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William Randolph Hearst, magnat de la presse et membre du Bohemian Club.

Guerre hispano-américaine : Quand la presse américaine allumait la mèche

D’avril à août 1898, les États-Unis affrontent l’Espagne à Cuba et dans le Pacifique. De l’explosion de l’USS Maine à la signature du traité de Paris, ce conflit bref mais décisif redistribue les cartes coloniales et propulse Washington au rang de puissance mondiale. Le rôle de média américain tels le New York World de Joseph Pulitzer et le New York Journal de William Randolph Hearst, membre du Bohemian Club, ont joué un rôle fondamental dans le déclenchement de cette guerre qui fut courte mais meurtrière.

La guerre hispano-américaine éclate dans un contexte brûlant où se mêlent rébellion anticoloniale, intérêts économiques et fièvre médiatique. À la fin du XIXe siècle, l’empire espagnol, affaibli n’e représente plus t plus que ‘est plus composé que de quelques territoires dans l’océan Pacifique, l’Afrique et les Indes et fait face à des insurrections persistantes à Cuba et aux Philippines.

Da,s les caraïbes, la guerre des Dix Ans qui s’est déroulée entre 1868 et 1878 fut déclarée lorsque le planteur cubain et franc-maçon Carlos Manuel de Céspedes libéra ses esclaves et forma une armée, dans ce qui fut une première tentative de Cuba pour obtenir l’indépendance.

À la fin du XIXe siècle, Cuba dépendait largement de l’économie sucrière, tournée presque exclusivement vers les États-Unis, qui y avaient investi près de 50 millions de dollars. De plus, certains disciples du théoricien naval Alfred Mahan considéraient Cuba, proche des côtes américaines, comme un emplacement stratégique idéal pour l’implantation de bases navales.

La crise du sucre — due à la concurrence européenne, à la chute des prix après la dépression de 1893 et à la réforme douanière Wilson-Gorman de 1894 — ruina l’île, provoquant misère et colère.

En mars 1895, une insurrection éclata, marquant le début de la guerre d’indépendance cubaine. La répression espagnole, menée par le général Weyler, fut brutale : populations regroupées de force dans des camps insalubres, causant environ 200 000 morts. Les insurgés, eux, pratiquèrent la terre brûlée, détruisant plantations et biens espagnols pour affaiblir l’ennemi.

La presse allume la mèche

Les tensions s’aiguisent à mesure que s’enlisent les réformes promises par Madrid et que l’opinion publique américaine, galvanisée par une presse à sensation, s’émeut du sort des insurgés cubains. Le 15 février 1898, le cuirassé USS Maine explose dans la rade de La Havane. La cause demeure indéterminée, mais la vague d’indignation qu’elle déclenche, nourrie par les unes tapageuses du New York World de Joseph Pulitzer et le New York Journal de William Randolph Hearst, membre du Bohemian Club, groupe élitiste informel, qui documentèrent avec zèle la barbarie des Espagnols et de leur commandant en chef, Weyler, surnommé « le boucher », finit par emporter les dernières résistances à l’intervention.

Dans les années 1890, la rivalité entre ces deux magnats de la presse favorise la montée de ce que l’on a appelé le journalisme jaune, le style de Hearst, bien avant CNN. Celui-ci, en quête de lecteurs, publie des récits exagérés ou inventés sur les atrocités espagnoles à Cuba, décrivant des « Espagnols cruels » face à de « pauvres Cubains ». L’influence de Hearst est illustrée par sa célèbre phrase adressée à son illustrateur Frederic Remington : « Vous fournissez les images, et je fournirai la guerre ».

Après l’explosion de l’USS Maine, le New York Journal  « révéla » à l’aide d’illustrations « extrêmement détaillées » comment les Espagnols avaient fait exploser le bateau, et réclama des représailles massives, soutenu par des hommes d’affaires voulant investir à Cuba, attisant une véritable « furie belliqueuse » dans l’opinion américaine. Les manifestations, la pression des milieux d’affaires et la montée du nationalisme poussèrent même à huer le président et franc-maçon, McKinley jugé trop prudent. Le Congrès fini par déclarer la guerre le 25 avril 1898.

Deux zones de conflits

La campagne militaire, courte et décisive, se joue sur deux théâtres. Dans le Pacifique, l’escadre du commodore George Dewey détruit le 1er mai la flotte espagnole à la bataille de la baie de Manille, affichant d’emblée la supériorité matérielle et l’entraînement d’une US Navy en plein essor. Aux Caraïbes, un corps expéditionnaire américain débarque à Cuba en juin. Les combats des collines de San Juan, près de Santiago de Cuba, marquent les esprits et forgent la réputation des Rough Riders associés au franc-maçon, Theodore Roosevelt. Sur mer, la tentative de percée de l’amiral Pascual Cervera se solde le 13 juillet par la destruction de l’escadre espagnole au large de Santiago. Privées d’appui naval, les forces de Cuba capitulent le 17 juillet, tandis que Porto Rico est occupé sans réelle résistance à partir du 25 juillet.

Le début de l’impérialisme américain

Le conflit s’inscrit aussi dans une rivalité de récits et d’intentions. Outre le « journalisme jaune », les Etats-Unis, les États-Unis développèrent une vision impérialiste à la fin du XIXᵉ siècle, persuadés de devoir jouer un rôle mondial au-delà du continent américain. Le pasteur protestant Josiah Strong (1885) prônait la mission civilisatrice de la « race anglo-saxonne », Alfred Thayer Mahan (1890) soulignait l’importance de la puissance navale pour atteindre la suprématie, et Henry Cabot Lodge (1895) défendait l’expansion territoriale avec l’idée que « le commerce suit le drapeau ». Cette idéologie trouve un relais politique avec le maçon, Theodore Roosevelt, nommé en 1897 à la Marine, qui a alors confié qu’« une guerre » serait bénéfique pour les États-Unis.

La formule « splendid little war » de John Hay, homme politique, diplomate et écrivain américain, traduit la brièveté des opérations mais non leur coût humain : les États-Unis perdent 5 462 hommes, dont seulement 379 au combat, quand l’Espagne, frappée par les maladies autant que par les armes, enregistre des pertes massives.

La fin de l’impérialisme espagnol

Un armistice intervient le 12 août 1898, suivi du traité de Paris signé le 10 décembre. Madrid reconnaît l’indépendance de Cuba, cède Porto Rico et Guam, ainsi que les Philippines contre 20 millions de dollars. Washington met en place un protectorat sur Cuba et s’installe, des Antilles au Pacifique, au cœur de la compétition impériale. Ce basculement, ressenti aux États-Unis comme l’entrée dans « une étrange destinée », redessine l’équilibre mondial et imprime un tournant durable à la politique extérieure américaine. En Espagne, la défaite — le « désastre de 98 » — provoque une profonde introspection nationale et nourrit le régénérationnisme, signe d’une société travaillée par le doute et la volonté de renouveau, influençant notamment le modernisme catalan en architecture. Durant la guerre, du côté de la péninsule ibérique, on voyait ce conflit comme un affrointement du lin espagnol, symbole des valeurs d’honneur et de courage, contre le monde Yankee obsédé par l’argent et la cupidité, représenté par un porc, qui lorsqu’il est blessé apr une baïonnette espagnole ne perd pas de sang, mais de l’argent.

Au-delà des lignes de front, la guerre hispano-américaine révèle la puissance des imaginaires politiques et médiatiques dans la fabrique des décisions. Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, a déclaré que : « Chaque guerre des cinquante dernières années a été déclenchée grâce aux mensonges des médias. » Visiblement, cela remonte à encore un peu plus loin.

Toujours est-il que lors de la guerre hispano-américaine, qui s’est déroulée de La Havane à Manille, en l’espace de trois mois et dix-huit jours, les États-Unis sont passés du statut de puissance régionale à celui d’acteur global ; l’Espagne, elle, a vu se refermer un chapitre séculaire de son histoire coloniale.

Sources :
Wikipédia (fr) – « Guerre hispano-américaine » (consulté le 14 septembre 2025) – https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_hispano-américaine

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