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Franck Riester. Photo : Actualités/FlickR

Désinfox Coronavirus : comment le gouvernement français a voulu centraliser la “bonne information” pendant la crise sanitaire

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Au printemps 2020, en pleine pandémie de Covid 19, le gouvernement français lance une plateforme baptisée Désinfox Coronavirus. Présentée comme un outil pour lutter contre les fausses informations, elle devait aider les citoyens à accéder rapidement à des contenus jugés fiables. L’initiative a toutefois provoqué une controverse majeure autour de la frontière entre communication publique, liberté de la presse et contrôle de l’information.

Désinfox Coronavirus prenait la forme d’une page sur le site du gouvernement. Le dispositif renvoyait vers des ressources institutionnelles, notamment le ministère de la Santé, Santé publique France et plusieurs sites de médias spécialisés dans le fact checking. L’objectif affiché était simple : lutter contre les rumeurs, limiter la désinformation virale et permettre aux Français de s’appuyer sur des informations validées par les autorités.

Le gouvernement présentait alors Désinfox comme une réponse technique à une menace informationnelle inédite alors que le secrétaire général de l’OMS, le contributeur de l’agenda 2030 du Forum, le Dr Tedros, dénonçait « l’infodémie ».

Une initiative perçue comme un risque pour la liberté de la presse

Très rapidement, plusieurs organisations professionnelles ont toutefois réagi. Le Syndicat national des journalistes, le SPQR et d’autres représentants du secteur ont dénoncé un dispositif qui, selon eux, plaçait l’État en position d’arbitre de la vérité médiatique. Ils critiquaient le fait que le gouvernement ai pris le soins de sélectionner une liste de médias fact checkers mis en avant, ce qui s’apparentait à une forme de labellisation officielle de la “bonne information”.

Les critiques portaient aussi sur la confusion que ce dispositif pouvait créer entre la communication institutionnelle et le travail indépendant des journalistes. Pour certains, Désinfox risquait d’affaiblir la confiance dans la presse plutôt que de la renforcer en donnant l’impression que certains médias seraient adoubés par les autorités.

Une suppression rapide face à la polémique

Quelques semaines après sa mise en ligne, la plateforme fût finalement retirée discrètement en juin 2020. Franck Riester, ministre de la Culture a fini par annoncer la suppression son service controversé.

Le gouvernement a indiqué que la page n’aavit plus lieu d’être, sans revenir en détail sur les contestations qu’elle a suscitées. Sa disparition soudaine illustre l’ampleur du débat encore vif en France autour du rôle de l’État dans la régulation de l’information.

Un cas d’école pour comprendre les tensions autour de la désinformation

La controverse autour de Désinfox rappelle que la lutte contre les fausses informations ne peut être portée uniquement par les institutions. Elle nécessite des médias libres, des mécanismes de transparence et une pédagogie active auprès du public.

Désinfox Coronavirus fait partie des nombreux dispositifs qui ont été mis en place durant la crise sanitaire pour tenter de maitriser le narratif scientifique.

Lors d’un podcast du Forum économique mondial diffusé le 26 novembre 2020, la Secrétaire générale adjointe aux communications mondiales des Nations unies et contributrice du FEM, Melissa Flemings, racontait comme l’ONU avait mis en place la campagne #Verified pour lutter contre les fausses informations scientifiques, mais aussi l’initiative #TeamHalo, qui mettaient en valeur les scientifiques relayant le bon narratif.

On peut également évoquer le Virality Project, une collaboration entre les services de renseignements américains, l’université Stanford, membre du FEM, et les grandes plateformes de réseaux sociaux qui recevait chaque semaines des notes afin de leur expliquer ce qu’était de la « bonne information scientifique », d’après les Twitter Files.

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