La disparition de Jean-Marie Le Pen, cofondateur du Front national (devenu Rassemblement national), à l’âge de 96 ans, a suscité de nombreuses réactions à l’international. Si certains médias français adoptent un ton modéré, voire indulgent, le présentant souvent comme un lanceur d’alerte, la presse étrangère n’hésite pas à dresser un portrait sans complaisance de l’ancien leader de l’extrême droite française.
De nombreux titres étrangers pointent les positions controversées de Jean-Marie Le Pen, marquées par des propos racistes, antésémites et négationnistes. Le journal suisse Le Temps souligne l’embarras des médias français, parfois réticents à critiquer un défunt en raison de «l’usage culturel de ne pas dire du mal des morts», combiné à une droitisation de certains titres français. Cette réticence contraste avec les éditos incisifs d’autres publications internationales.
Propos racistes et passé controversé
Des journaux comme Le Matin d’Algérie ou Die Zeit (Allemagne) rappellent le rôle actif de Jean-Marie Le Pen durant la guerre d’Algérie, notamment son implication dans l’usage de la torture contre les partisans du FLN. Le journal belge Le Soir dresse un portrait sombre en évoquant ses multiples condamnations pour provocation à la haine et apologie de crimes de guerre. Ses propos réduisant les chambres à gaz à un «détail de l’histoire» sont également mis en avant par le journal espagnol ABC.
Le New York Times résume son héritage politique en le qualifiant de «spectre d’un nouveau fascisme», rappelant ses attaques contre les minorités et sa vision d’une France peuplée uniquement de «vrais Français».
Un héritage toujours présent
L’éditorialiste du journal belge Le Soir met en lumière l’héritage politique de Jean-Marie Le Pen, encore perceptible dans le discours et les stratégies actuelles du Rassemblement national. Selon lui, le Front National fondé en 1972 a su capitaliser sur «le rejet de l’autre» pour atteindre le deuxième tour de la présidentielle de 2002. Il estime que cette stratégie reste au cœur du positionnement du RN aujourd’hui.
En revanche, des titres comme le quotidien hongrois Magyar Nezmet évitent de revenir sur les controverses, se concentrant sur les hommages rendus par des personnalités politiques comme Jordan Bardella ou Éric Zemmour.
Une ascension européenne de la droite populiste
Le journal suisse Blick et le britannique Guardian soulignent l’impact de Jean-Marie Le Pen à l’échelle européenne. En fédérant des groupes aussi divers que les skinheads et la haute bourgeoisie, il a contribué à faire glisser le discours conservateur vers l’extrême droite. Ses médias estiment que sa fille, Marine Le Pen, a su transformer cet héritage en édulcorant le discours pour créer une droite populiste normalisée, aujourd’hui influente en Europe.
La mort de Jean-Marie Le Pen suscite des réactions partagées, révélant un fossé entre la presse française et étrangère dans l’analyse de son parcours. Si son passé controversé est atténué par certains journalistes français, son héritage politique reste un sujet débattu, reflétant l’influence persistante de son discours à l’échelle nationale et européenne.
Sources : Blick, The Guardian, Le Soir, Le Temps, Le Matin d’Algérie, Die Zeit, Magyar Nezme, ABC.