Lors de son intervention à BFM Politique ce dimanche, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a détaillé les raisons de la mobilisation agricole qui débute cette semaine. Entre urgence économique, incompréhensions avec les pouvoirs publics et inquiétudes liées à l’accord de libre-échange Mercosur, le leader du premier syndicat agricole français a dressé un tableau alarmant de la situation de l’agriculture nationale. Il a également réaffirmé son opposition catégorique à une Europe trop permissive face aux importations agricoles.
Dès ce lundi, des actions symboliques et locales auront lieu dans 80 départements, principalement devant des préfectures et sous-préfectures. Arnaud Rousseau insiste sur la nécessité d’attirer l’attention des pouvoirs publics et des Français, tout en évitant de bloquer les routes ou d’entraver les déplacements. « Nous voulons prendre les Français à témoin de l’urgence dramatique dans laquelle se trouve l’agriculture française, sans pour autant perturber leur quotidien », a-t-il déclaré.
Cependant, il a reconnu que la colère monte parmi les agriculteurs, certains n’excluant plus des actions plus fermes si aucune réponse n’est apportée à leurs revendications.
Un secteur fragilisé par des crises multiples
Le président de la FNSEA a rappelé que les agriculteurs traversent une crise sans précédent. Les mauvaises récoltes de l’été 2024, notamment la plus faible récolte de blé depuis 40 ans, des vendanges en baisse de 25 % en moyenne, ainsi que des problèmes sanitaires dans l’élevage, ont mis de nombreuses exploitations en difficulté. Selon Arnaud Rousseau, « entre 15 % et 20 % des exploitations françaises pourraient disparaître rapidement si rien n’est fait ».
À cela s’ajoute un sentiment de trahison après les promesses non tenues du gouvernement. Les aides annoncées en début d’année, comme les prêts de trésorerie, ne se sont pas concrétisées. « Pas un centime n’a été versé », a dénoncé Arnaud Rousseau, pointant du doigt une lenteur administrative insupportable pour des exploitants au bord de la faillite.
L’accord Mercosur : une menace pour l’agriculture française
Arnaud Rousseau a également dénoncé l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Il redoute une concurrence déloyale avec des produits agricoles ne respectant pas les normes européennes, comme la viande produite avec des hormones de croissance.
« Cet accord agricole tel qu’il est proposé, c’est non. Nous ne voulons pas d’une agriculture importée qui ne respecte pas nos standards », a-t-il martelé. Il a appelé à une mobilisation européenne, soulignant que des syndicats agricoles d’Allemagne, d’Espagne et d’Italie partagent cette opposition.
Revendications claires et volonté de dialogue
Arnaud Rousseau demande une prise en compte rapide des priorités agricoles. Conçernant le revenez des
- Revenu des agriculteurs : garantir une rémunération équitable et sanctuariser le coût de la matière première.
- Simplification administrative : alléger les normes et les contrôles jugés excessifs.
- Protection face à la concurrence : instaurer des mesures fortes pour protéger les productions françaises des importations déloyales.
Il a également salué la volonté affichée du Premier ministre Michel Barnier d’agir en faveur des agriculteurs, tout en regrettant que les résultats concrets se fassent attendre.
Alors que les agriculteurs français entament une mobilisation nationale, Arnaud Rousseau prévient : « L’urgence est telle que nous ne pouvons plus attendre ».