Le parcours du légendaire DJ Mehdi, figure incontournable du rap et de l’électro français, est brillamment retracé dans le documentaire DJ Mehdi : Made in France, produit par Arte. Ce projet séduit à la fois les connaisseurs et les néophytes, captivant le public avec l’histoire fascinante de cet artiste visionnaire et atypique.
Ce documentaire, réalisé par son ami Thibaut de Longeville, revient sur le parcours d’un producteur de génie qui l’a mené du rap hardcore à l’électro. À travers des interviews exclusives avec des figures de la scène musicale telles que Kery James et Pedro Winter, la série de six épisodes plonge dans les archives sonores et visuelles de cet artiste autodidacte.
La période hip hop de Dj Medhi
Made in France revient sur les débuts de DJ Mehdi, jeune talent du Val-de-Marne, façonnant son style dès l’adolescence, grâce au sampleur qu’il s’était façonné à 13 ans. On apprend qu’il avait transmis une cassette à Manu Key, qui contenait des prods pour Idéal Junior, un groupe comptant un certain Kerry James, autre talent précoce. À une époque où le groupe Kris Kross cartonnait outre manche, un producteur n’a pas tardé à leur faire confiance, mais leur début n’ont pas été à la hauteur de ses ésperances. Les jeunes artistes ne voulaient pas faire de concessions à leur art et ont été bloqués contractuellement pendant plusieurs années. Ils ont toutefois pris de la bouteille, fondé leur label Alariana Records avec l’oncle de Medhi, Choukri Essady. et opéré un comme back fracassant avec Idéal J, sortant l’album mythique « Le combat continue ». Médhi est également devenu le producteur officiel de la Mafia K-1 Fry, un collectif réunissant Idélal J, Manu Key, le groupe Intouchable, Rohff et le groupe 113. Toutefois après un concert historique à l’Elysée Montmartre, le jour de l’enterrement de Las Montana, du groupe Intouchable, mort dans des circonstances affreuses, Kerry James, a annoncé qu’il arrêtait le rap pour se trouver vers la religion, alors que les maisons de disques leur offraient des ponts d’ors.
Dj Médhi se consolera avec Les Princes de la ville produit en collaboration avec le groupe 113, disque de platine qui a remporté deux Victoires de la musique en 2000. Cette album incluait notamment l’excellent « Tontondu bled », sur lequel DJ Medhi avait samplé le morceau Hakatni Eddamaa sorti en 1969 du chanteur Oranais Ahmed Whabi, cofondateur du genre musical algérien nommé El Asri. Cela lui coutera d’ailleurs un procès et de verser d’importantes indemnités. Le DJ-Producteur a également travaillé avec MC Solaar ou Booba, pour lequel il produira notamment le morceau, « Couleur Ebène », sur l’album « Ouest Side ».
Entre temps, en 1997, DJ Mehdi avait fondé le label Espionnage et sorti Espion Le EP, un album sur lequel figuraient déjà Rohff et des vieilles gloires du rap français, comme Danny Dan, Rocé ou Manu Key, mais le rappeur s’orientait lentement, mais surement vers les musiques électroniques.
Il faut dire que dans les studios, il avait rencontré les ingénieurs du son, Philippe « Zadar » Cerboneschi et Hubert « Boombass » Blanc-Francard, membres du groupe Cassius et fiers représentants de la French touch. Cela s’était d’ailleurs senti dans ses prod’. Ses rélations avec Daft Punk avaient même permis un featuring improbable entre 113 et Thomas Bangalter.
Sa période électro
En 2002, Dj Medhi a sorti (The Story of) Espion, un album mêlant hip hop, électro et expérimentation acoustique, qu’il avait conçu comme une B.O., comme il nous l’avait expliqué à l’époque. Il avait également évoqué la signification du titre de cet album, illustrant son ressenti lors de son entrée dans le monde des musiques électroniques par lesquelles il était extrêmement attiré.
Le documentaire retrace également les aventures de DJ Medhi au sein du label Ed Banger avec Pedro Winter et des groupes comme Justice. Il mixe alors dans les plus grands festivals mondiaux, y compris Coachella. En 2010, il forme avec Riton le duo Carte Blanche, lançant l’EP « Black Billionaires » en hommage aux pionniers afro-américains de la house et mixant à quatre mains.
Une fin tragique
Malheureusement, en 2011, DJ Mehdi a tragiquement perdu la vie à l’âge de 34 ans, lors de l’effondrement de sa mezzanine à Paris. Sa disparition a suscité des hommages émouvants de la part d’artistes du monde entier. .
Un documentaire loué par les observateurs
Ce documentaire lui rendant hommage, est composé de six épisodes oscillant entre 31 et 50 minutes,. Il a reçu des critiques élogieuses de la part de fans, journalistes, et professionnels de la musique. Le beatmaker Diabi, le rappeur et acteur Moussa Mansaly, et d’autres figures influentes du hip-hop français saluent la qualité de la série.