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Suède : le procès de quatre néonazis révèle la face cachée d’une violence raciste enracinée

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Jugés pour des agressions racistes d’une brutalité extrême, quatre membres du groupe néonazi Aktivklubb Sverigemettent la Suède face à une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : la persistance d’une violence d’extrême droite qui gangrène le pays depuis des décennies.

Des saluts nazis, des insultes racistes, des coups portés “pour le plaisir”. Le procès qui s’est ouvert à Stockholm le 30 octobre bouleverse la Suède. Quatre jeunes hommes âgés de 20 à 23 ans, membres de l’organisation Aktivklubb Sverige (AKS), comparaissent pour une série d’agressions violentes à caractère raciste survenues en août dans la capitale.

Retour en arrière. Stockholm, nuit du 27 août. Quatre jeunes hommes membres de l’AKS, arpentent les rues après une soirée arrosée. L’un d’eux annonce la couleur sur un forum interne du mouvement : “We make niggas bleed blood”. Quelques heures plus tard, le quatuor s’en prend à un employé noir de 43 ans. Il est frappé au visage à coups de parapluie, roué de coups de poing et de pied, avant d’être insulté et dépouillé. “Ils riaient en me frappant”, racontera la victime.

Les violences s’enchaînent : un autre homme noir prend la fuite, un passant d’origine moyen-orientale est battu jusqu’à perdre connaissance, puis un jeune de 21 ans est agressé dans le métro. Sur les vitrines de Dior et Gant, les agresseurs taguent trois lettres en guise de signature : AKS.

Interpellés quelques jours plus tard, les quatre suspects nient les faits. Dans leurs cellules, ils gravent pourtant les symboles “SS” et “1488” — codes explicites du néonazisme. Le procureur Gustav Andersson évoque des “crimes de haine gratuits”, qualifiant leurs actes de “violence raciste d’agrément”, une expression empruntée au chercheur Christer Mattsson, expert de la radicalisation.

“Cette violence n’a pas de but politique : elle existe pour elle-même. C’est une mise en scène du pouvoir racial”, explique Mattsson au Dagens Nyheter.

Une idéologie mutante, mais intacte

Le groupe Aktivklubb Sverige incarne la nouvelle génération du suprémacisme suédois. Issu des White Boys Stockholm et héritier du Mouvement de résistance nordique (NMR), il mêle culte du corps, virilisme et haine raciale sous couvert d’entraînement sportif. “Trop rigide, le NMR n’attirait plus les jeunes. L’AKS a trouvé le ton : plus souple, plus moderne, mais tout aussi violent”, analyse Mattsson, directeur de l’Institut Segerstedt.

Ces actes ne sont pas isolés. La Suède traîne une histoire sanglante de violences néonazies : le meurtre du jeune John Hron en 1995, l’assassinat du syndicaliste Björn Söderberg en 1999, les tueries racistes de Malmö dans les années 2000 ou encore l’attaque de l’école de Trollhättan en 2015.
Pourtant, souligne le Dagens Nyheter, ces drames disparaissent rapidement de la mémoire collective.

Un miroir pour la démocratie suédoise

Le procès d’Aktivklubb Sverige dépasse le cadre judiciaire. Il interroge la tolérance silencieuse d’une société qui refuse de voir la persistance de la haine raciale en son sein.

À l’approche des législatives de 2026, alors que les débats sur l’immigration divisent le pays, ce procès agit comme un rappel brutal : la violence d’extrême droite ne relève pas du passé, elle s’adapte, recrute, frappe encore.

Sources :
Dagens Nyheter – Le procès de quatre néonazis confronte la Suède à ses violences d’extrême droite (30 octobre 2025) – dn.se
Courrier international – Traduction et analyse (30 octobre 2025) – courrierinternational.com

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