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Roger Garaudy. Photo : DR

Roger Garaudy : Un parcours politique et intellectuel iconoclaste et controversé

Roger Garaudy, né le 17 juillet 1913 à Marseille et décédé le 13 juin 2012 à Chennevières-sur-Marne, est une figure complexe de la politique et de la philosophie françaises. Homme politique, philosophe, écrivain, Garaudy a marqué son époque par ses engagements variés et controversés, étant notamment accusé de négationnisme. Outre son parcours politique atypique, il se distinguait par ses conversions successives au protestantisme, au catholicisme puis à l’islam, fait d’autant plus remarquable qu’il a également été un fervent communiste.

Issu d’une famille modeste, Roger Garaudy grandit dans un environnement religieux mixte, oscillant entre protestantisme, catholicisme et athéisme. Il adhère au Parti communiste français en 1933 et obtient l’agrégation de philosophie en 1936. Après un doctorat en philosophie sur la « Théorie matérialiste de la connaissance » à la Sorbonne, il entame une carrière académique et politique.

Mobilisé en 1939, il obtient la Croix de Guerre après avoir combattu dans la Somme. Arrêté en 1941, il est déporté par le régime de Vichy dans un camp en Algérie jusqu’en 1943. Par la suite, il devient rédacteur en chef de Radio-France à Alger, puis collabore avec André Marty à l’hebdomadaire communiste Liberté. Après avoir obtenu son doctorat, il enseigne à l’université de Clermont-Ferrand, puis à l’université de Poitiers, où il subit l’hostilité du Franc-maçon, Michel Foucault, ce qui le conduit à demander sa mutation. Il dirige ensuite les Cahiers du communisme jusqu’en 1964.

Parcours politique

Membre influent du PCF, Garaudy est élu député du Tarn de 1945 à 1951, puis de la Seine de 1956 à 1958, avant de devenir sénateur de Paris de 1959 à 1962. Durant sa période de députation, il se lie d’amitié avec l’abbé Pierre, alors également député du Mouvement républicain populaire.

Cependant, ses critiques envers le bloc de l’Est et sa vision d’un communisme humaniste et ouvert à la spiritualité le conduisent à son exclusion du PCF en 1970.

Engagements écologiques et candidature présidentielle

Après son exclusion du PCF, Garaudy se rapproche des milieux écologistes et annonce son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 1981. Bien que sa candidature ne soit pas retenue, il continue à défendre des idées écologistes et conservatrices.

Conversion religieuse

Au fil des années, Garaudy se convertit successivement au protestantisme, au catholicisme et enfin à l’islam en 1982. Il s’engage alors dans le dialogue interreligieux et fonde la « Fondation Roger-Garaudy » en Espagne, dédiée à l’histoire de l’islam en Al-Andalus. Sa fidélité au marxisme lui vaudra toutefois une fatwa.

Controverses et négationnisme

En tant que directeur du Centre d’études et de recherches marxistes, Roger Garaudy a été l’un des théoriciens du Parti communiste français. Toutefois, il a été reproché pour ses prises de positions considérées comme négationnistes sur le goulag et pour avoir minimisé les appels au terrorisme de Lénine, notamment par Marc Ferro, directeur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales, dont la création a été soutenue par la CIA, pour contrer l’influence du communisme dans les universités. 

Roger Garaudy est l’auteur de nombreux ouvrages, mais son livre le plus controversé reste « Les Mythes fondateurs de la politique israélienne » (1995). Dans cet ouvrage, il soutient la thèse d’un « complot sioniste », qui, pour justifier l’expansionnisme israélien, aurait « inventé la Shoah ». Il a également comparé le sionisme au nazisme.

Suite à un article du Canard Enchaîné publié en 1996, plusieurs plaintes ont été déposées contre lui pour contestation de crime contre l’humanité, diffamation raciale publique et provocation à la haine raciale par des associations de résistants, de déportés et des organisations de défense des droits de l’homme.

En avril 1996, Garaudy reçoit le soutien de son ami l’abbé Pierre, qui sera exclu de la LICRA l’association anti raciste, fondée par le franc-maçon, Bernard Lecache, pour cette raison. Roger Garaudy est condamné le 27 février 1998 pour contestation de crimes contre l’humanité et diffamation raciale. Le tribunal souligne que « loin de se borner à une critique du sionisme […] Roger Garaudy s’est livré à une contestation virulente et systématique des crimes contre l’humanité commis contre la communauté juive », rejetant l’argument selon lequel son livre serait « antisioniste » et non « antisémite ».

Ce jugement est confirmé en appel, et Garaudy est en outre condamné pour provocation à la haine raciale. Son recours devant la Cour européenne des droits de l’homme est déclaré irrecevable.

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