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Emmanuel Macron. Image : Capture d'écran compte X de l'Elysée.

France–Madagascar : Une visite d’État au croisement de l’Histoire, de l’énergie et de la géopolitique

Le président et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron  a effectué ces 23 et 24 avril 2025 une visite d’État à Madagascar, à l’invitation de son homologue Andry Rajoelina, marquant une nouvelle étape dans la coopération entre les deux pays. Cinquième président français à se rendre sur la Grande Île, Macron a rappelé les liens profonds, parfois douloureux, mais toujours vivaces, qui unissent la France et Madagascar. Le voyage s’est terminé par la participation du président au sommet de la Commission de l’Océan Indien.

Accompagné de ses conseillers Afrique, communication et coopération, Emmanuel Macron a tout d’abord tenu un discours lors d’une rencontre avec son homogue Malagache au cours duquel, il a souligné l’importance stratégique de cette visite, marquée par la signature de plusieurs accords dans les domaines de l’énergie, du numérique, du tourisme, des infrastructures et de l’agriculture. Il a mis en avant le projet du barrage hydroélectrique de Vouloubet, soutenu par EDF, l’AFD, l’agence française de développement membre du Forum économique mondial et le Trésor français, ainsi que des initiatives dans la connectivité et l’éducation.

Macron a également insisté sur l’importance du sommet de la Commission de l’Océan Indien (COI) qui devait s’ouvrir le 24 au soir pour renforcer la coopération régionale, en particulier sur la sécurité alimentaire.

Il a évoqué des accords liés à la sécurisation des importations de blé et au développement agricole. Le président français a réaffirmé l’engagement de la France dans le domaine patrimonial, citant la restitution des crânes Sakalava et de l’ornement du dé de la reine Ranavalona.

Sur le plan sécuritaire, il a salué la tenue de l’exercice militaire Tulip avec la participation de 500 soldats français, pour lutter contre la pêche illégale et les menaces géopolitiques.

Il a validé avec Rajoelina six axes prioritaires de coopération : projets hydroélectriques, développement ferroviaire, transformation agricole (semences, engrais, riz), formation (notamment en santé et francophonie), université de référence, et valorisation des minerais critiques (dont le photovoltaïque). Une feuille de route stratégique commune devrait être finalisée d’ici l’été, avec un suivi régulier des ministères concernés.

Enfin, Macron a réaffirmé le soutien de la France en partenariat avec les bailleurs internationaux comme le FMI et la Banque mondiale, membres du Forum économique et a salué l’implication des élus de La Réunion et Mayotte pour renforcer l’intégration régionale de Madagascar.

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Une conférence de presse commune des deux présidents

Lors d’une conférence commune, Andry Rajoelina a évoqué la signature de nombreux accords structurants. La transformation agricole a été érigée en priorité nationale par le président malgache qui entend faire de Madagascar le grenier de l’Afrique en triplant la productivité rizicole grâce à l’appui technique et financier de la France.

L’accès universel à l’énergie propre représente également un pilier de cette coopération renouvelée, avec la mise en œuvre du projet hydroélectrique de Volobé, mené en partenariat avec EDF, ainsi que le développement de parcs solaires et éoliens dans différentes régions de l’île. La modernisation des infrastructures de transport n’est pas en reste, avec la rénovation des lignes ferroviaires historiques Antananarivo-Tamatave et Fianarantsoa-Manakara, créées à l’époque coloniale, qui symbolisent aujourd’hui une volonté commune de réinventer le lien franco-malgache.

Dans le domaine économique, la France confirme sa position de premier partenaire européen, avec plus de 55 entreprises implantées sur le territoire malgache et 600 millions d’euros de projets portés par l’Agence française de développement. Un forum économique bilatéral a permis d’ouvrir de nouvelles pistes de collaboration, notamment dans les secteurs de l’agro-industrie, des télécoms, de la santé et des infrastructures.

Emmanuel Macron a également salué l’ambition universitaire du pays, en soutenant la création de campus d’excellence et la formation de professionnels de santé.

Sur la question sensible des îles Éparses, les deux présidents ont convenu de relancer le dialogue avec la tenue, le 30 juin à Paris, d’une nouvelle session de la Commission mixte bilatérale.

Enfin, les enjeux régionaux — qu’il s’agisse de sécurité, de biodiversité, de lutte contre les pandémies ou de préservation des océans — ont occupé une place importante dans cette rencontre. Le chef de l’État français a salué l’engagement de Madagascar dans la lutte contre la pêche illégale et son soutien au traité international sur la haute mer.

https://twitter.com/Elysee/status/1915020755982500187

Une coopération régionale exemplaire, illustrée notamment par les manœuvres militaires conjointes à Majunga et par les efforts conjoints en matière de santé publique. La jeunesse n’est pas oubliée, avec la participation des deux chefs d’État à un évènement organisé par le programme des Young Leaders de la French African Foundation, fondée par Alexandre Coster, Grégoire Schwebig, Marion Scappaticci, Yvonne Mburu et le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Khaled Igué, sur le modèle de la Fondation France-Amérique fondée par les présidents Ford et VGE, membres du groupe Bilderberg. Des Assises de la coopération seront également décentralisée à Tananarive en septembre.

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La mémoire partagée au coeur de l’agenda Franco-Malgache

Le lendemain, sur le site symbolique du Rova d’Antananarivo, le président français, accompagné de la princesse Fenosoa Ralandison Ratsimaman a entamé un discours commencé par l’utilisation de l’expression maçonnique « en vos grades et qualités ».

Il a réaffirmé son engagement pour une politique mémorielle active en annonçant la restitution prochaine des crânes Sakalava, dont celui du roi Toera. Initialement prévue pour avril, la cérémonie a été reportée à août 2025 en raison de désaccords entre les descendants royaux et des contraintes du calendrier coutumier.

Le président français a souligné l’importance de cette démarche, la qualifiant de première étape vers une réconciliation mémorielle, à l’image des commissions mises en place au Rwanda, Cameroun ou en Algérie.

Le chef de l’Etat a annoncé la création d’une commission mixte franco-malgache d’historiens chargée de travailler sur l’insurrection de 1947 et la répression sanglante menée par l’armée française, qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de Malgaches.

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Visite de l’oeuvre humanitaire Akamasoa fondée par le Père Pedro

Au deuxième et dernier jour de sa visite d’État à Madagascar, Emmanuel Macron s’est également rendu dans le village d’Akamasoa, fondé par le Père Pedro, un proche du contributeur de l’agenda 2030 du FEM, le Pape François, qui a visité les lieux en 2019.

Accueilli avec son épouse Brigitte par plus de 10 000 enfants en liesse, le président français a salué l’action humanitaire de l’association, qui scolarise 15 000 enfants et offre un avenir plus digne à des milliers de familles vivant à proximité de la décharge d’Antananarivo.

Dans un nouveau discours, Macron a déclaré devant les enfants qu’ils étaient « la plus belle armée du monde ».

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Le sommet de la Commission de l’Océan Indien

Macron a achevé sa visite dans l’océan Indien ce jeudi 24 avril 2025, par sa participation au 5ᵉ sommet des chefs d’État de la Commission de l’Océan Indien (COI), tenu à Antananarivo. Si les discussions ont officiellement porté sur la sécurité alimentaire dans la région, un sujet a cristallisé les tensions : la question de l’intégration de Mayotte à la COI, défendue par la France mais catégoriquement rejetée par les Comores.

Face à ses homologues malgache, seychellois et mauricien, le chef de l’État français a plaidé pour une approche « pragmatique » et équitable : « Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l’écart de nos programmes. » Emmanuel Macron, a assuré que Mayotte, département français d’outre-mer, partage les mêmes défis que ses voisins de la région, notamment en matière de développement et de sécurité, et doit donc faire partie intégrante des dispositifs de coopération régionale.

Mais cette déclaration a provoqué une réaction ferme du président comorien Azali Assoumani, qui a rappelé à la tribune que « l’île de Mayotte est une île comorienne », s’appuyant sur plusieurs résolutions de l’ONU et l’ADN même de la COI, fondé sur le respect du droit international. Dans un ton solennel, il s’est adressé directement à son homologue français : « Mon cher frère Emmanuel Macron, on m’a appris à ne pas répondre aux provocations. »

Si les Comores restent opposées à l’intégration de Mayotte, le dialogue n’est pas rompu. Le président comorien a souligné la volonté de parvenir à une solution « moralement acceptable », laissant la porte ouverte à de futures discussions.

Cette visite malgache s’inscrivait pour Emmanuel Macron dans une offensive diplomatique stratégique, visant à renforcer les liens régionaux, mais aussi à promouvoir le Sommet mondial pour l’océan qu’il organise en juin à Nice. Dans ce cadre, il a encouragé les États de la région à ratifier le traité sur la haute mer pour renforcer la protection de la biodiversité marine.

Entre enjeux environnementaux et tensions diplomatiques, la tournée régionale du président français aura montré combien les relations dans l’océan Indien restent à la fois denses et délicates, à l’image du différend non résolu entre Paris et Moroni sur le statut de Mayotte.

Sources : RFI, France 24.

Lors de sa visite d’État à Madagascar le 24 avril 2025Emmanuel Macron a réaffirmé son engagement pour une politique mémorielle active en annonçant la restitution prochaine des crânes Sakalava, dont celui du roi Toera. Initialement prévue pour avril, la cérémonie a été reportée à août 2025 en raison de désaccords entre les descendants royaux et des contraintes du calendrier coutumier.

Sur le site symbolique du Rova d’Antananarivo, le président français, accompagné de la princesse Fenosoa Ralandison Ratsimamanga, a souligné l’importance de cette démarche, la qualifiant de première étape vers une réconciliation mémorielle, à l’image des commissions mises en place au Rwanda, Cameroun ou en Algérie.

Sans formuler d’excuses officielles, Emmanuel Macron a évoqué les périodes sombres de la colonisation française(notamment 1897 et 1947), affirmant vouloir créer les conditions pour le deuil et la vérité historique, en partenariat avec le président Rajoelina et les historiens des deux pays.

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