Face à l’ampleur de la criminalité liée au narcotrafic, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et le ministre de la Justice, Didier Migaud, ont annoncé à Marseille un renforcement des dispositifs de lutte contre ce phénomène, aussi bien au niveau technologique que législatif. Érigée en « cause nationale », la lutte contre le narcotrafic devient prioritaire, alors que la cité phocéenne est le théâtre de violents affrontements entre gangs rivaux.
Une cellule de coordination nationale pour un front uni
Didier Migaud a annoncé la création prochaine d’une « cellule de coordination nationale », chargée d’évaluer la menace, de définir une stratégie et de la mettre en œuvre de manière opérationnelle. Cette cellule, soutenue par le premier ministre, vise à mieux structurer la réponse de l’État face au narcotrafic, en renforçant notamment les équipes du parquet de Paris de 40 % pour une lutte plus efficace contre la criminalité organisée.
Des moyens renforcés et des effectifs augmentés
Afin de répondre à l’urgence de la situation, les ressources allouées aux juridictions interrégionales spécialisées (JIRS) et aux antennes régionales de l’Office antistupéfiants (Ofast) seront renforcées. À Marseille, 25 enquêteurs supplémentaires viendront épauler les forces de police locales, tandis que 95 agents supplémentaires seront affectés à la sécurisation de la voie publique.
En parallèle, la nomination d’un « magistrat de liaison » en Colombie, un pays à l’origine de nombreux trafics de drogue, illustre la volonté de coordonner la lutte au niveau international.
Vers des cours d’assises spéciales pour les crimes en bande organisée
Le gouvernement envisage également de faire juger les crimes liés au narcotrafic par des cours d’assises spéciales composées uniquement de magistrats professionnels. Inspirée du modèle de lutte contre le terrorisme, cette approche vise à réduire le risque de pressions sur les jurés populaires.
Bruno Retailleau souhaite par ailleurs adapter à la lutte contre le narcotrafic les techniques d’enquête employées contre le terrorisme, renforçant ainsi les outils juridiques et techniques à disposition des enquêteurs.
Sensibilisation et nouvelles sanctions
Pour frapper les trafiquants au portefeuille, Didier Migaud a évoqué un renforcement des procédures de saisie et de confiscation des biens, afin de priver les criminels de leurs ressources. En parallèle, une campagne de sensibilisation sera lancée pour alerter le public sur les liens entre l’usage de drogues et la violence liée au narcotrafic.
Une nouvelle infraction d’association de malfaiteurs criminelle pourrait également être créée, assortie de lourdes peines de réclusion, visant à dissuader les individus impliqués dans des réseaux de narcotrafic.
Un signal fort pour Marseille et la France
Ces mesures traduisent la détermination des autorités à répondre à l’urgence posée par le narcotrafic, en particulier à Marseille, où la violence liée à la drogue a atteint des niveaux alarmants. Cette « mobilisation générale » est un signal fort envoyé aux trafiquants, mais aussi aux citoyens, afin de redonner un sentiment de sécurité et de justice dans les quartiers touchés par ce fléau.
Interrogé par la presse, Retailleau a expliqué que « Les narcoracailles sont au top des nouvelles technologies, ils utilisent des drones, des imprimantes 3D pour créer des armes, la cryptomonnaie… Nos outils numériques sont défaillants et il nous faut nous remettre à niveau ».