Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a déclenché une vague de réactions après ses déclarations sur l’immigration et l’État de droit. Dans une interview accordée hier au JDD, Retailleau a affirmé que « l’État de droit n’est ni intangible ni sacré », provoquant des réactions diverses au sein du gouvernement et de l’opinion publique. Cette prise de position fait suite à ses déclarations sur LCI, où il a exprimé son souhait de voir un référendum sur l’immigration.
Bruno Retailleau, fraîchement nommé à la tête du ministère de l’Intérieur, n’a pas tardé à relancer le débat sur l’immigration, un sujet sensible dans la politique française. Dans son entretien télévisé accordée à Darius Rochebin, Retailleau a estimé que la France devrait envisager un plan global pour maîtriser les flux migratoires et a regretté que, pour des raisons constitutionnelles, un référendum sur ce sujet ne puisse être organisé.
Retailleau considère que l’immigration a profondément bouleversé la société française au cours des 50 dernières années, sans que la population n’ait eu son mot à dire via un scrutin populaire. Selon lui, « l’immigration n’est pas une chance », la France n’est plus capable d’accueillir de nouveaux immigrés et « une société multiculturelle comporte des risques de devenir une société multiraciste ».
Retailleau a également fait le lien entre migration et insécurité après le viol et l’assassinat de Philippine. Il a d’ailleurs exprimé son intention d’étendre la durée de la rétention pour les personnes sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Actuellement fixée à 90 jours, il propose de la doubler à 180 jours, tout en reconnaissant que cela pourrait ne pas suffire à résoudre les problèmes d’expulsion. Il a également évoqué l’utilisation de « trois leviers » pour augmenter le nombre d’expulsions : les visas, l’aide au développement, et les accords commerciaux avec les pays d’origine des migrants.
Des déclarations qui ont choqué les enfants d’immigrés
Les propos de Bruno Retailleau ont provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, où de nombreuses personnes issues de l’immigrations se sont élevées pour dénoncer ces affirmations. Seydi Ba, avocat au barreau de Paris, a notamment exprimé son indignation : « Mes parents ont immigré en France, m’ont poussé à faire des études, et aujourd’hui je suis avocat. Ce n’était donc pas une chance pour la France ? ».
Sur RTL, Isabelle, une auditrice a raconté l’histoire de sa famille portugaise et a déclaré que les déclarations de Retailleau la faisait « vomir ».
La macronie divisée
Dans les cercles politiques, les déclarations de Bruno Retailleau ont provoqué une certaine gêne, notamment parmi les proches du président Emmanuel Macron. Si certaines figures, comme Yaël Braun-Pivet et Élisabeth Borne, ont pris leurs distances de manière discrète, d’autres comme Sacha Houlié, ex-macroniste, ont ouvertement dénoncé les propos du ministre de l’Intérieur. Le débat sur l’immigration, déjà sensible, semble diviser de plus en plus au sein même du gouvernement.
Des critiques à gauche
Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes, s’est interrogé sur la ressemblance entre la politique de Retailleau et celle prônée par l’extrême droite.
L’écologiste Marine Tondelier a répondu que « Bruno Retailleau lui-même n’est une chance pour personne et il est quand même en France ».
Le soutien de Nicolas Sarkozy et de l’extrême droite
Si les propos de Bruno Retailleau ont suscité des critiques dans certains cercles politiques, ils ont également trouvé des soutiens. Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, a exprimé son approbation, saluant la fermeté du ministre sur les questions de sécurité et d’immigration. Il a averti le Premier ministre Michel Barnier de ne pas céder aux critiques et de maintenir une ligne dure en matière de politique migratoire.
Marion Maréchal a quant à elle applaudi les prises de position du ministre, les qualifiant de « réjouissantes ».