial pour l’hiver qui approche. Rome prévoit en effet d’envoyer des générateurs afin d’aider le pays à faire face aux risques de coupures massives d’électricité, un levier utilisé à répétition par la Russie depuis le début des hostilités. En revanche, le gouvernement italien ne participe pas à l’initiative pilotée par l’OTAN visant à coordonner l’achat d’armes américaines pour les transférer ensuite à l’Ukraine. Une décision encore débattue en interne, selon une source citée par l’agence.
Sources :
Le Monde – « Matteo Salvini craint que l’aide italienne à l’Ukraine alimente la corruption » (14 novembre 2025) – lien.