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Marine Le Pen au JT de TF1. Image : Capture d'écran TF1.

Marine Le Pen condamnée à l’inéligibilité : Un coup d’arrêt pour la présidentielle 2027 ?

Condamnée à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, Marine Le Pen pourrait être contrainte de renoncer à l’élection présidentielle de 2027. Retour sur les enjeux politiques, judiciaires et internes au Rassemblement national.

Lundi 31 mars 2025, le tribunal correctionnel de Paris a reconnu Marine Le Pen coupable de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national. Elle écope de quatre ans de prison, dont deux ans ferme, d’une amende de 100 000 euros, et surtout d’une peine de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, ce qui rend très incertaine sa candidature à l’élection présidentielle de 2027.

Une exécution immédiate aux conséquences politiques directes

Contrairement à d’autres prévenus, la peine d’inéligibilité prononcée contre Marine Le Pen est immédiatement exécutoire, ce qui signifie qu’elle ne pourra se présenter à aucune élection tant que la procédure d’appel n’aura pas abouti — ce qui pourrait s’étendre au-delà de 2027 en raison de l’encombrement des tribunaux.

Jordan Bardella, successeur naturel ?

Même si elle conserve son mandat de députée, cette décision met un coup d’arrêt brutal à ses ambitions présidentielles, laissant le champ libre à Jordan Bardella, président du Rassemblement national, qui s’était rendu le 15 février au Cercle de l’union interalliée à l’invitation d’une obédience maçonnique, pour porter les couleurs du parti.

Présenté comme son dauphin depuis plusieurs années, Jordan Bardella est désormais en position de force pour devenir le candidat du RN en 2027. Il jouit d’une forte popularité auprès des sympathisants, mais devra surmonter les doutes internes sur son expérience et sa ligne idéologique, jugée trop libérale et identitaire par certains cadres du parti.

La réaction de Marine Le Pen

Marine Le Pen dénonce une justice politique, parlant d’un « acharnement » et d’une tentative de « mort politique ».

Invitée au JT de TF1, elle a dénoncé une « décision politique » de la part de la présidente du tribunal, visant à l’« empêcher de (s)e présenter et d’être élue à l’élection présidentielle »de 2027. « L’Etat de droit a été totalement violé par la décision qui a été rendue », a-t-elle dénoncé, estimant que d’ordinaire, lorsque l’on fait appel, « l’appel est suspensif » de la condamnation. Selon la cheffe de file des députés RN, la présidente du tribunal « obéit à une consigne, à un ordre, à un climat ».

Marine Le Pen a qualifié sa condamnation de « jour funeste» pour la démocratie française « où des millions de francais vont être privés par un juge de première instance, sans recours possible, de la candidate qui est aujourd’hui donnée comme étant la favorite de l’élection présidentielle. »

« Des juges ont mis en place des pratiques que l’on croyait réservées à des régimes autoritaires », a-t-elle dénoncé.

Marine Le Pen a estimé que le procès des assistants parlementaires est fondé sur « un désaccord administratif avec le Parlement européen ».

Les réactions de l’extrême droite

Jordan Bardella, dans une lettre aux militants, évoque une « persécution judiciaire » visant une femme « intègre ».

Sur X (anciennement Twitter), Éric Ciotti, président du groupe Union des droites pour la République à l’Assemblée nationale et allié de la députée RN lors des dernières législatives, a lancé : « La France est-elle encore une démocratie ? » Dans un second message, il a dénoncé une « cabale judiciaire indigne » qui, selon lui, « confisque le destin démocratique de notre nation ».

L’eurodéputée, Marion Maréchal a également pris la parole sur les réseaux sociaux. « Des juges se pensant au-dessus du peuple souverain ont décidé d’exécuter dans un tribunal celle qu’ils n’ont jamais pu faire reculer dans les urnes », a-t-elle écrit.

Réactions politique en France

Prisca Thevenot a nié « tout dénis de démocratie ». « À partir de combien dans les sondages on estime qu’on est au dessus des lois ? Nous sommes des citoyens comme les autres », a-t-elle réagi.

Selon Le Parisien, le premier ministre François Bayrou se serait dit « troublé par le jugement », tout en affirmant ne pas vouloir commenter la décision de justice.

Une réaction qui a fait vivement réagir Olivier Faure. Le premier secrétaire du Parti socialiste a dénoncé sur X : « Visiblement, le respect de la loi, l’État de droit et la séparation des pouvoirs ne sont plus à l’ordre du jour au gouvernement. Marine Le Pen a été condamnée. Mais elle peut faire appel. Elle demeure députée. Et le RN sera bien présent en 2027. »

Sur BFMTV, Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine, a jugé la décision de justice « très lourde et exceptionnelle », ajoutant : « Il n’est pas sain qu’une élue soit interdite de se présenter à une élection dans une démocratie. »

Quant à François-Xavier Bellamy, eurodéputé Les Républicains, il a parlé d’un « jour très sombre pour la démocratie française », dénonçant une « interférence majeure dans notre vie démocratique ».

Réactions internationales

Le vice-premier ministre italien, Matteo Salvini, a fustigé la « déclaration de guerre de Bruxelles ». Le premier ministre de Hongrie et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Viktor Orban , a publié un message sur X dans lequel il affirme : «Je suis Marine»

En Espagne, le parti d’extrême droite Vox a également réagi. Son leader, Santiago Abascal, a déclaré : « Ils ne réussiront pas à faire taire la voix du peuple français ». Fin février, il avait rassemblé à Madrid les dirigeants des partis nationalistes européens alliés au sein du groupe parlementaire « Patriotes pour l’Europe » au Parlement européen.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’est offusqué lors d’une conférence de presse que «de plus en plus de capitales européennes empruntent la voie de la violation des normes démocratiques», tout en assurant que la Russie «ne veut pas s’ingérer dans les affaires intérieures de la France».

Outre-atlantique, Elon Musk a publié un court message sur X :  «Lorsque la gauche radicale ne peut pas gagner par le vote démocratique, elle abuse du système judiciaire pour emprisonner ses opposants ». « C’est leur manuel de jeu standard dans le monde entier.» 

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