Lors de son intervention hier, devant un comité parlementaire, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, qui s’est rendu à la réunion annuelle du groupe Bilderberg en 2023, avant de prendre ses fonctions le 5 juillet 2024, a exposé une vision ambitieuse pour la politique étrangère du Royaume-Uni, avec un accent particulier sur la reprise du leadership climatique, la réconciliation avec l’Europe et le renforcement des relations avec le Sud global.
David Lammy a souligné l’importance de redresser l’image du Royaume-Uni après une période marquée par des tensions géopolitiques et des décisions contestées, telles que la réduction des dépenses d’aide au développement. Il a réitéré son engagement à collaborer étroitement avec des partenaires mondiaux pour des objectifs communs, notamment en matière de climat, de sécurité et de développement économique.
« Le monde nous attend. Nous devons montrer que le Royaume-Uni est prêt à jouer un rôle central sur des sujets cruciaux, tels que la finance climatique et la gestion des crises internationales », a déclaré le ministre.
Une priorité : le climat et les partenariats globaux
Parmi les annonces phares, le ministre a mis en avant la Global Clean Power Alliance, une initiative destinée à encourager la transition énergétique dans les pays du Sud. Il a également réaffirmé l’objectif du Royaume-Uni de mobiliser 11,6 milliards de livres pour la finance climatique, dont 3 milliards seront alloués à la protection de la nature et 1,5 milliard aux forêts.
« Nous devons travailler avec les communautés indigènes et investir dans des emplois verts, ici et ailleurs, pour garantir un avenir durable », a-t-il ajouté.
Réconciliation européenne et renforcement du Commonwealth
Sur le plan diplomatique, David Lammy a insisté sur la nécessité d’améliorer les relations avec l’Union européenne tout en consolidant les liens au sein du Commonwealth. Il a exprimé l’ambition d’introduire de nouvelles initiatives économiques et éducatives au sein de cette organisation qui joue, selon lui, un rôle clé pour les jeunes générations.
Des défis persistants et des mesures pour l’avenir
Interrogé sur les réductions des budgets d’aide au développement, le ministre a reconnu les impacts négatifs, notamment sur la réputation du Royaume-Uni, tout en promettant de réorienter les investissements vers des projets stratégiques.
Il a également évoqué les sanctions économiques, qu’il considère comme un outil essentiel pour influencer les comportements internationaux, tout en appelant à un renforcement de leur application.
Vers une diplomatie plus inclusive et efficace
David Lammy a mis l’accent sur la modernisation du Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO), notamment en diversifiant son personnel et en renforçant les compétences dans les domaines économiques et technologiques. Il a également évoqué la création d’un Conseil de puissance douce, visant à coordonner les actifs culturels, éducatifs et diplomatiques du Royaume-Uni pour maximiser leur impact à l’international.
« Nous avons des ressources incroyables, comme le service mondial de la BBC et le British Council. Mais nous devons être mieux organisés pour rivaliser avec des puissances émergentes comme la Corée du Sud et la Turquie », a-t-il déclaré.
Des avancées et frustrations autour de la COP
Interrogé sur l’efficacité des COP et leur capacité à répondre aux défis climatiques, Lammy a reconnu les limites des discussions internationales, souvent frustrantes en raison du consensus nécessaire entre plus de 190 pays.
« La diplomatie peut sembler inefficace jusqu’au moment où elle produit des résultats. Nous avançons, mais pas toujours à la vitesse que nous souhaitons. Cependant, les progrès sont là. »
Lammy a également exprimé de grands espoirs pour la prochaine COP au Brésil du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Lula, évoquant un partenariat potentiel renforcé entre le Royaume-Uni et ce pays clé dans la lutte contre la déforestation et la protection de la biodiversité.
Priorité : un « reset » avec l’Europe
Dans un contexte où les relations avec l’Union européenne ont été mises à rude épreuve depuis le Brexit, Lammy a souligné sa volonté de rétablir des liens solides avec des partenaires comme l’Allemagne, la France, l’Irlande et l’Espagne. Il a révélé des projets ambitieux, notamment un traité d’amitié avec l’Allemagne, un nouveau cadre de coopération avec l’Irlande et un sommet bilatéral prévu avec la France.
Focus sur l’Ukraine et la coopération en matière de sécurité
La guerre en Ukraine reste au centre des préoccupations britanniques. Lammy a rappelé que la priorité est de soutenir l’intégrité territoriale ukrainienne tout en travaillant de concert avec les partenaires européens pour faire face à d’autres défis régionaux, notamment dans les Balkans et la Moldavie, où les cybermenaces russes se multiplient.
« Nos engagements bilatéraux et multilatéraux, notamment au sein de l’OTAN, doivent refléter une détermination ferme à assurer la stabilité en Europe. »
Questions complexes au Moyen-Orient
Lammy a également abordé les tensions au Moyen-Orient, exprimant sa préoccupation face à la crise humanitaire à Gaza. Tout en condamnant fermement le rôle du Hamas, il a insisté sur l’urgence de garantir un accès humanitaire rapide et efficace pour les civils touchés.
« Les civils innocents ne doivent pas payer le prix des atrocités commises par des groupes terroristes. La communauté internationale doit agir, et le Royaume-Uni est prêt à jouer son rôle. »
Vers une diplomatie modernisée et inclusive
Lammy a conclu son intervention en insistant sur la nécessité d’une diplomatie plus agile, capable de répondre aux défis globaux, tout en renforçant les liens avec les principales puissances mondiales, y compris les États-Unis et la Chine des contributeurs du FEM, Trump et Xi Jinping
« La reconstruction des alliances et la défense des valeurs britanniques doivent aller de pair. La diplomatie est un travail de long terme, mais c’est ainsi que nous assurerons un avenir plus sûr et plus prospère. »
Avec une approche proactive, David Lammy entend positionner le Royaume-Uni comme un acteur incontournable sur la scène mondiale. Ses priorités — climat, développement, réconciliation européenne et influence globale — dessinent une vision ambitieuse mais nécessaire face aux défis actuels.