Le dernier baromètre Odoxa pour L’Union et L’Ardennais dresse un constat implacable : Emmanuel Macron est désormais perçu comme le président le plus impopulaire de la Ve République. Seuls 20 % des Français estiment qu’il est un « bon président », un effondrement inédit depuis son élection en 2017.
La chute semble sans fin. Selon le baromètre Odoxa publié fin octobre, Emmanuel Macron atteint un niveau d’impopularité jamais enregistré sous la Ve République. À peine un Français sur cinq (20 %) considère encore qu’il est un « bon président ». Un chiffre qui traduit une rupture profonde entre le chef de l’État et la population, sept ans après son arrivée à l’Élysée.
Le président d’Odoxa, Gaël Sliman, résume la situation sans détour : « Les Français prêtent à Emmanuel Macron les pires défauts et aucune qualité. » Dans le détail, l’image du chef de l’État s’est effondrée sur presque tous les critères : 88 % des sondés le jugent « pas humble », 87 % estiment qu’il n’est « pas proche de leurs préoccupations », 81 % le trouvent « fermé au dialogue » et 80 % pensent qu’il « ne dit pas la vérité ». Même sa réputation d’énergie et de dynamisme, jadis moteur de sa popularité, s’est ternie : 55 % des personnes interrogées estiment désormais qu’il n’est plus « dynamique ».
Politiquement, Emmanuel Macron reste soutenu par la majorité de ses sympathisants Renaissance (83 % d’opinions favorables), mais il fait face à une hostilité quasi unanime ailleurs : 67 % des partisans des Républicains, 77 % du Parti socialiste, 87 % des Écologistes, 89 % de La France insoumise et 94 % du Rassemblement national le jugent « mauvais président ».
Cette impopularité s’explique par une série d’échecs politiques et institutionnels : la réforme des retraites de 2023 passée en force, la dissolution de 2024 considérée comme un fiasco, la perte de la majorité législative et les gouvernements successifs sans relief. « Les Français ont eu le sentiment qu’Emmanuel Macron voulait conserver un pouvoir qu’il avait perdu dans les urnes », souligne Gaël Sliman.
Le rejet s’est également nourri d’un reproche plus profond : 69 % des sondés estiment que le président « n’est pas attaché aux valeurs démocratiques ». Ce chiffre, alarmant, traduit un déficit de légitimité inédit pour un président encore en exercice. Dans un contexte de défiance généralisée, cette perception alimente même des appels à sa destitution.
Les propos de deux anciens Premiers ministres ont d’ailleurs trouvé un large écho dans l’opinion. Près de 78 % des Français disent partager le constat de Gabriel Attal, pour qui le président donne le sentiment d’un « acharnement à vouloir garder la main ». Et 67 % approuvent la position d’Édouard Philippe, qui juge qu’une destitution serait « la seule décision digne pour éviter dix-huit mois de crise ». Hors du camp présidentiel, une majorité de sympathisants de tous bords – y compris 75 % de LFI et 86 % du RN – s’accordent désormais avec cette idée.
Dans ce climat délétère, Emmanuel Macron semble politiquement isolé. Les tensions internes à la majorité, la fragilité du gouvernement Lecornu, la dégradation économique et la montée du Rassemblement national achèvent de dresser un tableau sombre de cette fin de quinquennat. À dix-huit mois des municipales et moins de deux ans de la présidentielle de 2027, la question n’est plus tant de savoir comment Emmanuel Macron peut redresser la barre, mais s’il en a encore les moyens politiques et symboliques.
Sources :
L’Union / L’Ardennais – Baromètre Odoxa : Emmanuel Macron, le président le plus détesté de la Ve République – https://www.lunion.fr