Reconue coupable du meurtre, du viol et des tortures infligées à la jeune Lola Daviet, Dahbia Benkired a été condamnée ce vendredi à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible. Une sanction rarissime, souvent présentée comme “la perpétuité réelle”, et réservée aux crimes les plus atroces.
C’est un verdict d’une extrême gravité, inédit pour une femme en France. Vendredi 24 octobre, la cour d’assises de Paris a condamné Dahbia Benkired à la perpétuité incompressible, dite “réelle”, pour le meurtre, le viol et les actes de torture infligés à Lola Daviet, 12 ans, en octobre 2022. Une décision saluée par une partie de la classe politique, mais qui relance aussi le débat sur la signification réelle de cette peine.
La “perpétuité réelle” représente la sanction maximale du droit pénal français depuis l’abolition de la peine de mort en 1981. Introduite en 1994 sous l’impulsion du ministre de la Justice Pierre Méhaignerie, elle avait été conçue pour répondre à l’indignation provoquée par le viol et le meurtre d’une fillette par un récidiviste. Initialement prévue pour les crimes sexuels particulièrement barbares sur mineurs, elle a depuis été étendue aux meurtres de représentants de l’autorité publique (policiers, magistrats, surveillants de prison) et aux crimes terroristes depuis 2016.
Mais contrairement à son appellation, la “perpétuité réelle” n’exclut pas tout possibilité de libération. Après trente années de détention, le condamné peut saisir le tribunal de l’application des peines pour demander la levée de la période de sûreté. Une démarche soumise à des conditions strictes : démontrer une réinsertion sociale crédible, obtenir un avis favorable d’un collège de trois experts médicaux et prouver que la libération ne causerait pas un trouble grave à l’ordre public. La décision finale appartient à une formation spéciale de magistrats de la Cour de cassation.
Dans les faits, cette procédure n’a jamais abouti : aucun condamné à la perpétuité incompressible n’a encore été libéré en France. Les cas restent rarissimes : Pierre Bodein, Michel Fourniret, Nicolas Blondiau, Yannick Luende Bothelo et Salah Abdeslam avaient jusque-là été les seuls à subir cette peine extrême.
La Cour européenne des droits de l’homme a validé ce régime en 2014, estimant qu’il ne violait pas la Convention européenne dès lors qu’un “espoir de libération, même infime” demeurait possible.
Cette peine, souvent qualifiée de “mort sociale”, cristallise les débats sur la finalité de la justice pénale. Pour certains, elle incarne le dernier rempart moral face à la barbarie. Pour d’autres, elle fige la justice dans une logique de rétribution absolue, où la notion de réhabilitation disparaît.
Dans le sillage du verdict, Marine Le Pen a salué une “décision juste” tout en appelant à “aller plus loin”, demandant que “les auteurs de crimes barbares soient condamnés à la prison à vie sans exception”. À gauche, plusieurs voix ont rappelé la nécessité de maintenir une possibilité de réinsertion, même théorique, afin de respecter les principes fondamentaux de l’État de droit.
Ce verdict vient clore un procès qui aura profondément marqué l’opinion publique. Pour les proches de Lola, cette peine symbolise avant tout la reconnaissance de l’horreur subie. Pour la justice, elle rappelle la gravité d’un crime que même la perpétuité peine à mesurer.
Sources :
Le HuffPost – « Dahbia Benkired, meurtrière de Lola, condamnée à la perpétuité “réelle”, qu’est-ce que c’est ? » – 24 octobre 2025 – lien
Le Monde – « Procès du meurtre de Lola Daviet : Dahbia Benkired condamnée à la perpétuité incompressible » – 24 octobre 2025 – lien
Franceinfo – « Perpétuité réelle : une peine rare et controversée » – 24 octobre 2025 – lien