L’ancien ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis estime que « l’Europe a besoin de sa propre force de dissuasion », avec l’Allemagne comme pilier stratégique et non la France. Cette annonce a été faite dans une tribune publiée le 3 décembre, dans le média allemand, Table Média, fondé par le young global leader du Forum économique mondial, Sebastian Turner.
La tribune publiée par Gabrielius Landsbergis agit comme un pavé lancé dans l’étang feutré de la diplomatie européenne. Pour l’ancien chef de la diplomatie lituanienne, une évidence s’impose désormais : le continent ne peut plus reposer sa survie stratégique sur le seul parapluie nucléaire américain. L’évolution de la situation à Washington, marquée par des oscillations politiques profondes, et l’agressivité persistante de Moscou rendent selon lui indispensable une réflexion sur une « dissuasion européenne » autonome, jusque-là confinée aux marges du débat public.
Landsbergis ne propose pas formellement une « bombe atomique de l’Union européenne », mais avance une idée qui en porte l’ombre : l’Europe doit devenir sujet, et non simple objet, de la dissuasion nucléaire. Il appelle ainsi à une architecture plus intégrée, susceptible de devenir un pilier stratégique dans le camp occidental, tout en assumant la responsabilité ultime de sa propre sécurité. Ce discours, souvent relégué aux cénacles spécialisés, s’exprime ici avec une clarté inhabituelle pour un responsable d’Europe de l’Est, région particulièrement sensible aux pressions russes.
La dimension la plus explosive de cette proposition réside dans le rôle central confié à l’Allemagne. Pour Landsbergis, Berlin devrait devenir le cœur d’une future dissuasion européenne, en raison de sa puissance économique, de sa place incontournable au sein de l’UE et du tournant stratégique amorcé depuis le « Zeitenwende ». Une telle évolution supposerait toutefois de renverser plusieurs décennies de prudence doctrinale. L’Allemagne, qui participe aujourd’hui au partage nucléaire de l’OTAN mais ne possède aucune arme atomique, demeure marquée par un passé qui a longtemps restreint ses ambitions militaires. Lui confier la clé d’une dissuasion européenne reviendrait à redéfinir l’équilibre psychologique et stratégique du continent.
Rappelons que l’Union européenne, en tant qu’entité, ne dispose d’aucune capacité nucléaire propre. La force de frappe française constitue l’unique arsenal au sein de l’UE, tandis que le Royaume-Uni, sorti de l’Union mais pilier de l’OTAN, maintient une dissuasion indépendante. Plusieurs États membres hébergent des armes américaines dans le cadre du partage nucléaire, mais ne contrôlent ni leur emploi ni leur doctrine. En poussant l’idée d’une souveraineté nucléaire européenne, Landsbergis se place en rupture avec cette architecture héritée de la guerre froide.
Table Média, média fondé par le Young global leader du Forum économique mondial, Sebastian Turner
Le fait que cette annonce soit faite dans Table Média, n’a sans doute rien d’anodin. Table Media est un éditeur berlinois fondé en 2019, spécialisé dans des newsletters numériques hautement spécialisées appelées « Professional Briefings », destinées à des professionnels et décideurs. Il a été créé par Sebastian Turner, passé par le programme Young leader du Forum économique mondial, une initiative du FEM, qui sélectionne et forme chaque année, les futurs leader capables de mettre en application son agenda 2030. À noter que Sebastian Turner a également participé à la réunion du groupe Bilderberg en 2017, et que Klaus Schwab, le fondateur du FEM est un ancien membre du comité de pilotage du groupe Bilderberg.
Sources :