Ce mardi 21 janvier 2025, la 10e chambre correctionnelle du tribunal de Paris a accueilli le procès de quatre hommes accusés d’avoir harcelé en ligne la streameuse Ultia, l’une des figures les plus suivies de Twitch en France.
En 2021, Ultia avait dénoncé des propos sexistes prononcés lors du Z Event, par le streameur Inoxtag, qui est depuis 2019 sous contrat avec Webedia, une régie publicitaire spécialisée dans les médias en ligne, qui est la filiale du groupe Fimalac, holding du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière ancien membre du comité de direction du groupe Bilderberg et administrateur du club d’influence Le Siècle, fondé par des Franc-maçons.
Diplôme de l’IAE de Lyon, Ultia qui a travaillé comme responsable commerciale chez Capcom, entreprise ayant parmi ses principaux actionnaires le fonds souverain d’Arabie saoudite, le Public Investment Fund, membre du Forum économique mondial a quitté son poste pour se consacrer à son activité de streameuse. Elle diffuse notamment du contenu en lien avec l’univers Nintendo, géant qui compte également parmi ses actionnaires, le Public Investment Fund.
La streameuse qui ne cache pas ses idées féministes avait porté plainte pour cyberharcèlement à la fin de l’année 2022. Une expertise psychiatrique avait conclu qu’elle était victime d’un stress post-traumatique et une incapacité totale de travail de huit jours lui avait été délivrée.
Lorsqu’elle a pris la parole hier, Ultia a évoqué un flot incessant de messages haineux et de menaces et affirme avoir reçu des dizaines de milliers de messages d’insultes reçus depuis 2021.
Des prévenus qui minimisent leurs actes
Au tribunal, quatre hommes ont été appelé à comparaitre. Parmi les accusés, Nazim H., 39 ans, avait déjà été condamné en 2018 pour harcèlement sexuel. Il a admis avoir envoyé des e-mails insultants, mais a minimisé la gravité de ses actes. Nathan F., 21 ans, qui passe en moyenne dix heures par jour devant son écran, a envoyé des menaces explicites à Ultia, telles que : « Sale pute, va te faire violer. »Lors du procès, il a tenté de justifier son comportement en affirmant avoir été influencé par un streameur.
Un troisième prévenu, Edis M., 24 ans, a publié sur un chat de stream un message évoquant son désir de « finir » Ultia et d’autres streameurs à la « kalash ». Enfin, Ismaël M., absent au procès, a rédigé des menaces de mort explicites, souhaitant à Ultia d’être « étranglée » et « défigurée ».
Des peines avec sursis requises
Le procureur de la République a requis des peines allant de sept à douze mois de prison avec sursis, accompagnées d’un stage de sensibilisation et d’une interdiction de contact avec Ultia pendant cinq ans. L’avocate de la streameuse, Nathalie Tomasini, a insisté sur l’ampleur du phénomène : « Nous ne sommes que face à quatre prévenus, mais en réalité, des milliers de harceleurs ont participé à cette campagne de haine. »
Un fléau qui persiste sur Twitch et les réseaux sociaux
En quittant le tribunal, Ultia a rappelé la gravité du problème : « Personne ne semble comprendre ce qu’est le cyber-harcèlement, ni les prévenus, ni même certains streameurs. » Elle affirme avoir bloqué plus de 5 000 comptes sur X (anciennement Twitter) pour tenter de se protéger.
Le verdict final est attendu pour le 12 février, tandis que cette affaire relance le débat sur la lutte contre la haine en ligne et l’impunité des cyber-harceleurs.