Lors de la Conférence internationale pour l’intégrité de l’Information et les médias indépendants qui s’est déroulée hier, le président Emmanuel Macron a vivement critiqué la plateforme X (ex-Twitter), qu’il accuse de favoriser la désinformation et les contenus d’extrême droite. Il appelle à un “agenda européen de protection et de régulation” face aux dérives des réseaux sociaux et aux ingérences étrangères.
Le président Emmanuel Macron a pointé du doigt, jeudi 30 octobre, le rôle jugé néfaste du réseau social X, propriété d’Elon Musk, dans la propagation de contenus extrémistes et la désinformation. “Sur le réseau social X, si vous ne tombez pas immédiatement sur des contenus d’extrême droite, c’est que vous êtes mal organisés”, a-t-il déclaré, devant le Forum de la Paix, organisé à Paris et consacré à la gouvernance mondiale.
🇫🇷🇺🇸 FLASH | Emmanuel Macron s’en prend à Elon Musk et à X : "Ouvrez aujourd’hui X, si vous ne tombez pas immédiatement sur des contenus d’extrême droite, c’est que vous êtes mal organisé".pic.twitter.com/a0F6qX2lBO
“On a fait n’importe quoi. On a totalement tort d’aller s’informer là-dessus”, a poursuivi le chef de l’État, appelant à “reprendre le contrôle de notre vie démocratique et informationnelle”.
« Un système qui maximise l’excitation et la haine »
Pour Emmanuel Macron, les grandes plateformes numériques comme X sont devenues des “machines à trafic” qui exploitent l’émotion et les divisions :
“Ces plateformes sont faites pour vendre de la publicité individualisée. Elles sont muses par un processus d’excitation maximale qui crée du trafic, détruisant tout rapport à la vérité ou à l’argumentation.”
Le président estime que ce modèle économique mine “l’ordre de mérite” sur lequel reposent les démocraties. Selon lui, la recherche de viralité prime désormais sur la fiabilité de l’information : “Tout l’ordre de vérité est mis en l’air.”
« L’ingérence sous stéroïdes »
Emmanuel Macron a également alerté sur le rôle des ingérences étrangères, notamment russes, dans la manipulation de l’information en ligne :
“Aujourd’hui, les plus gros acheteurs de faux comptes, ce sont les Russes. Ils cherchent à déstabiliser les démocraties européennes. Nous sommes dans l’ingérence sous stéroïdes.”
🇫🇷🇷🇺 FLASH | "Les plus gros acheteurs de faux comptes de X (anciennement Twitter) et compagnie, ce sont les Russes pour venir déstabiliser les démocraties européennes. Formidable cocktail !", lance Emmanuel Macron.pic.twitter.com/zVrK2Jlmnahttps://t.co/YIMCHmsvqn
Un “agenda européen de protection et de régulation”
Face à cette situation, le chef de l’État plaide pour un nouvel agenda de régulation numérique à l’échelle européenne, inspiré du Digital Services Act (DSA), déjà en vigueur depuis 2024.
“Nous allons porter un agenda beaucoup plus puissant de protection et de régulation en Europe”, a-t-il déclaré, tout en insistant sur la nécessité de “préserver l’innovation”.
Il appelle à soutenir des acteurs publics et éthiques du numérique, offrant des “infrastructures libres” capables de concurrencer les plateformes privées dominantes. “Je crois profondément dans l’innovation, mais pas dans celle qui sert les lumières noires”, a insisté Emmanuel Macron, en référence à une technologie dévoyée par les logiques de pouvoir, de haine ou de propagande.
“Reprendre la main sur notre environnement informationnel, ce n’est pas censurer : c’est protéger la démocratie”, a conclu le président.
Ces déclarations interviennent pourtant après la publication d’un rapport de l’ONG Civilisation Works accusant la France d’avoir mis en place un système de censure au niveau européen.