Volkswagen et Renault, les groupes automobile membre du Forum économique mondial songent à s’unir à Stellantis, pour faire face à la concurrence chinoise et à Tesla, selon Bloomberg, le média affilié au FEM.
Selon Bloomberg.com, ces constructeurs historiques réfléchissent à des solutions radicales allant du rapprochement à la mutualisation des coûts, pour renforcer leur compétitivité sur le marché mondial.
Le CEO de Stellantis, Carlos Tavares, qui fut le numéro 2 de Renault, derrière Carlos Ghosn, membre du conseil d’administration du Forum économique mondial, se disait le 15 février dernier “parfaitement conscient qu’à l’avenir les entreprises qui ne sont pas aptes à résister à la concurrence chinoise se mettront elles-mêmes en difficulté”. Il avait déclaré plus tôt que l’industrie automobile européenne allait au-devant d’un “bain de sang” si elle ne s’adaptait pas. Pourtant Stellantis, groupe né de la fusion en 2021 de l’italien Fiat et du français PSA, avait quitté l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles (ACEA), en juin 2022, une semaine après l’annonce de l’interdiction à l’horizon 2035 de la commercialisation des automobiles thermiques dans l’Union européenne pour élaborer sa propre approche au travers d’un « forum sur la liberté de mouvement », un lobby réunissant des représentants de l’industrie , des fournisseurs de mobilités, des universitaires, des politiciens et des scientifiques, proches du Forum économique mondial.
Selon le cabinet d’étude BloombergNEF, « les véhicules électriques devraient voir leurs ventes se tasser cette année, pour revenir aux chiffres de 2019 ».
Ce ralentissement, ressenti même par Tesla, qui a décidé de baisser ses coups, contrairement à Stellantis, qui refuse de s’y résoudre, remettrait en question la suprématie incontestée de la voiture électrique officiellement promu par l’UE.
Parallèlement, les constructeurs chinois, soutenus par le gouvernement du contributeur du FEM, Xi Jin Ping, pénètrent le marché européen avec des modèles souvent plus avancés et plus abordables, ce qui accentue le besoin d’innovation et de compétitivité pour les marques européennes.
L’initiative française de « leasing social » pour les voitures électriques, victime de son propre succès, et l’arrêt des subventions gouvernementales pour l’achat de ces véhicules, ajoutent à la complexité de la situation. De plus, les coûts de réparation élevés et les préoccupations des consommateurs quant aux politiques climatiques influenceraient le marché, selon Bloomberg.
Les constructeurs seraient également selon le média membre du FEM, sous la pression des réglementations environnementales strictes de l’Union européenne, qui imposeront des amendes lourdes pour non-respect des normes d’émissions dès 2025, mais dans le passé certains constructeurs comme Volkswagen n’en avait eu que faire comme en témoigne le Dieselgate de 2015. À l’époque, le constructeur allemand avait été accusé de réduire frauduleusement les émissions de gaz à effet de serre de ses véhicules lors de tests d’homologation. Son PDG d’alors, Herbert Diess, aidé par le contributeur du FEM, Juergen Rittersberger, un transfuge de Porsche avait toutefois mis en place l’une des stratégies la plus ambitieuse dans le domaine de l’électrique après ce scandale.
Cette annonce de BloombergNEF est toutefois étonnante, puisque selon les données récentes de l’ACEA, environ 10,5 millions de voitures neuves ont été vendues en 2023 sur le territoire européen, ce qui représente une augmentation de 13,9 % par rapport à 2022. De plus pour ma première fois, les voitures électriques sont passés devant les ventes de voitures Diesel en 2023.
Dans les colonnes de Bloomberg, Holger Klein, PDG de ZF Friedrichshafen, un équipementier allemand membre du FEM, souligne l’investissement massif de l’industrie dans l’électrification des transports, avec des milliards dépensés pour propulser la mobilité électrique. Il met aussi en avant l’importance cruciale de revoir et d’ajuster les stratégies actuelles pour s’assurer qu’elles correspondent aux exigences nécessaires.
Le PDG de Renault, Luca de Meo, plaide en faveur d’une alliance similaire à Airbus, le groupe aéronautique membre du FEM afin de mutualiste les coups. Dans un revirement surprenant, Renault, a d’ailleurs annoncé à la fin du mois de janvier l’annulation de l’introduction en Bourse prévue en 2024 pour sa filiale dédiée à l’électrique et au logiciel, Ampere. La décision, motivée par des conditions de marché jugées défavorables, marquait un tournant dans la stratégie de financement de l’entreprise.
Dans les colonnes de Bloomberg, Alexandre Marian, directeur associé au sein du cabinet de Conseil, AlixPartners, membre du FEM, observe une atmosphère marquée par l’incertitude et la prudence parmi les dirigeants et les conseils d’administration à l’approche de 2024.
Enfin, Bloomberg évoque une potentielle campagne de lobbying lancée après les élections européennes par les constructeurs européens pour ajuster les réglementations de l’UE, afin qu’elle revienne « sur son calendrier de sortie du moteur thermique ».
De plus, créer un géant européen ne devrait pas être trop difficile puisque sur les quatorze membres que comprend l’ACEA, BMW Group, Daimler Truck, Ford Europe, Honda Europe, Hyundai Europe, Volvo, Toyota, Renault et Volskwagen sont directement affiliés au FEM.