La réforme visant à créer une holding de l’audiovisuel public revient ce jeudi au Sénat après son rejet à l’Assemblée. Portée par Rachida Dati, elle suscite l’opposition ferme de la gauche qui craint un « retour de l’ORTF en pire ».
La réforme de l’audiovisuel public entre dans une nouvelle phase parlementaire. Porté par la ministre de la Culture, Rachida Dati, le texte revient dès ce jeudi 10 juillet devant le Sénat, après son rejet en première lecture à l’Assemblée nationale. Une formalité pour la chambre haute, dominée par la droite et le centre, qui avait elle-même initié cette proposition de loi dès 2023 sous l’impulsion de Laurent Lafon (UDI), président de la commission de la Culture.
Le projet vise à regrouper France Télévisions, Radio France et l’INA au sein d’une holding baptisée France Médias. La ministre entend ainsi « gagner du temps » pour faire aboutir ce texte avant le 1er janvier 2026. En effet, l’adoption d’une motion de rejet préalable par la gauche le 30 juin, perçue initialement comme un revers, a permis au Sénat de reprendre l’examen bien plus tôt que prévu.
Pour Patrick Kanner, chef de file des sénateurs socialistes, la manœuvre a toutefois des allures d’échec tactique. « Ils se sont fait avoir comme des bleus », déplore-t-il dans les colonnes de Sud Ouest, tout en promettant d’entrer « en résistance » pour s’opposer à ce qu’il qualifie de « retour de l’ORTF en pire ». La gauche critique la méthode « brutale » de Rachida Dati et craint une remise en cause de l’indépendance des médias publics. Les groupes communiste, socialiste et écologiste, bien que minoritaires au Sénat, prévoient un examen agité dans l’hémicycle.
La majorité sénatoriale, elle, reste déterminée à faire avancer cette réforme controversée. Pour rapprocher les positions avec le gouvernement, elle a accepté que le PDG de France Médias soit également celui de ses filiales. Néanmoins, quelques divergences demeurent, notamment sur l’intégration de France Médias Monde, branche internationale de l’audiovisuel public français (RFI, France 24). Les sénateurs y sont favorables, alors que le gouvernement souhaite l’en exclure.
Le texte devra revenir à l’Assemblée nationale à l’automne. À ce stade, il ne figure pas encore parmi les priorités de la session parlementaire extraordinaire prévue fin septembre. Reste à savoir si l’exécutif saura imposer son calendrier pour un chantier qui suscite, depuis son lancement, une opposition résolue des syndicats de l’audiovisuel public, déjà engagés dans une grève illimitée pour défendre leurs structures et leur indépendance éditoriale.
Source : Sud Ouest avec AFP, publié le 10 juillet 2025