Les juges d’instruction parisiens ont rendu leur ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel dans l’affaire Lafarge. Le groupe cimentier et huit de ses anciens dirigeants sont accusés d’avoir financé des groupes terroristes, dont l’État islamique et le Front Al-Nosra, entre 2013 et 2014 pour maintenir leur activité en Syrie. L’entreprise aurait versé des taxes et des droits de passage pour assurer la production de ciment à l’usine de Jalabiya, près de la frontière turque. Ce procès devrait se tenir en 2025.
L’usine syrienne de Lafarge, implantée dans le nord du pays, a été un centre névralgique pour la production de ciment dans une zone sous tension. À une époque marquée par l’émergence de l’État islamique, Lafarge aurait, selon l’enquête, effectué des versements à divers groupes terroristes pour protéger son activité. Ces transactions ont été mises en lumière après une enquête approfondie menée sur plusieurs années. Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a requis le renvoi en procès des cadres de Lafarge.
Qui sont les cadres incriminés ?
Parmi les personnes renvoyées devant le tribunal, cinq sont des anciens cadres du groupe, dont l’ex-PDG Bruno Lafont et l’ancien directeur général adjoint Christian Herrault. D’autres responsables étrangers, comme le Norvégien Jacob Waerness et le Jordanien Ahmad Jaloudi, sont également impliqués. Seul Jean-Claude Veillard, ancien responsable de la sûreté, bénéficie d’un non-lieu.
Un procès en deux volets
Le procès à venir ne portera que sur l’accusation de financement du terrorisme. Un second volet, portant sur la complicité de crimes contre l’humanité, reste en cours. Lafarge est déjà sous le coup de sanctions internationales, notamment aux États-Unis, où un accord a été signé en 2022 pour régler des poursuites similaires.
Les répercussions internationales
Ce procès est le résultat de sept années d’enquêtes et pourrait bien devenir l’un des symboles des conséquences économiques et morales des décisions prises par les multinationales dans des zones de conflit. En 2025, l’affaire Lafarge pourrait marquer un tournant dans la manière dont les entreprises devront opérer dans des régions à risque, notamment en termes de respect des droits humains.