Deux ans après son rachat par Rodolphe Saadé, le quotidien marseillais La Provence fait face à une nouvelle série de départs significatifs. Selon un tweet de La Lettre, une dizaine de journalistes ont décidé d’activer la clause de cession, qui permet aux employés de quitter leur poste après un changement de propriétaire, avant l’expiration de cette opportunité.
Rodolphe Saadé, patron de CMA CGM, avait acquis La Provence en 2022 après une bataille médiatique intense face à Xavier Niel. L’acquisition s’inscrivait dans une stratégie plus large de l’armateur marseillais, qui cherche à diversifier ses activités et à accroître son influence dans les médias. Après La Provence, Saadé a renforcé son empire médiatique en rachetant La Tribune en 2023, puis en acquérant des actifs majeurs comme BFM TV et RMC en 2024, pour 1,55 milliard d’euros.
La clause de cession : Un droit activé in extremis
La clause de cession est un mécanisme juridique qui permet aux journalistes de quitter une entreprise après un changement de propriétaire tout en bénéficiant d’indemnités. Selon les informations relayées par La Lettre, les récents départs à La Provence sont les derniers à pouvoir bénéficier de ce droit, laissant présager un tournant pour le journal dans les mois à venir. Cette vague de départs met en lumière une potentielle instabilité interne au sein du quotidien, qui pourrait impacter sa ligne éditoriale et ses capacités rédactionnelles.
L’impact de Rodolphe Saadé dans les médias
Depuis le début de la crise du Covid-19, les superprofits générés par CMA CGM ont permis à Rodolphe Saadé d’étendre son influence dans le secteur des médias. Son groupe, CMA Média, est désormais un acteur incontournable de la presse française, avec des participations dans des médias variés comme Brut et un intérêt marqué pour l’acquisition de la chaîne M6.
Avec le rachat de BFM TV et RMC à Patrick Drahi en 2024, Saadé a confirmé son ambition de devenir un géant des médias, capable de rivaliser avec d’autres poids lourds du secteur comme Vincent Bolloré. Toutefois, ces acquisitions, bien que stratégiques, semblent provoquer des tensions internes dans les rédactions, comme en témoignent les départs à La Provence.