L’élection de Donald Trump en tant que 47e président des États-Unis réjouit les populistes du monde entier. Cependant, en France, le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen adopte une approche plus prudente. Selon The Independent, le succès de Trump pourrait inspirer les partis populistes européens à imiter certaines de ses stratégies. Mais contrairement à 2016, Marine Le Pen et son premier lieutenant, Jordan Bardella, restent discrets, note la presse étrangère.
Bien que certains analystes anticipent un renforcement de l’audience populiste en France, The Washington Post, propriété de Jeff Bezos et Voice of America, propriété de l’Etat américain, notent que Marine Le Pen et Jordan Bardella se montrent moins enthousiastes qu’en 2016.
La première a adressé ses « voeux de succès à Donald Trump » sur X (anciennement Twitter) suite à sa réélection appelant de ses voeux un « renforcement des relations bilatérales » entre la France et les Etats-unis, ainsi, que « la poursuite d’un dialogue et d’une coopération constructive sur la scène internationale ».
Le second, s’est également montré inspiré par cette victoire de Trump, enjoignant les patriotes à engager « un sursaut », mais sans chanter les louanges du nouveau président américain.
À une semaine des élections présidentielles américaines, Bardella avait déjà à fini par exprimer son soutien au candidat républicain, sur le plateau de Telematin diffusé sur France 2, après avoir commencé par faire de la langue de bois.
La prudence de Marine Le Pen face à une figure controversée en France
Cette prudence pourrait s’expliquer par la perception très polarisée de Trump en France, où il reste une figure controversée, selon les médias américains. The Washington Post souligne que tout rapprochement trop appuyé avec le président américain pourrait nuire à l’image de Le Pen, en raison de la mauvaise image de Trump en France, de l’antiaméricanisme latent et de la russophilie que certains associent au RN. Voice of America remarque également que les Français partagent avec les Américains des préoccupations sur le coût de la vie et l’immigration, des thèmes centraux dans les campagnes de Trump et du RN, mais que “Trump demeure très controversé en France”.
Un désir de respectabilité face aux élections européennes
La modération affichée par Marine Le Pen pourrait également découler de sa stratégie de « dédiabolisation » visant à rendre le RN plus acceptable pour l’électorat général. The Spectator l’hebdomadaire britannique proche des conservateurs et du Forum économique mondial, rappelle qu’en 2017, Le Pen s’était rendue à la Trump Tower pour tenter d’y rencontrer Trump, mais que cette relation s’est distendue, notamment après les émeutes du Capitole en 2021. Aujourd’hui, dans un souci de respectabilité, elle se distance de Trump alors qu’elle vise les élections européennes de 2024 et la présidentielle française de 2027.
Un pari risqué pour 2027 ?
Ce positionnement, bien que stratégique, pourrait jouer contre Le Pen, selon The Spectator, cette démarche pourrait décevoir ses électeurs les plus engagés, qui pourraient la percevoir comme faisant partie du « système » qu’ils rejettent. Contrairement à Trump, qui se soucie peu de l’opinion publique, Le Pen semble être plus attentive à son image. Cependant, cette prudence pourrait nuire à son attrait auprès de l’électorat populiste en quête de leaders audacieux.
