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Affaire Hermès : la mort suspecte d’Éric Freymond relance les zones d’ombre d’un scandale à 13 milliards

Éric Freymond, ancien gestionnaire de la fortune de Nicolas Puech, héritier d’Hermès, a été retrouvé mort en Suisse au lendemain de trois jours d’interrogatoire. Sa disparition brutale bouleverse une affaire tentaculaire mêlant abus de confiance, disparitions d’actions et soupçons d’escroquerie à l’échelle internationale.

C’est un nouveau rebondissement dramatique dans une affaire qui, depuis plus de dix ans, oppose l’un des héritiers de la dynastie Hermès à son ancien homme de confiance. Éric Freymond, 67 ans, banquier et mécène établi à Genève, a été retrouvé mort le 23 juillet près de son chalet à Saanen, dans le canton de Berne. Selon les premières informations relayées par 24 Heures, il aurait été percuté par un train près du camping de la commune. La justice genevoise n’écarte pour l’instant aucune piste : suicide, accident ou acte criminel.

Freymond venait tout juste de passer trois jours d’interrogatoire devant la juge parisienne Anne de Pingon, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour abus de confiance aggravée, escroquerie en bande organisée, complicité et recel. Cette enquête explosive porte sur la disparition de six millions d’actions Hermès — d’une valeur estimée à 13 milliards d’euros — appartenant à Nicolas Puech, descendant direct de la célèbre maison de luxe française.

Pendant 25 ans, Éric Freymond avait géré les intérêts de Nicolas Puech à travers un réseau complexe de structures financières réparties entre la Suisse, les Émirats, le Qatar et les États-Unis. Mais à la suite de soupçons sur des transferts opaques et de montages jugés douteux, Puech avait déposé plainte, accusant son ancien homme d’affaires d’avoir détourné ses titres. Hermès, de son côté, s’était joint à la procédure. Malgré une décision défavorable rendue à Genève l’an dernier, la justice française poursuivait ses investigations. L’arrivée récente du juge d’instruction Serge Tournaire, en co-saisine avec Anne de Pingon, marquait un tournant dans cette affaire jugée d’une complexité extrême.

Mais la mort soudaine d’Éric Freymond change la donne judiciaire. En droit français, le décès d’un mis en cause entraîne l’extinction de l’action publique à son encontre. « Il ne voyait plus d’issue, il était à bout », confie un proche cité anonymement. Selon son entourage, Freymond, récemment vu à Florence pour le mariage de sa fille, se sentait « trahi », « harcelé procéduralement » et profondément affecté par la pression judiciaire.

Ses avocats français, François Zimeray et Jessica Finelle, ont exprimé leur désarroi : « C’est une épreuve bouleversante. Éric Freymond était d’une rare sensibilité. Il a été brisé par la violence du soupçon, la trahison et la dureté d’un monde sans indulgence. »

Reste une question centrale : la lumière pourra-t-elle être faite sur les milliards d’euros d’actions Hermès disparues ? Si la procédure publique s’éteint avec la mort du principal suspect, les enquêteurs, les juges et le groupe Hermès disposent encore d’éléments pour poursuivre l’exploration de ce dossier aux ramifications internationales.

Sources :
Article original publié dans Challenges le 24 juillet 2025 par Claire Bouleau et Thiébault Dromard, avec compléments issus de 24 Heures (Suisse).

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