La Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC), une association catholique fondée au XXe siècle, a évolué pour devenir une organisation internationale reconnue, la JOCI. Cette organisation, étroitement liée au Vatican et aux Nations unies, a étendu son influence dans près de cinquante pays, y compris en République démocratique allemande (RDA) et dans d’autres nations européennes sous influence soviétique. En 2021, la JOCI a retrouvé des archives témoignant de son activité en Europe de l’Est et a interviewé Norbert Kollenda, qui a occupé des postes de direction au sein de la JOC en RDA de 1970 à 1981.

Dans ses révélations, Norbert Kollenda partage ses expériences et observations sur les activités de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne en RDA. Il souligne le faible engagement dans un pays où seulement 10 % des nouveau-nés étaient baptisés en 1970. Selon lui, « il n’y avait pratiquement pas de jeunes apprentis ou ouvriers dans les paroisses, ce qui s’appliquait également aux congrégations protestantes ».
Kollenda décrit la RDA comme une région principalement diasporique pour la JOC, confrontée à des défis uniques en raison du régime communiste et de la surveillance constante de la Stasi. Il explique comment, malgré ces restrictions, de petits groupes de jeunes ouvriers chrétiens se formaient grâce à des initiatives paroissiales, des camps d’été et des réunions à domicile. Cependant, l’organisation devait naviguer dans un environnement où l’Église catholique, bien qu’opposée au régime, faisait parfois des compromis avec l’État.

À partir de 1969, la JOCI a chargé Norbert d’explorer les possibilités d’étendre la JOC à d’autres pays socialistes tels que la Tchécoslovaquie et la Pologne. Kollenda s’est concentré sur la Pologne en raison de sa connaissance de la langue. « Il y avait des groupes de la JOC en Haute-Silésie », précise-t-il. « Il y avait aussi des contacts en Tchécoslovaquie, mais j’étais plus enclin à soutenir les membres de l’église clandestine qui étaient familiers avec la méthode CAJ. En Tchécoslovaquie, l’Église était soumise à une surveillance rigoureuse ».
Il mentionne également que « Les groupes de la JOC en Haute-Silésie ont été jugés puis interdits. Ces groupes n’avaient pas reçu l’approbation des évêques. Certains prêtres ont même émis des déclarations discriminatoires contre les tendances politiquement hostiles au sein de la JOC. »

En 1980, la conférence épiscopale de la RDA a interdit la JOC. Kollenda explique que l’organisation a conservé un minimum de documents pour éviter la détection. Pour les contacts avec l’Occident, « les communications se sont faites par le biais de contacts individuels à Bruxelles » ou « à Berlin, où résidaient ses parents », selon lui. Après l’interdiction de la JOC, Kollenda a connu une période de transition avant de travailler comme infirmier.
Après cette expérience, Kollenda estime que pour établir avec succès une JOC dans un pays, « il est essentiel d’inclure les migrants locuteurs de la langue nationale ».