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L’origine Khazare des Juifs Ashkénazes : Mythe ou réalité historique ?

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La thèse de l’origine khazare des Juifs ashkénazes repose sur l’idée que les Khazars, un peuple turco-mongol, auraient adopté le judaïsme au VIIIe ou IXe siècle. L’étendue de cette conversion est cependant sujette à débat parmi les historiens. Certains pensent qu’elle n’a touché qu’une partie de la noblesse, tandis que d’autres suggèrent que des segments importants de la population khazare se sont convertis et sont devenus les ancêtres de nombreux Juifs d’Europe de l’Est.

Le débat ne porte pas sur la présence de Juifs en Khazarie, qui est indiscutable, ni sur leur rôle dans son administration, mais plutôt sur le nombre et le statut des convertis au judaïsme au sein de la tribu Khazar et de ses alliés. Certains auteurs depuis la fin du XIXe siècle ont suggéré que les Juifs d’Europe de l’Est descendent partiellement de Khazars ayant migré vers l’ouest entre le Xe et le XIIe siècle.

Paroles d’historiens

En 1883, Ernest Renan affirmait que les « Juifs du bassin du Danube, ou du Sud de la Russie », « descendent sans doute des Khazars ». « Ces régions contiennent de nombreuses populations juives qui probablement n’ont rien à voir, du point de vue ethnologique, avec les Juifs d’origine. »

L’Historien et résistant, Marc Bloch, se disait Juif par la naissance et non par religion. « Je n’en tire ni orgueil ni honte, étant, je l’espère, assez bon historien pour n’ignorer point que les prédispositions raciales sont un mythe (…). Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas: en face d’un antisémite », assurait-il. Le fondateur de la préstigieuse École des Annales, estimait dans L’Étrange Défaite que « juif » désigne « un groupe de croyants, recrutés, jadis, dans tout le monde méditerranéen, turco-khazar et slave ».

En 1943, l’historien israélien, Abraham Polak, proposa deux hypothèses controversées : une origine non moyen-orientale pour la plupart des Juifs d’Europe orientale et une origine criméenne et non pas allemande du yiddish.

En 1976, Arthur Koestler popularise cette théorie dans son livre « La Treizième Tribu », mais sa thèse est immédiatement critiquée pour son manque de rigueur scientifique. Bernard Lewis, historien britannique, qui s’est rendu aux réunions du groupe Bilderberg en 1979, 2001 et 2002, soulignait que cette théorie n’est soutenue par aucune preuve substantielle et qu’elle est rejetée par les chercheurs sérieux.

L’hypothèse khazare a connu un regain d’intérêt avec la publication du livre de l’Historien Israëlien, Shlomo Sand, en 2008, « Comment le peuple juif fut inventé ». Sand reprend les idées de Koestler pour étayer sa propre thèse sur les conversions successives à l’origine de la diaspora juive.

L’Historien Français, Marc Ferro, affirme quand à lui, que ce sujet est le grand « tabou de l’histoire ». Il a par ailleurs déclaré que bien des Juifs « croient ferme, comme les Juifs d’Europe centrale, qu’ils sont tous originaires de Palestine : ceux-ci ont oublié qu’une grande partie d’entre eux sont des convertis de l’époque du royaume khazar. »

En 2011, l’historien Moshe Gil a publié une étude sur soulignant que la plupart des théories développées sur le sujet provient des sources primaires arabes concernant la conversion des Khazars au judaïsme. Il conclut que ces sources ne permettent pas de confirmer cette conversion, affirmant que cela « n’a jamais eu lieu ». Cette conclusion a été réfutée par le byzantiniste français Constantin Zuckerman, qui critique Gil pour avoir négligé les témoignages des persans Ibn al-Faqih et Al-Mas’ûdî, mais aussi pour avoir ignoré des sources non-arabes. Selon Zuckerman, la conversion des Khazars au judaïsme est une réalité historique, et il considère que les méthodologies de Gil et de l’historien Shlomo Sand présentent des lacunes similaires. Zuckerman sera repris de volé par Shaul Stampfer, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, qui compte de nombreux contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, comme Eva Illouz, Victor Lavyn, Yuval Noah Harari, ou Ilan Chet, qui a critiqué ses sources et déclaré que la conversion d’« un groupe significatif de Khazars conduit par leur roi […] est une légende dépourvue de base factuelle ».

Études génétiques

En janvier 2013, Eran Elhaik, généticien à l’université Johns-Hopkins, qui fait pourtant partie du FEM, a publié une étude dans la revue Genome Biology and Evolution soutenant l’« hypothèse khazare ». Cette étude comparait les génomes de 1287 individus non apparentés, incluant huit groupes de population juifs et 74 non juifs. Elhaik concluait que le génome des Juifs d’Europe est une mosaïque de populations anciennes, incluant des Khazars judaïsés, des Juifs gréco-romains, mais aussi de Mésopotamie et de Palestine.

Cependant, Shaul Stampfer critiquera de nouveau cette étude, affirmant qu’elle est basée sur l’ADN de seulement douze Juifs ashkénazes d’Europe de l’Est et, qu’en l’absence d’ADN khazar, qu’elle compare à l’ADN d’Arméniens et de Géorgiens.

En 2022, Kevin Brook a mené une étude sur les haplogroupes, se distinguant de l’approche d’Eran Elhaik. Contrairement à Elhaik, qui prétendait que les Khazars étaient apparentés aux Arméniens et aux Géorgiens, Brook a soutenu que les Khazars étaient un peuple turc avec des origines en Asie centrale, dans la région de la Volga et le Caucase du Nord. Il a comparé les Juifs ashkénazes modernes à des échantillons génétiques médiévaux des Khazars ainsi qu’à des échantillons des populations modernes. Il a trouvé que les Juifs ashkénazes, en général, ne possèdent pas beaucoup d’ADN turc. Cependant, ils auraient deux haplogroupes mitochondriaux, N9a3a1b et A-a1b3a, qui sont liés aux peuples turciques.

La thèse de l’origine khazare des Juifs ashkénazes demeure un sujet de controverse, d’autant plus passionné qu’avec la création d’Israël, les sionistes voulaient mettre en avant leur origine palestinienne. Reste la thèse défendu par la caste royale des Khazars qui prétendait après sa conversion descendre de Kozar, un fils de Togarma, qui lui-même était le petit-fils de Japhet selon la Table des nations dans le Livre de la Genèse.

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