Ancien officier allemand et membre des SS, Skorzeny s’est illustré au cours de missions périlleuses, souvent ordonnées directement par Adolf Hitler lui-même, dont la libération de Mussolini qui a fait sa légende. Mais sa postérité est teintée de mystère et de controverses, notamment ses activités après la guerre et ses liens avec le Mossad israélien, qui témoignent que la « dénazification », le processus visant à éradiquer le nazisme n’a pas eu l’efficacité que l’on a voulu nous laisser croire.
Né autrichien comme Hitler, Skorzeny s’est initialement porté volontaire pour servir dans la Luftwaffe après l’invasion de la Pologne. Cependant, sa candidature était rejetée en raison de son âge. Il s’est alors tourné vers les SS en rejoignant la 1re division SS Leibstandarte Adolf Hitler. Il s’est retrouvé sur le front russe, où il s’est distingué par la capture de nombreux prisonniers, mais cela ne correspondait pas à ses rêves de gloire. Ceux-ci seront exaucés avec sa promotion comme responsable de la nouvelle unité d’élite Fridenthal.
C’est en septembre 1943 que Skorzeny gravit les échelons de la notoriété en orchestrant la libération audacieuse de Benito Mussolini, alors détenu au Gran Sasso en Italie. Sous son commandement, des parachutistes d’élite allemands assurent la libération sans effusion de sang du Duce, marquant ainsi un exploit remarquable. La légende raconte qu’Hitler aurait réuni plusieurs membres d’une unité d’élite et aurait demandé si quelque’un connaissait l’Italie. Skorzeny a répondu qu’il en avait fait le tour en scooter avant la guerre et fut séléctionné.
Après cette opération, Skorzeny poursuit ses « exploits », notamment en participant à l’opération Rösselsprung visant à capturer Tito en Yougoslavie et à l’opération Eisenfaust en Hongrie pour faire pression sur l’amiral Horthy. Il se distingue également lors de l’opération Greif, où il utilise des soldats déguisés en Américains pour semer la confusion derrière les lignes ennemies pendant la bataille des Ardennes.
À la fin de la guerre, Skorzeny est emprisonné pour ses activités nazies mais est acquitté des charges retenues contre lui, notamment celle d’avoir utilisé des uniformes d’ennemis. Il s’évade ensuite vers l’Espagne franquiste, où il jouit d’une vie confortable en tant que responsable du trésor de guerre nazi.
L’exfiltration des nazis avant la dénazification
Après la Seconde Guerre mondiale, les Alliés ont initié un processus appelé dénazification, visant à éliminer le nazisme des institutions et de la vie publique en Allemagne. Celui-ci fut accéléré par le procès de Nuremberg, qui s’est déroulé du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946, qui a déclaré criminelles quatre organisations nazies : le NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands), la SS (Schutzstaffel), le SD (Sicherheitsdienst) et la Gestapo (Geheime Staatspolizei).
À cette époque, malgré ce procès, les États-Unis désireux de montrer que leur modèle était supérieur au communisme ont protégé de nombreux anciens nazis. Ce fut le cas par exemple de l’industriel allemand Alfried Krupp, qui avait été condamné à Nuremberg à 12 ans de prison pour crime contre l’humanité. Durant la guerre, dans ses usines où la main-d’œuvre était issue de camps de concentration, le taux de mortalité rivalisait avec les camps d’extermination nazie, mais il fut gracié en 1951 et a récupéré l’ensemble de ses biens pour contribuer au « miracle allemand ». Mais en économie, il n’y a pas de miracle, celui-ci a été permis par le travail des femmes qui ont reconstruit le pays, mais surtout parce que l’Allemagne de l’Ouest était le premier bénéficiaire du plan Marshall distribué par l’OCDE, tandis que l’Union soviétique investissait dans la RDA, qui était aussi le pays le plus riche d’URSS.
De plus de nombreux nazis, n’ont même pas été jugés ayant réussi à s’échapper grâce aux réseaux d’exfiltration nazis. Alois Hudal, évêque catholique autrichien, aurait par exemple utilisé des faux documents, dont des papiers d’identité délivrés par des organisations du Vatican, pour faciliter leur fuite.
Des rapports déclassifiés des services de renseignement américains révèlent que Hudal n’est pas le seul ecclésiastique à avoir aidé les nazis. Dans un rapport de 1984 de l’agent du Counter Intelligence Corps, Vincent La Vista, explique comment il a arrangé facilement l’obtention de faux documents de la Croix Rouge Internationale, une organisation membre du Forum économique mondial, pour deux faux réfugiés hongrois.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Otto Skorzeny s’est d’ailleurs impliqué dans la création de « Die Spinne » (« l’araignée »), un réseau chargé d’exfiltrer d’anciens membres des SS vers l’Italie via le Vatican.
Ces filières d’exfiltration conduisaient principalement vers des refuges sûrs en Amérique latine, notamment en Argentine, au Paraguay, au Brésil et au Chili, ainsi qu’au Moyen-Orient, principalement en Égypte et en Syrie. Les États-Unis et le Canada étaient également des destinations possibles. Parmi les principaux bénéficiaires de ces réseaux figuraient Adolf Eichmann, Josef Mengele, Ante Pavelić ou Klaus Barbie. En 1948, la France a commencé à demander l’extradition de Klaus Barbie, mais le Counter Intelligence Corps était intéressé par l’expertise de Barbie en matière de lutte contre la résistance communiste. Le tribunal militaire de Lyon a engagé des poursuites contre Klaus Barbie dans le cadre des procès visant René Hardy pour sa présumée implication dans la trahison de Jean Moulin. Cependant, Barbie a été exfiltré vers l’Argentine en 1951 avec l’aide de la CIA et de Krunoslav Draganović, un prêtre catholique connu comme étant un des principaux instigateurs des réseaux d’exfiltration nazis.
De nombreux anciens officiers SS, ainsi que des officiers français ayant pratiqué la torture pendant la guerre d’Algérie, ont d’ailleurs participé à l’opération Condor. Cette campagne d’assassinats et de lutte anti-guérilla, menée au milieu des années 1970 par les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay, bénéficiait du soutien des États-Unis sous la direction de la diplomatie américaine et du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Henri Kissinger, cofondateur du groupe Bilderberg.
La collaboration de Skorzeny avec le Mossad
À la fin de la guerre, Skorzeny a été emprisonné pour ses activités nazies mais fût acquitté des charges retenues contre lui, notamment celle d’avoir utilisé des uniformes d’ennemis. Il s’est ensuite rendu dans l’Espagne franquiste, où il jouissait d’une vie confortable en tant que responsable du trésor de guerre nazi.
Durant sa retraite dorée, il s’est livré au trafic d’armes et aurait coordonné un réseau international de nazis. Il a été contacté par à peu près tous les services de renseignements mondiaux de la CIA au KGB en passant par le Mossad, comme il aimait s’en vanté.
En 1953, Skorzeny a été envoyé en Égypte par l’ancien général Reinhard Gehlen pour conseiller militairement le général Mohammed Naguib. Aux côtés de Skorzeny se trouvaient plusieurs anciens nazis, tels que Oskar Munzel, Leopold Gleim, Joachim Daemling et le docteur Hans Eisele, qui ont contribué à structurer les forces militaires et policières du pays, y compris la formation des premiers commandos palestiniens.
En 1963, le Mossad a découvert qu’un ancien subordonné de Skorzeny, H. Mann, avait été chargé de la sécurité des scientifiques allemands travaillant pour l’Égypte sur des projets d’armement non conventionnel, notamment la construction de fusées potentiellement menaçantes pour Israël. Le Mossad a tenté alors de recruter Skorzeny. Plus motivé par son anticommunisme que par l’antisémitisme, Skorzeny a accepté, en échange de la garantie que les Israéliens ne chercheront pas à le tuer par la suite.
Skorzeny aurait fait venir son ancien subordonné d’Égypte et lui aurait présenté deux agents du Mossad, les faisant passer pour des officiers de l’OTAN et ses amis. Grâce à Skorzeny, le Mossad a obtenu des informations précieuses sur la structure du programme de recherche égyptien et sur les scientifiques impliqués. Un certain nombre de ces scientifiques auraient ensuite disparu. Un article de la Jewish Telegraphic Agency en 1989 confirme cette collaboration.
L’échec du programme de recherche égyptien aurait marqué la fin de la collaboration de Skorzeny avec Israël. En 1970, il aurait cofondé avec Gerhard Hartmut von Schubert une organisation anticommuniste basée en Espagne, connue sous le nom du Paladin Group. Cette organisation est impliquée dans l’organisation d’attentats et le recrutement de mercenaires. Skorzeny meurt finalement d’un cancer en 1975.