Marcheur de la première heure et polytechnicien de 58 ans, Roland Lescure prend les rênes de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et énergétique. Chargé de relancer une France sous contrainte budgétaire, il plaide une méthode de négociation large au Parlement — avec la gauche, sans le RN — pour sécuriser ses réformes.

C’est l’un des paris politiques du gouvernement Lecornu : confier Bercy à un centriste venu du « pragmatisme de gauche », biberonné aux chiffres et rompu à la recherche de compromis.

Après un bref passage au Parti socialiste pour soutenir Dominique Strauss-Kahn, Roland Lescure rejoint La République en marche et est élu en 2017 député des Français de l’étranger pour la circonscription couvrant le Canada et les États-Unis.

Petit-fils de l’éditeur Pierre de Lescure, fils du journaliste et résistant François Lescure et d’une cadre syndicale de la RATP, Roland Lescure est aussi le demi-frère du journaliste Pierre Lescure, ex-président de Canal+ et du Festival de Cannes.

Avant la politique, l’ex-administrateur de l’Insee a navigué entre Bercy, la Caisse des dépôts et la gestion d’actifs, puis a pris, au Canada, le poste stratégique de premier vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec. De 2009 à 2017, il y supervise l’essentiel des placements, internationalise le portefeuille et forge une réputation de gestionnaire prudent, partisan du temps long. Cette culture d’investisseur irrigue son logiciel : sécuriser l’offre (énergie, industrie, compétences), soutenir l’investissement productif, accélérer la décarbonation des sites les plus émetteurs, tout en gardant le cap sur les équilibres de finances publiques.

Admis à l’École polytechnique en 1987, Roland Lescure intègre ensuite le corps des administrateurs de l’Insee en 1990. Il obtient en 1992 un diplôme de l’ENSAE et une maîtrise en économie à la London School of Economics.

Roland Lescure débute au ministère de l’Économie et des Finances, participe à la création de l’euro, puis travaille à l’Insee et à la Caisse des dépôts. En 2005, il devient directeur général délégué de Natixis Asset Management, puis directeur général adjoint de Groupama AM.

Installé ensuite au Canada, il occupe de 2009 à 2017 le poste de premier vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), où il supervise 80 % des investissements. Reconnu pour sa gestion prudente et stratégique, il contribue à la diversification du fonds et à sa rentabilité, n’hésitant pas à investir dans les paradis fiscaux, tout en percevant environ un million d’euros par an. Il joue aussi un rôle clé dans le développement du Réseau électrique métropolitain de Montréal.

Son pedigree épouse les virages de la macronie économique. Député des Français d’Amérique du Nord en 2017, président de la commission des Affaires économiques, rapporteur général de la loi Pacte promulguée en 2019, il a incarné l’aile « pro-entreprises » de la majorité, celle qui mélange attractivité, intéressement, simplification et gouvernance d’entreprise élargie à la responsabilité sociale. Au gouvernement, il a été ministre délégué à l’Industrie (puis à l’Industrie et à l’Énergie), avant un retour au Perchoir comme vice-président de l’Assemblée, réputé pour un style mêlant humour et autorité. Le 5 octobre 2025, le seuil s’élève d’un cran : le voici à la tête de Bercy, avec un mandat élargi à la souveraineté industrielle et énergétique.

Roland Lescure arrive à l’Économie avec une ligne claire : « on devra faire des concessions » pour bâtir des majorités et éviter une censure. Dans une Assemblée éclatée, l’intéressé milite depuis des semaines pour un changement de méthode, un travail d’horloger avec les socialistes et au-delà — hors RN — afin de desserrer l’étau budgétaire sans fracturer davantage le pays.

Dans l’immédiat, le nouveau ministre n’a pas d’illusion : l’opposition promet des motions de censure, la majorité réclame des résultats rapides, les partenaires sociaux attendent des signaux. Lescure, lui, assume une ligne « pacte » : réarmer l’offre et la productivité, soutenir l’innovation (IA, climat, industrie verte), arrimer la transition aux territoires, et négocier pied à pied pour tenir ensemble la rigueur et l’investissement. À Bercy, la méthode comptera autant que les chiffres, même si ces prédécesseurs n’ont pas été pénalisé pour leur mauvaise gestion, comme en témoigne la nomination de Bruno Lemaire au ministère des Armées, après sa remise de la légion d’honneur.

Sources :
Courrier (live et éléments fournis par l’utilisateur) – 05/10/2025 – [lien]
Assemblée nationale – Fiche biographique de Roland Lescure – lien
Gouvernement de la République française – Biographie officielle de Roland Lescure – lien
Wikipedia – Roland Lescure (repères biographiques) – lien