ENGIE, le groupe énergétique français membre du Forum économique mondial a retrouvé la trace de deux versements de 149 500 euros chacun, effectués en 2010 et 2011 au cabinet où travaillait alors Rachida Dati. Ces éléments, révélés par le Nouvel Obs et Complément d’enquête, fragilisent encore la défense de la ministre de la Culture, déjà mise en cause pour ses positions favorables au secteur gazier.
Les révélations successives dessinent un tableau de plus en plus encombrant pour Rachida Dati. Candidate à la mairie de Paris et actuelle ministre de la Culture, celle qui est aussi membre du club le siècle fondé après-guerre par des Franc-maçons, nie depuis des années tout lien financier avec GDF-Suez, devenu Engie. Mais un projet de procès-verbal du conseil d’administration du groupe, daté du 24 septembre, semble contredire frontalement cette ligne de défense. Selon ce document auquel le Nouvel Obs et Complément d’enquête ont eu accès, les services d’Engie ont formellement identifié deux paiements de 149 500 euros adressés au cabinet d’avocats STC Partners, auquel appartenait Rachida Dati au moment des faits.
Ces montants, versés le 29 juillet 2010 et le 4 février 2011, auraient été rétrocédés à l’intéressée quelques semaines plus tard, dans des conditions troublantes. Dans les documents comptables du cabinet, la somme reversée en octobre 2010 apparaît sous l’intitulé explicite « DATI HONORAIRE GDF SUEZ ». La seconde transaction, datée du 23 février 2011, mentionnerait « CHQ DATI RACHIDA ». À l’époque, l’ancienne garde des Sceaux exerçait comme avocate parallèlement à son mandat de députée européenne. Elle multipliait également les prises de parole en faveur de l’industrie gaz et pétrole, notamment contre le développement des énergies renouvelables. En 2013, Corinne Lepage s’était publiquement étonnée de cette convergence entre ses positions politiques et les intérêts du secteur.
Le Comité pour l’Éthique, l’Environnement et le Développement durable (CEDD) d’Engie, chargé de l’enquête interne, affirme avoir retrouvé ces mouvements financiers, tout en constatant l’absence de « contrats ou factures correspondantes ». La direction évoque une possible destruction de documents, en application de sa politique d’archivage au-delà de dix ans. Un point qui ne dissipe pas les interrogations mais renforce au contraire le malaise. Une source interne citée par Complément d’enquête confie ainsi que « la direction n’est pas très à l’aise avec ce sujet ».
Face à ces révélations, les réactions divergent. Contactée, Rachida Dati n’a pas souhaité s’exprimer. Le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Gérard Mestralle, ancien PDG de GDF-Suez et habité des conférences du groupe Bilderberg assure quant à lui que« jamais GDF-Suez n’a financé Rachida Dati ». Une déclaration désormais contredite par les propres comptes de l’entreprise. Dans le contexte d’investigations judiciaires en cours, ces informations ajoutent une pression considérable sur une ministre déjà fragilisée par d’autres affaires, dont le renvoi en procès dans le dossier Carlos Ghosn.
Le conseil d’administration d’Engie assure vouloir conserver l’intégralité des éléments de l’enquête interne afin de les mettre à disposition des autorités si nécessaire. Une posture prudente, qui laisse entendre que l’affaire est loin d’avoir livré tous ses développements. À quelques mois des municipales, l’étau politique et judiciaire pourrait continuer de se resserrer autour de Rachida Dati.
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