En déplacement à Arras le 19 novembre, Emmanuel Macron a dû finir sa route à pied, sous la pluie, après avoir été bloqué par des agriculteurs opposés au projet Mercosur. Selon Le Canard enchaîné, l’incident a provoqué la colère du chef de l’État, qui a réclamé le départ du préfet du Pas-de-Calais, Laurent Touvet. Une décision qui éclaire les tensions persistantes autour de la gestion des mobilisations agricoles.
La scène a eu des allures de faux pas protocolaire dont la présidence se serait volontiers passée. Le 19 novembre à Arras, Emmanuel Macron devait rencontrer des lecteurs de la presse quotidienne régionale dans un déplacement présenté comme serein. Mais à l’approche du lieu de rendez-vous, le cortège présidentiel se heurte à une mobilisation inattendue : environ deux cents agriculteurs rassemblés pour signifier leur opposition au projet d’accord commercial avec le Mercosur. Une protestation modeste en effectifs, mais suffisante pour désorganiser la progression du dispositif présidentiel, selon les révélations publiées par Le Canard enchaîné le 2 décembre.
Tentant d’éviter le groupe de manifestants, les motards en tête de cortège modifient l’itinéraire prévu. L’esquive tourne court. À peine engagé sur la voie alternative, Emmanuel Macron se retrouve face à plusieurs tracteurs bloquant la route, immobilisant son véhicule et désarmant toute marge de manœuvre. Le Groupe de sécurité de la présidence de la République évalue alors qu’il est plus prudent de procéder à une extraction du chef de l’État. Le président est invité à parcourir à pied les cinq cents derniers mètres, sous une pluie battante, pour rejoindre son point de rendez-vous.
Ce détour forcé ne serait pas resté sans conséquence. Toujours d’après Le Canard enchaîné, Emmanuel Macron aurait exprimé, dès le soir même, son mécontentement quant à l’organisation de la visite et exigé le départ du préfet du Pas-de-Calais, Laurent Touvet. Ce dernier, nommé dans le département depuis un peu plus de six mois, a assuré que cette fin de mission relevait d’un « mouvement normal » dans sa carrière. Haut fonctionnaire chevronné et beau-frère du général Pierre de Villiers, il quitte ainsi ses fonctions territoriales pour être nommé directeur général des étrangers en France.
L’épisode illustre une fois encore la sensibilité politique des manifestations agricoles, en particulier dans un contexte où les accords commerciaux internationaux cristallisent les inquiétudes du monde rural. Il révèle aussi, en coulisses, la pression qui pèse sur les représentants de l’État lorsqu’un incident – même mineur en apparence – vient perturber le cérémonial présidentiel. Une marche sous la pluie de quelques centaines de mètres se transforme ici en signe de dysfonctionnement administratif et en sanction immédiate, rappelant la verticalité d’un pouvoir attentif au moindre accroc dans la maîtrise de son image publique.
Sources :
Valeurs Actuelles – « Pas-de-Calais : obligé de marcher sous la pluie et mis en danger, Macron limoge le préfet » – lien
Le Canard enchaîné – Révélations citées dans l’article de Valeurs Actuelles – lien