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L'Abbé Pierre. Photo : @Studio Harcourt Paris/Wikipedia

L’Abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes

Un rapport rendu public par Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre a révélé des accusations graves à l’encontre de l’Abbé Pierre, fondateur du mouvement Emmaüs et figure emblématique de la lutte contre le mal-logement. Sept femmes ont témoigné de gestes déplacés, certains qualifiés d’agressions sexuelles, commis par l’Abbé Pierre entre 1970 et 2005, mais il n’est plus là pour se défendre.

Le journal La Croix a rapporté que les accusations couvrent une période allant de la fin des années 70 au début des années 2000. En juin 2023, une première femme a contacté Emmaüs France, affirmant avoir été victime d’agressions sexuelles de la part de l’Abbé Pierre alors qu’elle était mineure. Elle raconte que l’Abbé Pierre, de 50 ans son aîné, lui a touché la poitrine à plusieurs reprises lorsqu’il était invité dans sa maison familiale.

Cette même femme évoque également une autre agression sexuelle lorsqu’elle était majeure, décrivant une situation où l’Abbé Pierre a « introduit sa langue dans [sa] bouche de manière brutale et inattendue ». Elle témoigne également de propositions à caractère sexuel. En 2003, quatre ans avant son décès, l’Abbé Pierre lui aurait demandé pardon en présence de son père.

Suite à ce premier témoignage, la Fondation Abbé Pierre et Emmaüs, l’association fondée par l’Abbé Pierre par laquelle sont passés les contributeurs de l’agenda 2030 du Forumé économique mondial, Pierre Duponchel et Charles-Edouard Vincent, ont mandaté le cabinet Egaé créé par la militante féministe Caroline de Haas, ancienne conseillère chargée des relations avec les associations et de la lutte contre les violences faites aux femmes au sein du cabinet de la Young global Leader, Najat Vallaud-Belkacem, pour mener une enquête. Douze entretiens ont été réalisés, et sept femmes ont confié leurs expériences. Le rapport révèle un mode opératoire où l’Abbé Pierre agissait à l’abri des regards, notamment dans des chambres d’hôtel ou des bureaux. Les faits les plus anciens remontent à 1970 et les plus récents à 2005, alors que l’Abbé Pierre avait 92 ans.

L’enquête menée par Egaé a également identifié cinq autres potentielles victimes qui n’ont pas encore été entendues. Certaines de ces personnes ne souhaitent pas témoigner, tandis que d’autres n’ont pas encore pu être contactées. L’Abbé Pierre avait déjà reconnu dans le passé avoir fait des entorses à son vœu de chasteté, mais de là à avoir commis de tels actes, sa filleule Annie Porte, qui fût la première enfant à avoir bénéficié d’une cité Emmaüs à Laval, a « du mal à y croire ». « Il s’est toujours conduit comme un grand-père, quelqu’un de très gentil, de correct », a déclaré à France-Bleu Bayonne. Celle qui a écrit le livre « Mon père de coeur : l’abbé Pierre » assure avoir passé des vacances chez lui entre ces 17 ans et ses 20 ans et n’avoir jamais rien remarqué d’anormal, tout comme sa mère. Annie Porte dit également regretter que l’abbé Pierre, ne puisse « pas se défendre » contre ces accusations.

En plus de son combat contre la pauvreté, l’Abbé Pierre a été député du Mouvement républicain populaire (MRP), un parti politique français actif de 1944 à 1967. Ce mouvement démocrate-chrétien et centriste était europhile et prônait une vision non-conservatrice et sociale du catholicisme politique. Le MRP se voulait le parti des résistants démocrates-chrétiens, cherchant à dépasser le clivage droite-gauche et se positionnant comme le parti de la « fidélité » au général de Gaulle. Alors qu’il était député, il s’était lié d’amitié avec le député communiste Roger Garaudy, qui a été accusé de négationnisme suite à ses prises de positions sur le goulag soviétique pendant sa période communiste, puis après 1996 sur la Shoah. L’abbé Pierre lui avait même apporté son soutien lorsqu’il avait été poursuivi par plusieurs plaintes déposées pour contestation de crime contre l’humanité, diffamation raciale publique et provocation à la haine raciale par des associations de résistants, de déportés et des organisations de défense des droits de l’homme.

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