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Mike Benz lors de la conférence sur l'Histoire de l'Etat profond qui s'est déroulée au mois de septembre au Hillsdale College. Image : Capture d'écran.

USA : L’histoire de l’État profond selon Mike Benz, directeur de la Fondation pour la liberté en ligne

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Lors d’une conférence organisée en septembre dernier au Hillsdale College, dans le Michigan, Mike Benz, directeur de la Fondation pour la liberté en ligne, a livré une analyse approfondie sur l’Histoire de l’« État profond » américain et de son influence sur la politique mondiale. Selon Benz, cette structure complexe et opaque, issue de la fin de la Seconde Guerre mondiale, vise à projeter la puissance américaine au-delà de ses frontières, en utilisant des outils de renseignement et des opérations secrètes.

Les origines de l’État profond

Benz a débuté son exposé en situant l’origine de cet État de renseignement en 1948, l’année où les États-Unis adoptèrent le Conseil national de sécurité 10-2, un texte autorisant la Central Intelligence Agency (CIA) à mener des opérations secrètes à travers le monde. À l’époque, le contexte politique mondial eétait tendu, et les États-Unis cherchèrent à contrecarrer l’influence communiste, notamment en Italie, où la CIA a investi massivement pour influencer les élections.

De la guerre politique à un système de contrôle

Pour Benz, l’État du renseignement s’est étendu bien au-delà de son rôle initial, jusqu’à devenir un système de contrôle de masse. En Italie, par exemple, des fonds américains ont été utilisés pour financer des églises, des syndicats et même la mafia, afin de soutenir des candidats pro-américains. Cette approche, selon lui, illustre comment le renseignement américain a progressivement intégré et contrôlé divers aspects de la société civile – des médias aux organisations religieuses.

Le rôle controversé de la CIA et la montée de la « guerre politique »

La CIA, initialement chargée de fournir des renseignements et de soutenir la politique étrangère, s’est transformée, selon Benz, en une force redoutable, utilisant des stratégies psychologiques pour influencer l’opinion publique mondiale. Benz cite le célèbre mémorandum de George Kennan, qui, dès 1948, plaide pour l’utilisation d’une « guerre politique » pour promouvoir les intérêts américains, à une époque où la guerre physique est devenue moins acceptable. La CIA a ainsi développé des réseaux d’influence à l’échelle mondiale, les fameuses cellules stay-behind, les réseaux clandestins coordonnés par l’OTAN pendant la guerre froide, un dispositif qui allait durer des décennies et influencer des dizaines de pays.

D’une opération militaire à un empire médiatique

Au fil des ans, les États-Unis ont consolidé un empire médiatique à travers des initiatives comme Voice of America, Radio Free Europe et d’autres médias financés par la CIA. Benz explique que le contrôle des informations et la manipulation de l’opinion publique sont devenus des piliers de la stratégie américaine pour maintenir son influence. Le directeur de la CIA à l’époque, Frank Wisner, décrivait même ce réseau d’influence comme un « piano Wurlitzer », indiquant sa capacité à orchestrer des messages à travers le monde en faveur des intérêts américains.

La transformation de l’État du renseignement à l’ère moderne

Depuis les années 1970, divers scandales liés aux activités de la CIA et du FBI ont entraîné des réformes, notamment les audiences de la Commission Church, qui ont révélé les abus de pouvoir des agences de renseignement. Ces réformes ont tenté de mettre un frein aux opérations de contrôle domestique, mais pour Benz, le système de renseignement américain a survécu en intégrant les technologies modernes et en consolidant ses relations avec des entreprises privées.

Un système en tension avec le populisme contemporain

Enfin, Benz conclut en reliant ces stratégies historiques aux enjeux actuels. Il estime que le principal défi pour l’État du renseignement est aujourd’hui le populisme. Selon lui, les structures de renseignement voient dans le populisme une menace similaire à celle du communisme autrefois, car il remet en question l’ordre établi. Cette méfiance envers le populisme pousse l’État du renseignement à adapter ses méthodes pour neutraliser cette opposition interne.

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