Lee « Scratch » Perry, l’icône du dub et du reggae, continue de laisser sa marque même après sa disparition. Peu de temps avant son décès en 2021 à l’âge de 85 ans, il a enregistrer son dernier album, supervisé par le producteur anglais Daniel Boyle, avec qui il avait déjà travaillé à plusieurs reprises. Il en résulte un album posthume intitulé « King Perry », aussi éclectique et barré que son regretté auteur.
Lee Perry, de son vrai nom Rainford Hugh Perry, était un pionnier du dub dans les années 1970 en utilisant le remixing et les effets de studio pour créer de nouvelles versions de chansons reggae existantes. Lee Perry s’est distingué dans le reggae international en propulsant la musical jamaïquaine dans le digital, à l’instar de Mad Professor.
Perry a collaboré avec de nombreux artistes en tant que producteur, notamment Bob Marley et les Wailers, Junior Murvin, The Congos, Max Romeo, Beastie Boys, et bien d’autres. Marley décrivait d’ailleurs Perry comme un « génie ».
Son studio, le Black Ark, est devenu un lieu emblématique de la scène musicale jamaïcaine. Ce grand fan de Westerns spaghetti et de films de Kung fu a collaboré avec des musiciens blancs comme The Clash ou Paul MacCartney, ce qui lui a valu des ennuis avec des racistes jamaïquains. En 1981, il a incendié son propre studio, dans un geste emprunt de mysticisme, qui a ajouté à sa légende et s’est exilé en Angleterre, où il a rencontré le producteur Adrian Sherwood. Plus tard, il a vécu en Suisse et s’est marié avec une Zurichoise.
À l’âge de 80 ans, Lee « Scratch » Perry s’est associé au producteur Daniel Boyle pour une série d’albums. Parmi eux, « Back On The Controls » en 2014 et « The Black Album » en 2018, qui ont été enregistrés en analogique pour préserver l’essence du son authentique du reggae. Cependant, Perry a ressenti le besoin de passer le flambeau à une nouvelle génération d’artistes.
L’idée de l’album « King Perry » a pris forme alors que Lee « Scratch » Perry était encore en vie. Il voulait créer quelque chose de nouveau tout en restant fidèle à l’esprit du dub. Accompagné de Daniel Boyle, Perry a puisé dans des influences diverses, de la synthwave à l’électronica.
Ce projet a été élaboré pendant la pandémie de Covid. Après avoir vécu le confinement en Suisse, Lee « Scratch » Perry s’est rendu en février 2021 en Jamaïque, où il est mort le 29 août à l’Hopital de Lucea. Le premier ministre Jamaïquain et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Andrew Holness, a alors exprimé ses « condoléances à sa famille, ses amis et ses fans ».
Après sa mort, la veuve de Lee Scratch Perry, Mireille Perry, a posté un message énigmatique sur Instagram, insinuant que son mari n’était pas mort d’une attaque ou d’une cause naturelle. « Personne ne s’attendait à quelque chose comme ça car il n’était pas malade ! », a-t-elle déclaré ajoutant qu’elle n’était pas « autorisé à donner de détails pour le moment, mais je pourrais simplement dire que l’hôpital Lucea n’a rien à voir avec sa disparition tragique ou a fait quelque chose de mal. »
Elle a ravivé la controverse entourant la mort de son mari le 12 février 2022 en publiant un post sur les réseaux officiels de l’artiste dans lequel elle montrait une vidéo où l’on pouvait voire Lee Perry travailler sur un morceau, quelques heures avant son décès, pour prouver qu’il ne montrait aucun signe de malaise, appelant la communauté de ses fans à l’aider à obtenir justice.
Toujours est-il que Lee « Scratch » Perry, laisse un héritage musical riche, constitué d’une discographie fournie, qui vient encore s’enrichir avec l’album posthume « King Perry », alors que d’autres projets sont également en cours. Cet album, dont la sortie est prévue pour le 2 février 2024, représente un hommage approprié à cet artiste légendaire et atypique. Le single de l’album, interprété par la talentueuse Greentea Peng, offre un avant-goût de ce que les auditeurs peuvent attendre.