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Le Themis de Milrem Robotics. Photo : @Milrem Robotics

Ukraine : Vers une armée robotisée de 15 000 unités pour pallier le manque d’hommes

Face à une pénurie aiguë de soldats et à l’usure d’une guerre longue contre la Russie, l’Ukraine du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Volodymyr Zelensky s’apprête à franchir un cap décisif : le déploiement de 15 000 robots terrestres autonomes en 2025. Cette initiative, dévoilée le mois dernier par le ministère ukrainien de la Défense, marque une évolution majeure dans la manière de faire la guerre, alliant machines et intelligence artificielle au service d’une armée sous pression.

Dans les colonnes de Forbes , média membre du Forum économique mondial, Kateryna Bondar, spécialiste en IA militaire au CSIS (Center for Strategic and International Studies), présidé par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Thomas Pritzker, estime que cette décision reflète une nécessité existentielle : « L’Ukraine manque cruellement de personnel, il faut impérativement compenser par des systèmes robotisés. »

De la production massive de drones à l’armée de robots

Après avoir massivement développé sa production de drones – 2 millions d’unités en 2024 –, Kyiv ambitionne désormais de faire entrer les UGV (Uncrewed Ground Vehicles) dans une nouvelle ère. L’investissement est colossal : 150 millions de dollars engagés au premier trimestre 2025, contre seulement 2,5 millions fin 2024. Une centaine de modèles ont déjà été testés, dont certains destinés à la reconnaissance, à la pose de mines, au ravitaillement, ou encore à l’évacuation de blessés.

Pourtant, peu de ces robots sont aujourd’hui visibles sur le front. Leurs coûts élevés, leur masse (souvent autour de 1 000 kg) et la complexité de leur logistique freinent leur déploiement. Contrairement aux drones FPV bon marché, un UGV peut coûter entre 2 000 et plus de 10 000 dollars, et nécessite un soutien humain conséquent.

Soutien logistique, évacuations et missions de combat

Les usages les plus prometteurs à ce jour restent le transport de matériel et l’évacuation de blessés en zone dangereuse. Lors d’une opération récente, un UGV a réussi à extraire trois soldats sur plus de 16 kilomètres de terrain sous le feu ennemi. Mais cette mission a nécessité plus de 50 personnes, entre opérateurs, soutien électronique et drones de surveillance. Une « armée sans équipage » reste donc très encadrée.

L’IA, clef de l’autonomie future

Si les robots ukrainiens sont encore pilotés à distance, le véritable enjeu est celui de l’autonomie via l’intelligence artificielle. Mais comme le rappelle Bondar, même les voitures autonomes civiles peinent encore à naviguer sans erreurs sur routes balisées. Sur un champ de bataille, les défis sont d’une tout autre ampleur : GPS brouillé, environnement chaotique, menaces invisibles. Les prototypes existent, mais leur fiabilité à grande échelle reste à prouver.

Pour accélérer cette transition, l’Ukraine a déjà testé avec succès un assaut entièrement robotisé, combinant drones éclaireurs, drones kamikazes et UGV armés. Une fois la position ennemie neutralisée, les soldats sont venus la sécuriser. Ce type d’opération, baptisé « assaut sans assaut », devrait se multiplier selon Bondar.

Pour l’instant les robots utilisés s’apparent plus à des drones terrestres, comme le. Themis de Milrem Robotics, une entreprises estonienne et émirati dirigée détenu par Edge groupe, multinationale membre du Forum économique mondiale.

Les limites actuelles des robots quadrupèdes et humanoïdes

Quant aux « chiens-robots » et autres machines quadrupèdes, censés surmonter la boue et les terrains accidentés, les résultats sont pour l’instant décevants. « Ils s’enlisent, ne peuvent pas se camoufler, et sont inefficaces sur le terrain », souligne Bondar. Les robots humanoïdes, tels que ceux développés par Tesla ou Unitree, offrent un potentiel intéressant mais restent au stade de la démonstration technologique. Leur utilité réelle dépendra des tests en conditions réelles.

Vers un équilibre hommes-machines

À court terme, les 15 000 robots ukrainiens viendront épauler une armée humaine de plus de 800 000 soldats. Leur rôle restera secondaire mais essentiel : logistique, déminage, observation. Au fil des années, l’amélioration de l’IA pourrait redistribuer les cartes. Pour l’instant, remplacer complètement les humains reste une vision encore lointaine, mais chaque opération robotisée rapproche l’Ukraine de cette nouvelle ère de guerre automatisée.

Sources : Forbes, Géo.

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