À Villeurbanne, lors du lancement de campagne du Rassemblement national pour les métropolitaines, une journaliste de Rue89Lyon s’est vu refuser l’entrée malgré une inscription validée. Un nouvel épisode de tensions entre le parti d’extrême droite et plusieurs médias locaux, qui interroge la place accordée au travail journalistique en période électorale.
La scène se déroule aux Terrasses du parc, élégante salle de réception de Villeurbanne, ce dimanche 7 décembre. Alors qu’elle tente d’accéder au premier meeting métropolitain de Tiffany Joncour, députée RN du Rhône et figure montante du parti dans la région lyonnaise, la journaliste de Rue89Lyon Marie Allenou est stoppée net. Devant elle, Cédric Pignal, ancien candidat aux législatives, tient une feuille où son nom apparaît en toutes lettres, souligné de rouge, accompagné d’une mention sans équivoque : « pas accréditée ». Le message est clair : l’entrée lui est interdite.
Le refus intervient après une première fin de non-recevoir. Quelques jours plus tôt, la rédaction avait sollicité une accréditation presse afin d’assister à la conférence de presse préparant l’évènement. Tim Bouzon, assistant parlementaire et bras droit de Tiffany Joncour, l’avait écartée d’un simple « non merci », renvoyant à une brève publiée par Rue89Lyon sur un rassemblement anti-RN annoncé le même jour. Une justification pour le moins sommaire, qui prend une tout autre dimension lorsque l’on découvre que le nom de la journaliste a été placé sur une « liste rouge », selon le média lyonnais.
Fait notable, Marie Allenou avait pris soin de s’inscrire comme citoyenne lambda pour accéder au meeting, procédure validée par un mail de confirmation reçu le matin même. Rien n’y a fait : malgré la nature publique de l’évènement, les équipes du RN ont confirmé à l’entrée qu’elles refusaient l’accès à une journaliste dûment identifiée comme telle. Une décision lourde de conséquences, puisqu’elle a empêché toute couverture du meeting, du nombre de participants aux propos tenus, en passant par l’ambiance et les soutiens présents. Autant d’éléments essentiels pour assurer le suivi démocratique d’une campagne électorale.
À l’extérieur, plusieurs centaines de personnes avaient convergé vers Charpennes pour protester contre la tenue du meeting, dans une atmosphère électrique où syndicats, associations et collectifs ont multiplié les prises de parole. On y scandait « siamo tutti antifascisti », signe d’une mobilisation nourrie par une opposition au parti d’extrême droite. Si cette contestation publique n’explique pas entièrement l’attitude du RN envers Rue89Lyon, elle sert de toile de fond à un climat politique crispé.
Ce nouvel épisode n’est pas isolé. Lors du second tour des législatives 2024, des journalistes de Tribune de Lyon et de Mediacités avaient été expulsés d’une soirée électorale du RN organisée chez un particulier. Rue89Lyon relève également que ses demandes d’ajout aux communications presse du parti étaient restées sans réponse lors de la même séquence électorale. Un militant a même évoqué l’existence d’une liste de médias jugés « toxiques », auxquels le RN refuserait systématiquement de répondre. Une pratique qui, si elle était avérée, poserait frontalement la question du respect des règles démocratiques d’accès à l’information.
Sources :
Rue89Lyon – À Villeurbanne, le RN interdit l’entrée de son meeting à une journaliste de Rue89Lyon (08 décembre 2025) – lien