You are currently viewing Le Mouvement 4B : Une révolte féministe contre le patriarcat Sud-Coréen qui se mondialise
Jung Se-young et Baeck Ha-na. Image : Capture d'écran.

Le Mouvement 4B : Une révolte féministe contre le patriarcat Sud-Coréen qui se mondialise

Depuis son émergence dans les années 2010, le mouvement 4B bouleverse les normes socioculturelles en Corée du Sud. Ce mouvement féministe radical invite les femmes à se libérer des attentes patriarcales en adoptant quatre principes centraux : ne pas se marier (bihon), ne pas avoir d’enfants (bichulsan), ne pas entretenir de relations romantiques (biyeonae) et ne pas avoir de relations sexuelles avec des hommes (bisekseu). Si le 4B est devenu un phénomène marquant en Asie de l’Est, il attire également une attention internationale croissante, suscitant débats et controverses.

Le mouvement 4B, apparu en Corée du Sud dans les années 2010, est un courant féministe radical basé sur quatre principes : renoncer au mariage, à la parentalité, aux relations amoureuses et sexuelles. Ce mouvement émerge des cercles féministes coréens sur Twitter entre 2017 et 2018, en réaction à des événements comme un meurtre misogyne en 2016 et la montée de discours haineux sur des plateformes comme Ilbe Storehouse.

Le mouvement utilise des plateformes numériques comme Femi Wiki et des réseaux sociaux pour discuter de la vie sans hommes et créer une communauté solidaire. Bien que le nombre exact de membres soit incertain, il est estimé entre 500 et 4 000 participantes. Les militantes utilisent ces espaces pour protester contre les normes patriarcales, en rejetant les injonctions sociales liées au mariage, à la parentalité et à la beauté genrée.

Inspiré par le mouvement Escape the Corset (2016), qui critique les normes de beauté oppressives, le mouvement 4B encourage à abandonner le maquillage, la chirurgie esthétique et les modes vestimentaires pour rejeter le consumérisme misogyne.

Le mouvement #MeToo en Corée du Sud, popularisé en 2017, a aussi influencé le 4B en dénonçant les violences sexuelles et la misogynie. Les hashtags comme #WithYou ont renforcé la solidarité entre survivantes et activistes. Ensemble, ces mouvements s’attaquent aux structures patriarcales et aux attentes sociales qui oppriment les femmes dans la société sud-coréenne.

Les adeptes du mouvement 4B rejettent les conventions traditionnelles de mariage, de maternité et de relations intimes. Ces choix visent à dénoncer une société où les femmes sont enfermées dans des rôles de genre contraignants, souvent au détriment de leur liberté individuelle. Selon l’OCDE, les Sud-Coréennes effectuent 3,5 fois plus de tâches ménagères que leurs homologues masculins et gagnent en moyenne 29 % de moins. Ce mouvement a émergé en réponse à des cybercrimes, des violences sexuelles et une société patriarcale.

Les quatre commandements du mouvement sont les suivants :

  • Bihon (pas de mariage) : Le mariage est perçu comme une institution hétéronormative consolidant les rôles genrés. En adoptant le terme bihon, plus neutre que mihon (« non mariée »), les militantes souhaitent promouvoir une vie indépendante.
  • Bichulsan (pas d’enfants) : Avec un taux de fécondité de 0,7 en 2023, le plus bas au monde, les Sud-Coréennes expriment leur réticence envers la maternité. La pression économique et les normes patriarcales liées à l’éducation des enfants sont des facteurs majeurs de cette décision.
  • Biyeonae et Bisekseu (pas de romance ni de relations sexuelles) : Ces refus sont une critique directe des attentes patriarcales selon lesquelles les femmes doivent s’investir émotionnellement et physiquement dans des relations, souvent au détriment de leur bien-être.

Une critique des politiques pro-natalistes

En réponse au faible taux de natalité, le gouvernement sud-coréen a mis en place des politiques incitatives (allocations parentales, congés prolongés). Cependant, ces mesures ne suffisent pas à contrer les pressions économiques et culturelles pesant sur les femmes, qui choisissent de se détourner des rôles traditionnels de mère et d’épouse.Une enquête de 2022 révèle que 65 % des femmes, contre 48 % des hommes, ne veulent pas d’enfants.

Les YouTubeuses Jung Se-young et Baeck Ha-na figurent du mouvement

Les YouTubeuses sud-coréennes Jung Se-young et Baeck Ha-na, respectivement enseignante et comptable, ont gagné en notoriété grâce à leur chaîne SOLOdarity, qui a attiré plus de 37 000 abonnés dès sa première année. Ce duo de trentenaires, engagées dans le mouvement « No Marriage », milite activement pour le célibat volontaire des femmes et contre les attentes patriarcales traditionnelles en Corée du Sud.

Sur leur chaîne, elles expliquent pourquoi les femmes devraient envisager de rester célibataires et remettent en question des traditions perçues comme oppressives, notamment le mariage. Elles comparent le mariage à une forme d’esclavage pour les femmes et dénoncent des pratiques culturelles, comme celle des pères « offrant » leur fille en mariage, qu’elles jugent offensantes.

Une influence au-delà des frontières

En 2024, après la réélection de Donald Trump, le 4B a connu un regain d’intérêt aux États-Unis. Des vidéos TikTok mentionnant le mouvement ont accumulé des centaines de milliers de vues, et des recherches Google sur le sujet ont bondi de 450 %. Rebaptisé « 4 Nos » ou « Lysistrata » en référence à la pièce grecque, ce mouvement trouve un écho chez les femmes américaines en quête d’émancipation face à un contexte perçu comme hostile aux droits des femmes.

Accusations de radicalisme

Le mouvement 4B est critiqué pour son rejet systématique des relations hétérosexuelles et de la parentalité, perçus comme des réponses excessives aux problèmes sociaux. Certains dénoncent également l’impact potentiel du mouvement sur le taux de natalité, bien que les militantes rappellent que les problèmes économiques et culturels en sont les causes principales.

Laisser un commentaire