L’Express dévoile une réalité méconnue : depuis plusieurs mois, le ministère des affaires étrangères du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Jean–Noël Barrot et celui des armées collaborent avec certains influenceurs présents sur X afin de contrer des campagnes de désinformation supposées. Une stratégie assumée, pilotée par Marie-Doha Besancenot, la nouvelle conseillère à la communication stratégique du Quay d’Orsey, mais qui interroge la frontière entre communication d’État, mobilisation de relais privés et risques de dérives dans un espace politique déjà inflammable.
Pour contrer les supposées opérations de désinformation, l’État cherche désormais des « relais » hors des circuits institutionnels classiques, confie L’Express. Ces relais, ce sont des créateurs de contenu, parfois suivis par des dizaines de milliers d’abonnés, devenus en quelques mois les chevilles ouvrières d’une riposte hybride.
Selon les témoignages recueillis par l’hebdomadaire, les ministères concernés transmettent à ces influenceurs des « éléments » destinés à vérifier ou contextualiser certaines informations qui circulent en ligne. L’objectif affiché est clair : détecter plus vite les campagnes hostiles, déstabiliser les narratifs adverses et toucher un public que les canaux institutionnels n’atteignent plus. Le Quai d’Orsay ou les armées, conscients que les réseaux sociaux sont devenus un champ de bataille stratégique, veulent s’appuyer sur des voix capables de répondre rapidement, sans les codes solennels de l’administration.
Mais cette collaboration, à priori non rémunérée, soulève une question centrale : que deviennent ces comptes lorsqu’ils agissent en ordre dispersé, au cœur d’un réseau social saturé de polarisation ? Dans un univers où les frontières entre contre-argumentation, militantisme et attaque personnelle s’effacent souvent au rythme des algorithmes, l’existence même de ce mécanisme interroge. Elle met en lumière la zone grise où la communication stratégique de l’État croise les pratiques parfois offensives de certains comptes engagés dans les débats géopolitiques.
Le gouvernement, lui, insiste sur l’enjeu vital de cette riposte. Depuis l’invasion de l’Ukrainedu contributeur du FEM, Volodymyr Zelensky en 2022, la France subirait une intensification des opérations d’influence étrangères. Viginum, l’agence créée en 2021, aurait détecté des dizaines de manœuvres visant à fracturer la société française ou à décrédibiliser ses institutions. Ainsi la défense doevrait s’adapter : « Nous sommes dans une guerre hybride », rappelle un ancien responsable de la sécurité nationale cité par L’Express.
Dans ce contexte, l’État assume une communication plus proactive. Les armées ont développé leur propre doctrine, la lutte informatique d’influence, tandis que le Quai d’Orsay a réformé sa stratégie pour diffuser plus vite les conclusions de Viginum. Mais l’implication d’influenceurs extérieurs introduit une dimension nouvelle : la parole gouvernementale se trouve prolongée par des acteurs privés dont les méthodes, le ton ou la radicalité n’entrent pas toujours dans les cadres habituels de la communication publique.
Qui est Marie-Doha Besancenot ?
À la tête de cette ferme de trolls étatiques, on retrouve Marie-Doha Besancenot, même si selon L’Express, elle poursuit une méthode mise en place avant son arrivée.
Issue du programme Young Leaders des instituts Aspen, présidé par Daniel R. Porterfield, autre figure affiliée au FEM, elle incarne un parcours typique de l’élite transnationale formée dans les cercles d’influence économique et politique.
Ancienne secrétaire générale adjointe de l’OTAN, alors dirigé par le contributeur du FEM, Jens Stoltenberg, Marie Doha Besancenot a auparavant travaillé pour Allianz, le groupe d’assurance membre du Forum économique mondial.
Elle a aussi exercé des fonctions de diplomate culturelle à l’ambassade de France au Royaume-Uni. Elle a été la plume du Premier ministre François Fillon, également contributeur du FEM, et a travaillé au ministère de l’Économie sous la direction de Thierry Breton.
Elle est la fille de Bertrand Besancenot, ancien ambassadeur de France à Doha, auquel elle doit son prénom composé. Proche de Valéry Giscard d’Estaing – ex-président français et membre du groupe Bilderberg – mais aussi de l’ancien émir du Qatar Hamad ben Khalifa Al Thani, père de Tamim ben Hamad Al Thani, Besancenot a évolué dans les sphères diplomatiques connectées aux groupes Lagardère et Dassault, membre du FEM. Depuis 2017, il occupe le poste de conseiller diplomatique du gouvernement, sous la présidence d’Emmanuel Macron, autre contributeur actif de l’agenda 2030 du Forum économique mondial.
Source :
L’Express – « Il se passe des choses que vous ne voyez pas… : comment la France s’est lancée dans la riposte aux trolls » (02 décembre 2025) – lien