Lors de son discours aux Assises des Départements, le Premier ministre, Michel Barnier, a dressé hier à Angers, un bilan catastrophiste de la situation actuelle tout en exposant une vision pour l’avenir des départements français. Devant un auditoire composé de présidents de départements et d’élus locaux, il a insisté sur l’importance d’un partenariat renouvelé entre l’État et les collectivités locales.
Reprenant une citation de Jean Monnet, Michel Barnier a souligné qu’il se place « ni dans l’optimisme ni dans le pessimisme », mais dans une posture de détermination face à une période marquée par des défis financiers, sociaux et institutionnels. « Je refuse de sacrifier l’avenir au présent », a-t-il déclaré, affirmant son ambition de redonner aux départements des marges de manœuvre et un cadre de travail rénové.
Un modèle départemental à bout de souffle
Le Premier ministre a estimé que le modèle des départements, tel qu’il existe depuis 30 ans, a atteint ses limites. Il a appelé à un « renouvellement en profondeur » du rôle des départements, mettant en avant leur mission centrale de cohésion sociale et territoriale, qu’il considère comme « le cœur de la compétitivité de notre pays ».
Des mesures concrètes et immédiates
Michel Barnier a détaillé plusieurs mesures intégrées au projet de loi de finances pour 2025 visant à soulager les finances des départements :
- Réduction du prélèvement pour le fonds de réserve, particulièrement pour les dépenses sociales difficiles à maîtriser.
- Relèvement du plafond des droits de mutation à titre onéreux (DMTO) pour générer des ressources supplémentaires, tout en veillant à ne pas perturber le marché immobilier.
- Étirement de la hausse des cotisations à la CNRACL (Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales) sur quatre ans, pour limiter l’impact sur les finances locales.
Un plan en trois ans pour la réforme et la modernisation
Barnier a fait référence à son dialoguer avec la Commission européenne rappelant que la France devrait passer sous le barre des 3% de déficit Budgétaire d’ici 2029. Il a annoncé un plan « de réforme et de progrès pour la France », non pas cinq ans, mais trois ans. Il sera composé d’une cinquantaine de propositions portées par les ministres, comme par exemple « un livret d’épargne industrielle » afin de mobiliser « l’épargne des Français pour sauvegarder et relancer l’industrialisation » de la France ou des mesures sur la Santé mentale qui sera déclarée « grande cause nationale pour 2025 ».
Son plan aura trois grand axes.
- Rénover les politiques sociales, notamment à travers la création d’une allocation sociale unique et une meilleure coordination avec les départements.
- Simplifier les procédures administratives et réduire le poids des normes réglementaires, souvent jugées excessives par les collectivités locales.
- Renforcer la déconcentration, en redonnant aux préfets un rôle central dans la mise en œuvre des politiques publiques au niveau local.
Un dialogue renforcé avec les départements
Michel Barnier a annoncé la mise en place dès 2025 d’une instance de pilotage partagée entre l’État et les départements. Cet organe sera consulté à chaque étape des décisions impactant les collectivités locales, garantissant ainsi une co-construction des politiques publiques.
Lutte contre la dette et rigueur budgétaire
S’exprimant sur la situation financière de la France, Michel Barnier a rappelé l’urgence de réduire la dette publique, qui atteint 3 228 milliards d’euros. Il a défendu la nécessité de limiter les dépenses tout en veillant à ce que les efforts demandés soient justes et proportionnés.
Un engagement personnel et politique
Michel Barnier a conclu son discours en réaffirmant son attachement à la confiance et au partenariat avec les départements. Il a appelé à dépasser les divisions et les polémiques pour bâtir ensemble des solutions durables, déclarant : « Mon seul objectif est de créer du progrès. »