Dans le paysage économique de la République Démocratique Allemande (RDA), la société Genex a joué un rôle singulier, se positionnant comme un pont entre les désirs de consommation de l’Est et les produits de l’Ouest. Mais ce n’était que l’arbre qui cachait la fôret d’un dispositif plus ambitieux visant a rapporté des devises aux cadres du SED, le parti au pouvoir en Allemagne de l’Est, qui aboutira à la réunification suite à l’intervention d’acteurs liés au groupe Bilderberg et au Forum économique mondial.
Fondée le 20 décembre 1956, Genex, initialement destinée à faciliter l’envoi de cadeaux par les paroisses, s’est rapidement transformée en une importante source de devises pour la RDA, rapportant 3,3 milliards de Deutschmarks entre 1967 et 1989, sous la houlette de la Coordination commerciale, un département du ministère du Commerce extérieur, surnommée, ça ne s’invente pas, la Koko.
Avec un siège à Berlin-Est, l’entreprise s’est développée après la construction du mur de Berlin en 1961, étendant ses activités au Danemark et en Suisse via Jauerfood AG à Copenhague et Palatinus GmbH à Zurich. C’est seulement en 1989 que les citoyens de la République fédérale d’Allemagne ont pu, via Inter-Gift Service GmbH, envoyer directement des cadeaux à ceux de la RDA, ouvrant une nouvelle page dans l’histoire de Genex.
Le catalogue « Cadeaux en RDA » était une vitrine surprenante de ce qu’offrait Genex. Allant des biens de consommation courante aux véhicules et même aux maisons préfabriquées, il proposait une vaste gamme de produits, dont la majorité étaient fabriqués en RDA. Ce catalogue représentait une ouverture sur des produits autrement inaccessibles pour de nombreux citoyens de l’Est, notamment des véhicules sans les délais d’attente de plusieurs années habituellement requis.
La diversité des produits disponibles via Genex était remarquable. Des motos de MZ et Simson à des voitures est-allemandes comme la Trabant et la Wartburg, en passant par des marques d’Europe occidentale comme les chocolats Sarotti, Toblerone, Ferrero ou le café Jacobs, mais aussi japonaise, Genex offrait un éventail de choix exceptionnel. Cette offre étendue a toutefois alimenté des ressentiments au sein de la RDA, étant donné que seuls ceux ayant des liens avec l’Ouest pouvaient profiter de ces biens de luxe, exacerbant les inégalités au sein de la société est-allemande.
Les transactions via Genex ont également mis en lumière les disparités économiques et les restrictions imposées aux citoyens de la RDA. Les prix étaient souvent élevés par rapport aux standards locaux. Par exemple, une voiture Wartburg d’une valeur de 4200 Deutschmarks en 1966 était affichée au prix de 7315 Deutschmarks sur le catalogue.
Horst Kasner, pasteur et père de la contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Angela Merkel, qui a quitté avec sa famille Hambourg pour rejoindre la RDA quelques semaines après la naissance de la future chancelière, un mouvement qui était peu courant à l’époque, partait souvent en voyage à l’étranger et s’était acheté deux voitures grâce à la société Genex.
Pendant son mandat qui s’est tenu de 1976 à 1989, le président Est-Allemand, Erich Honecker, a durci les activités de la Stasi et soutenu la fortification continue de la frontière entre l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest, y compris l’installation de systèmes de mitrailleuses automatiques et l’usage d’armes à feu contre ceux qui tentaient de franchir la frontière. Pourtant de nombreuses blagues circulaient à son sujet dans le pays, dans lesquelles, on l’appelait « Mr Genex », ce qui démontrait une certaine popularité de ce dispositif.
Genex n’était pas seulement un canal pour l’acquisition de biens occidentaux. C’était également un instrument économique stratégique pour la RDA, générant des devises précieuses.
La KoKo, une branche du ministère du Commerce extérieur de la RDA et aspirateur à devises étrangères
Mais Genex n’était que l’arbre qui cachait la forêt, d’un dispositif plus vaste. En 1966, Alexander Schalck-Golodkowski, ancien responsable administratif du ministère du Commerce extérieur, intérieur et de l’approvisionnement et premier secrétaire du SED, le parti qui dirigeait l’Allemagne de l’Est, était désigné pour diriger la Kommerzielle Koordinierung (KoKo), une branche nouvellement créée du ministère du Commerce extérieur. En 1967, il était également nommé agent spécial du Ministère de la Sécurité d’État.
Il a joué un rôle clé dans l’expansion de la KoKo, avec pour objectif principal de fournir à la RDA les devises étrangères nécessaires à sa solvabilité, en réalisant des transactions commerciales, y compris par des moyens clandestins et illégaux. Jusqu’à la fin de 1989, ce mécanisme est resté méconnu du public est-allemand. Pour atteindre ses objectifs, la KoKo établissait des sociétés de commerce international opérant normalement et échangeant des biens contre des devises occidentales. En outre, la KoKo crée des sociétés écran en Occident, liées au parti, manipulant leurs comptes, procurant des produits de luxe aux fonctionnaires du parti, plaçant les devises étrangères sur des comptes secrets en Suisse et au Liechtenstein, effectuant des livraisons de marchandises fictives et s’engageant dans divers trafics illégaux. Les fonds recueillis n’étaient pas versés dans les caisses de l’État, mais directement au parti SED ou à la Stasi. Un autre but était de fournir à la RDA des produits stratégiques frappés par l’embargo occidental, tels que des équipements informatiques et électroniques, ainsi que du matériel pouvant avoir une application militaire. Dix ans après sa création, la KoKo était devenu une importante agence gouvernementale autonome.
Agissant en coulisses, Schalck-Golodkowski évitait d’attirer l’attention publique, mais son réseau et son accès à des produits occidentaux convoités l’ont rendu essentiel et très prisé au sein de la hiérarchie de la RDA.
Vers la réunification
En 1976, sous l’initiative d’Erich Honecker, une commission du Politburo destinée à engager des échanges avec la RFA fut établie, avec Günter Mittag à sa tête et Schalck-Golodkowski en tant que secrétaire. Quelques années plus tard, en 1981, Mittag joua un rôle clé dans les pourparlers entre le chancelier allemand et membre du groupe Bilderberg, Helmut Schmidt, et Honecker, qui aboutirent en 1983 à un accord historique entre Schalck-Golodkowski et Franz Josef Strauss, le Premier ministre de Bavière, accord octroyant un prêt d’un milliard de DM de l’Ouest à l’Allemagne de l’Est. Suite à ces négociations, la RDA commença le démantèlement des mécanismes de tir automatique le long de la frontière et assouplit les restrictions de visite pour les Allemands de l’Ouest.
Ces négociations ont été le prélude au voyage d’Eric Honecker en 1987 en Allemagne de l’Ouest. Celui qui avait été longtemps rétif à un rapprochement avec la RFA avait alors rendu visite à Helmult Kohl, qui a lui aussi participé à des réunions du groupe Bilderberg.
La même année, le vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne, Hans-Dietrich Genscher, avait lancé un appel fort depuis Davos, pour que l’Occident change d’approche et se tourne vers l’Union Soviétique, qui avait lancé des réformes politiques, la perestroïka, sous l’impulsion du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Mikhaïl Gorbatchev.
« Prenons Gorbatchev au sérieux. Prenons le au mot ! », insistait Hans-Dietrich Genscher depuis Davos, lors d’un discours que le FEM, considère sur son site Internet, comme « un marqueur critique de la fin de la guerre froide », se vantant que le ministre ouest allemand est déclaré plus tard: « Il n’y avait pas de meilleur endroit pour cela que Davos ».
Dans ce contexte, Honecker s’est montré de plus en plus ouvert envers l’Occident, se présentant comme un « ouvreur de portes » au Congrès juif mondial, une fédération internationale de communautés juives fondée en 1936 à Genève, qui fait du lobbying auprès d’organisations internationales, y compris les Nations unies, pour assurer un traitement équitable d’Israël par les gouvernements. À noter que le vice-président de ce congrès était le journaliste Français, Alexandre Adler, qui était Franc Maçon et exercé des hautes responsabilités dans la compagnie financière Edmond de Rothschild, membre du FEM, et qui s’est également rendu à une réunion du groupe Bilderberg.
Ces évènements témoignent du rôle joué par le groupe Bilderberg et le Forum économique dans le dégel, qui a amené la chute du mur soviétique, avec Genex au carrefour des intérêts politiques, économiques et sociaux.
La fin de Genex
Aprè la chute du mur de Berlin, la société Genex a été contrainte de changer de nom le 1er octobre 1990, car dans le cadre de l’introduction de l’union économique et monétaire et d’autres réglementations gouvernementales, le nom Genex n’était plus officiellement autorisé à être utilisé. Ce changement a entraîné une restructuration complète, incluant le licenciement de tous les employés le 30 septembre 1990, avec une possibilité de postuler à nouveau pour des postes dans la nouvelle structure. Certains anciens employés liés au parti SED et ayant occupé des postes de direction dans l’ex-RDA ont été exclus. La dissolution de Genex a donné naissance à une nouvelle entreprise comprenant trois branches : le commerce et la gestion d’actifs (HAVERS-Gesellschaft für Handel und Vermögensverwaltung mbH à Berlin), la gestion d’actifs (Refix Vermögensverwaltung GmbH à Bamberg) et les services d’expédition (Papillon Versand GmbH à Bamberg). Ces entités ont été transférées en 1992 à l’administration de la Treuhandanstalt, l’institution de droit public ouest-allemand chargé de la privatisation des biens de l’ex RDA après la réunification. La liquidation définitive des sociétés a eu lieu en 1992.
La femme d’Honecker sur le testament du contributeur du FEM, Nelson Mandela
En 2014, les Paradise Papers ont révélé un aspect méconnu de l’ancien président d’Afrique du Sud et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Nelson Mandela. Il a été découvert que Mandela avait dissimulé des millions de dollars dans un trust offshore nommé MAD Trust, en hommage à son surnom « Madiba ». Ce trust, établi en 1995 sur l’île de Man, est resté caché jusqu’à sa révélation en 2015. Après sa découverte, un conflit juridique a éclaté entre l’ancien avocat de Mandela, Ismail Ayob, et les héritiers de Mandela au sujet de ce trust. Selon Aybob, Mandela avait créé ce Trust pour « donner de l’argent à des personnes situées à l’étranger, qui avaient été bonnes ou qui en avaient besoin». Une partie de cet argent a été attribuée à Margot Honecker, la veuve de l’ancien président de l’Allemagne de l’Est, Erich Honecker.