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Ravachol.

Portrait de Ravachol : Le Rocambole de l’Anarchisme

Le 11 juillet 1892, sur la place publique de Montbrison, s’éteignait la vie tumultueuse de François Claudius Koënigstein, connu sous le nom de Ravachol. À l’âge de 32 ans, ce militant anarchiste et criminel français fut guillotiné, laissant derrière lui une histoire marquée par la violence, les attentats et un destin tragique.

Né le 14 octobre 1859 à Saint-Chamond, dans le département de la Loire, François Claudius Koënigstein a connu une jeunesse difficile. Sa mère, Marie Ravachol, travaillait comme moulinière de soie. À l’époque, elle vitvait en concubinage avec Jean-Adam Koënigstein, également connu sous le nom de « L’Allemand », un homme originaire des Pays-Bas qui est arrivé dans la région du Forez un an auparavant, en 1858. Il était employé en tant que lamineur aux forges d’Izieux. Cependant, le père quitta bientôt le domicile familial pour retourner aux Pays-Bas, où il succomba à une maladie l’année suivante.

Dès l’âge de huit ans, Ravachol s’engage dans des travaux laborieux afin de pourvoir aux besoins de sa famille. Successivement, il exerce les métiers de berger, mineur, cordier et chaudronnier. À l’âge de 16 ans, il décroche un poste d’apprenti teinturier chez Richard et Puteau à Saint-Chamond.

À 18 ans, sa vie prit un tournant lorsqu’il découvrit les idées anarchistes. Influencé par les conférences de Paule Minck et les lectures socialistes, il s’engagea dans un cercle d’études sociales et rencontra des militants anarchistes, notamment Toussaint Bordat et Régis Faure. Ravachol évolua rapidement vers l’anarchisme, abandonnant ses croyances religieuses.

Bien qu’étant un ouvrier sobre et discret, il connaît un renvoi de la teinturerie Vindry en 1886. À l’origine de cet incident, une fiole de vitriol qu’il aurait fournie à une jeune femme pour traiter un cor au pied, mais qui a préféré l’utiliser pour « soigner » le visage de son amant. Lors de l’enquête policière, les liens de Ravachol avec les milieux révolutionnaires sont révélés, entraînant son renvoi immédiat. Ravachol intègre alors un cercle d’études sociales, assiste aux conférences des orateurs du parti ouvrier et adopte des idées collectivistes.

Une descente dans la criminalité

Après avoir été renvoyé de son emploi, Ravachol bascula dans la criminalité pour subvenir à ses besoins. Du vol de poules à la contrebande d’alcool, en passant par la fabrication de fausse monnaie, il prit un chemin de plus en plus radical. En 1890, il fut brièvement arrêté, marquant le début de son parcours criminel.

Son nom devint célèbre en mai 1891 lorsqu’il profana la sépulture de la baronne de la Rochetaillée, cherchant en vain des bijoux. Le 18 juin 1891, à Chambles, il tua et dévalisa Jacques Brunel, un ermite de 93 ans, déclenchant une traque policière.

La période des attentats

Ravachol s’impliqua activement dans l’affaire de Clichy, organisant des attentats contre les magistrats impliqués. Le 1er mai 1891, lors de la fusillade de Fourmies, il joua un rôle central, entraînant des affrontements avec la police. Son engagement radical fut alimenté par la répression policière lors des manifestations.

Le 14 février 1892, un vol de dynamite à Soisy-sous-Étiolles marqua une étape cruciale. Ravachol et ses complices planifièrent plusieurs attentats, ciblant initialement le commissariat de Clichy. Face aux difficultés, ils changèrent d’objectif, visant le conseiller Edmond Benoît. Le 11 mars 1892, Ravachol plaça une bombe au 136, boulevard Saint-Germain à Paris, blessant une personne et provoquant des dégâts matériels.

La traque et l’exécution

La police, alertée par des informateurs, traqua Ravachol. Le 30 mars 1892, au restaurant Véry, il fut finalement arrêté. Son procès fut rapide, et le 26 avril 1892, il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. Cependant, le mythe de Ravachol prit forme après son exécution.

Le 11 juillet 1892, sur la place publique de Montbrison, Ravachol monta sur l’échafaud. Refusant l’assistance de l’aumônier, il chanta « Le Père Duchesne » en allant vers la guillotine. Ses dernières paroles sont « Vive la ré…» au moment où le couperet tombe. Le télégramme partiellement chiffré de l’annonce de l’exécution le traduit par « Vive la république !» Il semble plus juste de penser que ses dernières paroles furent « Vive la révolution ! » ou « Vive la révolution sociale !» comme le firent de nombreux anarchistes avant et après lui.

Héritage et postérité

Ravachol devint un symbole de la révolte anarchiste en France. Exalté pour son courage face à la guillotine, il inspira d’autres militants anarchistes. Son nom persiste dans la culture populaire, devenant un mot commun dans certaines régions françaises pour désigner un bâton de dynamite.

Malgré ses actions violentes et criminelles, Ravachol est également vu comme un produit de son époque, marquée par des inégalités sociales profondes et des mouvements ouvriers radicaux. Sa vie tumultueuse reste un chapitre sombre de l’histoire anarchiste en France.  Il fait partie de l’histoire locale de la Loire et nationale parce que les attentats qu’il a organisés à Paris en 1892 ont eu un sens politique et ouvrent la grande crise anarchiste des années 1892-1894 qui, par ses bombes, terrorisa la bourgeoisie.

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