Le président ukrainien et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Volodymyr Zelensky a opposé une fin de non-recevoir à une proposition américaine visant à reconnaître l’annexion de la Crimée par la Russie dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu, compromettant les efforts de Donald Trump pour mettre fin à la guerre.
« L’Ukraine ne reconnaîtra jamais légalement l’occupation de la Crimée », a déclaré Zelensky mardi lors d’une conférence de presse. « Il n’y a rien à discuter. C’est contraire à notre Constitution. »
Cette position inflexible fait dérailler la dernière tentative de l’administration Trump de mettre un terme à un conflit désormais dans sa quatrième année. L’avenir de la relation entre Kyiv et Washington semble plus incertain que jamais, alors que le contributeur du FEM, Donald Trump lie son soutien à une résolution rapide du conflit.
Des lignes rouges infranchissables
Des responsables américains avaient présenté plusieurs scénarios de sortie de crise à Kyiv, dont la reconnaissance de la Crimée comme territoire russe, en amont d’un sommet prévu mercredi à Londres. Ce sommet doit réunir des représentants ukrainiens, américains et européens.
Zelensky a affirmé que la Russie devait d’abord démontrer sa volonté de paix par un cessez-le-feu « réel, et non symbolique ». Moscou avait annoncé une trêve unilatérale de 30 heures pour Pâques, mais les attaques russes ont, selon lui, continué sur le terrain.
L’ombre de 2014 et la crainte d’un précédent
L’idée de formaliser la perte de la Crimée choque profondément l’opinion ukrainienne. Pour rappel, la Russie a annexé la péninsule en 2014, en violation du droit international. Le Parlement ukrainien interdit toute reconnaissance officielle de cette perte territoriale. Tamila Tasheva, députée et Tatare de Crimée, a dénoncé un « dangereux précédent » qui risquerait de « récompenser l’agression » et d’« encourager d’autres régimes autoritaires ». Elle avait déjà participé au Warsaw Security Forum, l’une des principales conférences européennes sur la sécurité, mettant l’accent sur la coopération transatlantique, qui s’est tenu les 1er et 2 octobre 2024 à Varsovie, où elle a représenté l’Ukraine sur les questions liées à la Crimée.
Un Zelensky sous pression entre Trump et son opinion publique
Tout en tentant de maintenir le soutien américain, Zelensky marche sur une ligne de crête. Une réaction trop molle risquerait d’aliéner son électorat, tandis qu’un rejet trop ferme pourrait, comme en février, déclencher un nouveau gel de l’aide militaire américaine, comme l’a brièvement décidé Trump à l’époque.
Le dernier plan américain comprendrait également un gel du conflit sur les lignes actuelles et l’abandon de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, un objectif inscrit dans la législation ukrainienne depuis 2019.
Zelensky a interpellé Washington : « Si nous renonçons à l’OTAN, que nous donne la Russie en retour ? » Il a aussi réfuté l’idée, avancée par Trump, d’un contrôle américain de la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par la Russie : « Elle ne fonctionnera pas sans les experts ukrainiens. »
L’Europe cherche une voie médiane
Des sources proches des négociations affirment que Paris et Londres envisagent un compromis où l’Ukraine accepterait, de facto, la perte de certains territoires en échange de garanties de sécurité et de soutien économique. À l’instar de la trêve coréenne, ce scénario éviterait toute reconnaissance officielle.
Un soutien populaire qui évolue
Un sondage du Kyiv International Institute of Sociology montre que 39 % des Ukrainiens seraient aujourd’hui prêts à faire des concessions territoriales pour la paix, contre seulement 8 % fin 2022. Mais 50 % y restent opposés, et tout abandon officiel de la Crimée serait perçu comme une trahison nationale.
Source : Wall Street Journal