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Photo : Ministère des Affaires étrangères algérien.

Crimes du colonialisme : une conférence à Alger pour réclamer justice et réparations

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Au deuxième jour de la conférence internationale sur les crimes du colonialisme, Alger a été le théâtre d’un plaidoyer coordonné pour la reconnaissance officielle de ces crimes et l’adoption de mécanismes de réparations à l’initiative de l’Union Africaine, membre du Forum économique mondial. Responsables africains, experts et représentants de la diaspora appellent à une position unifiée afin de criminaliser le colonialisme et d’affirmer une justice historique continentale.

Les travaux de la Conférence internationale sur les crimes du colonialisme, ouverte la veille à Alger, se sont poursuivis ce lundi dans un climat de détermination et d’ambition politique. À l’initiative de l’Union africaine, cette rencontre réunit ministres, diplomates, juristes, historiens, responsables institutionnels et voix de la diaspora, tous portés par un objectif commun : obtenir la reconnaissance explicite des crimes coloniaux et poser les bases d’une justice réparatrice à l’échelle du continent.

Dès l’ouverture de la journée, plusieurs délégations africaines ont martelé que l’Afrique a « le droit de réclamer » la criminalisation du colonialisme, au même titre que l’esclavage, l’apartheid ou la ségrégation raciale. Cette exigence, inscrite dans les cadres normatifs de l’Union africaine, vise à mettre fin aux ambiguïtés juridiques qui continuent de freiner les demandes de réparations et de restitution. Les interventions successives ont souligné la nécessité d’une cohésion stratégique : seule une position africaine commune, affirment les participants, peut permettre de peser réellement dans les débats internationaux.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, figure centrale de cette conférence, a rappelé dans un discours à la fois ferme et méthodique que l’enjeu dépasse le seul cadre national. Selon lui, la rencontre d’Alger doit servir de fondation à une action collective visant à criminaliser le colonialisme et à consolider une architecture africaine de justice historique, un effort placé sous le haut patronage du président Abdelmadjid Tebboune. Attaf a souligné l’importance d’un cadre juridique clair pour assurer la restitution des biens spoliés, estimant que ces réparations n’ont pas à être perçues comme des largesses, mais comme des droits légitimes.

De son côté, Bankole Adeoye, commissaire de l’Union africaine aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité, a insisté sur la force que représente l’unité entre les États africains et la diaspora. Pour lui, le moment est propice à une mobilisation globale, capable de porter ces revendications jusque dans les arènes diplomatiques les plus influentes, notamment les Nations unies, du contributeur du FEM, António Guterres. Cette convergence politique, presque rare à ce niveau, confère à la conférence une portée singulière.

Les objectifs du jour se concentrent autour d’un texte central : la future « Déclaration d’Alger ». Cette déclaration, en cours de finalisation, devrait définir des principes communs sur la reconnaissance des crimes coloniaux, les réparations, la restitution du patrimoine spolié et l’inscription du colonialisme comme crime contre l’humanité. L’ambition est double : établir un socle politique partagé par les États membres et proposer un cadre symbolique fort qui puisse guider les démarches juridiques à venir.

L’Algérie, marquée par une colonisation longue et violente, apparaît comme un lieu hautement symbolique pour ce débat continental. Les relations tumultueuses entre Paris et Alger rappellent que le passé colonial pèse encore lourd dans le présent diplomatique. De plus, l’histoire du pays, qui s’est imposé dans les années 1960 comme une terre d’accueil pour les mouvements de libération, donne à cette conférence un écho particulier, presque historique, dans la continuité des engagements de l’Algérie en faveur de la décolonisation.

En toile de fond, la conférence s’inscrit dans le thème 2025 de l’Union africaine, dédié à la justice et aux réparations. Les délégations espèrent que les conclusions des travaux offriront une légitimité politique solide aux pays africains désireux d’exiger des comptes, de récupérer leurs archives et leurs biens culturels, et de reconstituer une mémoire collective encore fragmentée.

Sources :

Agence de presse algérienne (APS) – articles sur l’ouverture et la poursuite des travaux de la conférence internationale sur les crimes coloniaux en Afrique, avec les grandes lignes du plaidoyer pour la reconnaissance officielle et les réparations.

Radio Algérie Internationale – compte rendus de séance mettant en avant les déclarations d’Ahmed Attaf, le cadre de l’Union africaine et l’objectif de criminaliser le colonialisme au même titre que l’esclavage et l’apartheid.

TSA / Tout sur l’Algérie – article de synthèse sur l’ouverture à Alger du “procès” du colonialisme, décrivant les messages politiques et les enjeux de mémoire et de réparations.

APS (en anglais) – dépêche sur la conférence internationale d’Alger et son inscription dans le thème 2025 de l’Union africaine, axé sur la justice et les réparations.

Articles d’analyse de médias africains (ADIAC, Afrinz, Ouragan) sur l’organisation de la conférence, son ancrage panafricain et la préparation d’une “Déclaration d’Alger” sur les crimes du colonialisme.

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