Le procès des viols de Mazan, une affaire tragique et hors norme, entre dans sa phase finale au tribunal d’Avignon. Gisèle Pelicot, la principale victime, a tenu à dénoncer, mardi 19 novembre, « la lâcheté » de la société face au viol et a lancé un appel à une transformation profonde des mentalités.
« Ce procès est celui de la lâcheté. Il est grand temps que la société machiste, patriarcale, qui banalise le viol, change. Il est temps qu’on change le regard sur le viol », a déclaré Gisèle Pelicot, septuagénaire, victime présumée pendant plus de dix ans de viols répétés. Drogée par son mari, elle aurait été abusée par des dizaines d’inconnus recrutés sur Internet.
La victime a témoigné de son calvaire, dans une affaire qui est devenu un symbole de la condamnation des violences sexuelles. L’affaire soulève des questions cruciales sur le rôle de la société face aux violences faites aux femmes et sur la notion de consentement.
Cette question est au centre de ce procès alors que les cinquante accusés, issus de divers milieux sociaux, incluent des pompiers, des militaires, des journalistes et des retraité, prétendent avoir été dupés par le mari de Gisèle Pelciot. Certains affirmant qu’ils croyaient à un « jeu sexuel consenti ». Mais la justice est confrontée à une question fondamentale : l’élément moral du crime est-il caractérisé ?
Certains accusés ont reconnu avoir violé Gisèle, parfois devant une caméra. D’autres minimisent leur implication, invoquant une méconnaissance de l’état de conscience de la victime. L’argument de la « duperie » est central dans plusieurs plaidoyers. Ces derniers ont provoqué la colère des proches de Gisèle Pelicot et des militants présents dans la salle d’audience.
Face à l’insensibilité perçue des accusés et de leurs avocats, une forte solidarité s’est manifestée autour de Gisèle Pelicot. Chaque jour, des dizaines de femmes et d’hommes se rassemblent pour soutenir cette femme, décrite comme « d’une dignité remarquable ».
Les familles des accusés, bien que non responsables des actes présumés, subissent également les répercussions de cette affaire. Tentatives de violation de domicile, insultes, menaces physiques : les proches des inculpés vivent dans une peur constante.
Le position de Gisèle Pelicot, est-elle sans appel : « Pour moi, ce sont des dégénérés. Ils sont venus me violer. »
Les auditions des trois enfants de Gisèle Pelicot et les interrogatoires des deux derniers des 51 accusés se sont déroulés lundi. Mardi, la victime est revenue à la barre pour répondre aux questions des avocats de la défense. Son ex-mari, principal accusé, devrait prendre la parole une dernière fois avant le début des plaidoiries prévues mercredi?
En dénonçant une société qui minimiserait les crimes sexuels, Gisèle Pelicot espère que ce procès marquera un tournant. Cela pourrait être le cas en matière de consentement, alors que cette question est au coeur des débats à l’Assemblée nationale.