La média Allemand Bunte relayé par Bild a révélé l’année dernière un dossier de la Wehrmacht appartenant à Waldemar Baerbock, grand-père de la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, qui ravivait le débat sur la transmission de la mémoire historique en Allemagne. Présenté comme un simple ingénieur militaire pendant la Seconde Guerre mondiale, l’homme apparaît désormais, selon les archives, comme un « national-socialiste convaincu », ayant lu Mein Kampf et totalement aligné avec l’idéologie nazie.
Révélés par Bild et initialement cités dans Bunte, les documents de la Wehrmacht évoquent un officier de carrière identifié comme un « national-socialiste inconditionnel », décrivant son attitude comme exemplaire sur le plan idéologique. Il aurait même été pressenti pour la croix du mérite de guerre avec glaives en 1944. Selon les archives fédérales allemandes, les dossiers du personnel militaire contiennent fréquemment des formulations du type : « adhère fermement à la vision du monde nationale-socialiste », « transmet la doctrine nationale-socialiste à ses subordonnés », ou encore « attitude nationale-socialiste irréprochable ».
Jusqu’à sa mort en 2016 à l’âge de 103 ans, Waldemar Baerbock était resté discret sur son passé. Ce n’est qu’à la fin des années 1990, à l’occasion de l’exposition sur les crimes de la Wehrmacht, qu’il aurait reconnu sobrement : « J’étais dans la Wehrmacht. » Il avait ensuite rédigé pour ses petits-enfants un livret familial, où il évoquait la guerre et l’exil, sans entrer dans les détails de son engagement politique.
Annalena Baerbock dans l’ignorance ?
Interrogée par Bild, la ministre des Affaires étrangères a déclaré, par le biais de son cabinet, ne pas avoir eu connaissance de ces documents. Une version présentée comme plausible par le média appartenant au groupe de presse Axel Springer SE, car le père d’Annalena Baerbock se serait longtemps heurté au silence obstiné de Waldemar Baerbock à propos de la guerre.
Pourtant, Annalena Baerbock avait souvent cité son grand-père dans ses discours, notamment lors d’une campagne sur le pont germano-polonais de Francfort (Oder), évoquant ce qu’il y avait vécu en 1945. L’émotion était palpable lorsqu’en janvier 2024, elle assistait à une cérémonie du Bundestag en mémoire des victimes du nazisme, bouleversée par le témoignage du journaliste Marcel Reif, lui-même enfant de survivant juif.
Une cible des médias russe
Le Kremlin n’a pas manqué d’exploiter cette filiation. Entre 2021 et 2022, les médias russes, dont RT-Deutsch, ont lancé une campagne visant à associer Baerbock à l’héritage idéologique de son grand-père. L’objectif : affaiblir son image et celle de l’Allemagne en Russie, en la dépeignant comme porteuse d’une « nouvelle croisade européenne » dans les pas de la Wehrmacht.
En 2022, RT Deutsch affirmait : « C’est à nous de nous assurer que son ‘combat’ et son ‘Europe’ n’aient rien en commun avec les idées de son grand-père, et que la réunification de l’Europe qu’elle célèbre n’advienne jamais, à la lumière des modèles historiques… »
Dans son livre Jetzt (Maintenant), Baerbock évoque brièvement son grand-père. Il y aurait laissé ce message à sa descendance : « Vous avez une chance incroyable de ne pas connaître la guerre. »
Le passé nazi de Waldemar Baerbock passé sous silence par OPEN AI
Une question reste en suspend, le passé nazi de Waldemar Baerbock est présenté sur des modèles d’IA générative tels que Chat GPT comme une désinformation, ce qui n’est pas sans poser la question de la régulation de ces modèles. Voici la réponse qui nous a été formulée lorsque nous avons questionné Chat GPT au sujet du passé nazi du grand père d’Annalena Baerbock :
« Aucune source sérieuse (journal, biographe, organisme de recherche) ne fait état d’un passé nazi actif ou d’un engagement dans des organisations comme la SS ou le NSDAP (le parti nazi) concernant les ascendants d’Annalena Baerbock. Conclusion : jusqu’à preuve du contraire, il est faux ou non fondé d’affirmer que le grand-père de Baerbock avait un passé nazi. Les affirmations contraires relèvent de la désinformation ou de la manipulation politique. »
Source : Bild.