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ONU : l’Assemblée générale adopte une Journée internationale contre le colonialisme malgré l’opposition des États-Unis et d’Israël

L’Assemblée générale des Nations unies a adopté début décembre une résolution instaurant une Journée internationale contre le colonialisme, célébrée chaque 14 décembre. Le texte a été approuvé par une large majorité, mais a suscité des oppositions et de nombreuses abstentions, dont celle de la France. Ce vote révèle des fractures diplomatiques persistantes autour des héritages coloniaux et de leur traitement au sein des instances internationales.

C’est un vote symbolique mais politiquement chargé. Le 5 décembre 2025, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution proclamant le 14 décembre « Journée internationale contre le colonialisme sous toutes ses formes et manifestations ». Le texte a recueilli 116 voix favorables, contre deux oppositions, celles des États-Unis et d’Israël, et 54 abstentions, parmi lesquelles figure la France.

La résolution s’inscrit dans le cadre des travaux de la Quatrième Commission des Nations unies, dédiée aux questions de décolonisation. Elle fait explicitement référence à la Déclaration de 1960 sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, considérée comme un texte fondateur du droit international en matière de décolonisation. Le document rappelle que le colonialisme, y compris dans ses formes contemporaines telles que l’exploitation économique, est incompatible avec la Charte des Nations unies.

La Journée internationale contre le colonialisme devra être observée chaque année à compter de 2025, le 14 décembre correspondant à l’anniversaire de l’adoption de la résolution 1514 (XV). L’objectif affiché est de maintenir la question de la décolonisation à l’agenda international, de mettre en lumière la situation des territoires non autonomes toujours recensés par l’ONU, au nombre de dix-sept, et d’interroger les héritages coloniaux qui continuent de produire des effets politiques, économiques et sociaux.

Les deux votes contre émanent des États-Unis et d’Israël. Washington a justifié son opposition par des réserves sur certaines formulations du texte, jugées susceptibles d’alimenter des « narratifs de culpabilité historique ». La représentante américaine a également mis en avant les implications financières potentielles de la résolution, notamment en lien avec les références, directes ou indirectes, aux réparations et aux obligations nouvelles que cela pourrait faire peser sur les États membres. Israël a exprimé des préoccupations similaires.

La France, de son côté, a choisi l’abstention, à l’instar d’un large groupe de pays européens et occidentaux. Plusieurs capitales, parmi lesquelles les Pays-Bas, la Belgique, la Pologne ou encore les États baltes, ont expliqué leur position par des réserves de méthode plutôt que de fond. Ces États estiment que l’ONU dispose déjà de mécanismes, de résolutions et de périodes dédiées à la décolonisation, et s’inquiètent de la multiplication des journées internationales, jugée peu efficace et coûteuse sur le plan administratif.

Cette abstention ne vaut toutefois pas remise en cause de la condamnation du colonialisme en tant que telle. Pour les pays concernés, le désaccord porte davantage sur l’opportunité d’ajouter une nouvelle date commémorative au calendrier onusien, ainsi que sur certaines formulations considérées comme excessivement politisées ou imprécises.

Pour les États et organisations qui ont soutenu la résolution, cette Journée internationale constitue un levier symbolique important. Elle doit permettre de renforcer la visibilité des revendications de certains territoires, notamment dans les Caraïbes ou le Pacifique, et de nourrir les débats internationaux sur la justice historique, les réparations et les formes contemporaines de dépendance économique. À l’inverse, les opposants et abstentionnistes redoutent un doublon avec des textes existants et une politisation accrue des débats au sein de l’ONU.

L’adoption de cette Journée internationale contre le colonialisme illustre ainsi les tensions persistantes autour de la mémoire coloniale et de ses prolongements actuels. Si le texte n’a pas de portée juridique contraignante, il marque une volonté politique de maintenir ces enjeux au cœur du débat multilatéral, au prix de divisions diplomatiques assumées.

Sources :

Nations unies – Résolution de l’Assemblée générale sur la Journée internationale contre le colonialisme, 5 décembre 2025 – https://www.un.org

AFP – Dépêche sur le vote de l’Assemblée générale de l’ONU, décembre 2025 – https://www.afp.com

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