La conférence de Bakou de 2024 sur les changements climatiques, ou COP 29, conférence internationale organisée par l’Organisation des Nations unies a ouvert ses portes ce lundi matin. La 29e conférence des Parties réunit les pays signataires de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) adoptée au Sommet de la Terre de Rio, en 1992, dont l’objectif est de « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». Ce matin, lors de la cérémonie d’ouverture, l’ancien l’ancien président de la COP 28, le Sultan Al-Jaber a transmis le marteau de la conférence à Moukhtar Babaïev, président de la COP 29, un symbole scandaleux, les deux hommes ayant été président d’une compagnie pétrolière.
Lors de l’ouverture de la COP29, le Sultan Al Jaber, ministre de l’Industrie et de la Technologie avancée émirati, président de la COP 28 et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial a souligné les avancées majeures réalisées lors de la dernière COP accueilli par son pays. Il a remercié les Émirats arabes unis pour leur soutien et a salué les efforts collectifs des participants et des négociateurs.
Dans son discours, il a mis en avant la progression des initiatives pour le climat, dont l’ajout de 500 GW de capacité en énergies renouvelables. Il a également évoqué le « pacte de décarbonisation » rejoint par 55 entreprises, avec des objectifs ambitieux pour atteindre zéro émission de méthane d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2050. Al Jaber a encouragé la coopération entre secteurs pour soutenir la croissance économique et réduire les émissions, et a insisté sur l’importance d’une collaboration entre les sources de financement publiques et privées.
Al Jaber a aussi mentionné la création de la Troïka, un mécanisme reliant la COP28, COP29 et COP30, qui » mobilise toutes les plateformes multilatérales, de l’ONU au G20″, » pour solidifier le consensus de l’UE « , Le nouveau consecenus européen pour le développement a été mis en place en 2017 et a pour vocation de guider les institutions et les pays de l’UE dans leur coopération avec les pays en développement pendant quinze ans afin de contribuer à la réalisation du programme de développement durable à l’horizon 2030, des Nations unies, s’inspirant du programme Vision 2030 du Forum économique mondial. Al Jaber a présenté la Troïka comme éssentiel, pour maintenir le cap sur l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Il a exhorté les délégués à passer » de la parole aux actes « grand leitmotiv de cette Cop 29, et a souhaité que cet évènement organisé en Azerbaïdjan soit marquée par des actions concrètes et solidaires pour un avenir plus vert. Le sultan Al Jaber a procédé à l’élection de Moukhtar Babaïev, ministre azerbaïdjanais de l’Écologie et des Ressources naturelles, dont la nomination avait déjà été annoncé par l’Azerbaïdjan, le 5 janvier dernier.
Le président de la COP 29 exhorte les pays à intensifier leurs efforts
Dans son discours d’ouverture à la COP29, Moukhtar Babaïev, a exprimé l’urgence d’intensifier les efforts mondiaux contre le changement climatique, soulignant que les actions actuelles sont insuffisantes pour limiter le réchauffement à 1,5 degré. Il a mis en avant la nécessité de mobiliser davantage de financements climatiques pour répondre aux besoins des pays les plus vulnérables et a appelé à une coopération plus étroite pour accélérer le développement et le transfert de technologies.
Babaev a également évoqué l’importance de l’adaptation aux effets du changement climatique, rappelant les défis environnementaux auxquels l’Azerbaïdjan fait face, comme la fonte des glaciers et la réduction des ressources en eau douce. Il a insisté sur l’importance d’intégrer des perspectives de genre et de jeunesse dans les plans climatiques et d’accroître la transparence des engagements.
Enfin, Babaïev a appelé à la solidarité mondiale, invitant tous les participants à renforcer leurs ambitions et à concrétiser les engagements pris pour garantir un avenir durable et équitable pour toutes les régions du monde.
Le président de la CCNUCC appelle à une prise de conscience urgente
Le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Simon Stiell, s’est dit honoré de prendre la parole en tant que président de la CCNUCC, se félicitant que les états » construisent autour du consensus de l’UE « .
Il a appelé à une prise de conscience urgente concernant la crise climatique, avertissant que les politiques actuelles conduisent à un réchauffement de 3°C, ce qui serait catastrophique. Il a rappelé les effets déjà visibles du changement climatique, comme les incendies et les inondations, qui causent souffrance et pertes humaines, et a souligné la nécessité d’une réponse mondiale immédiate. La COP29, selon lui, est une opportunité cruciale pour tracer une nouvelle voie.
Il a mis en avant les efforts de la présidence de la COP29 pour rassembler les acteurs mondiaux et encourager des actions concrètes, notamment en matière de financement climatique, essentiel pour atteindre des ambitions plus élevées et instaurer la confiance. Stiell a également insisté sur l’importance d’atteindre un objectif quantifié collectif pour le financement, soulignant que l’investissement dans le climat coûte moins que l’inaction.
En matière d’atténuation, il a plaidé pour l’adoption de l’article 6 des marchés du carbone pour encourager des engagements de haute intégrité et réduire les coûts des contributions climatiques des pays. Il a également abordé l’adaptation, soulignant que de nombreux pays, comme l’Azerbaïdjan, font déjà face aux défis du réchauffement et ont besoin d’investissements pour se protéger. Il a appelé les gouvernements et le secteur privé à investir massivement dans l’adaptation et la résilience.
Enfin, Stiell a invité les pays à collaborer pour relever ensemble ce défi commun, rappelant que le monde attend une action décisive. Son message final était un appel à l’unité pour un avenir durable, avec l’espoir que cette COP sera marquée par des engagements concrets et une solidarité mondiale pour un avenir plus vert.
Les voeux pieux de la Conférence des parties
Entre les discours d’Al Jaber et de Babaïev, une vidéo dont le message central insistait sur l’importance d’une « langue commune » valorisant l’inclusion, l’amour et l’émancipation collective a été diffusée. Elle concluait en reprenant la maxime de la Cop29: l’importance d’être définis par nos actions et non par nos paroles, soulignant ainsi la nécessité de traduire les promesses en gestes concrets.
Dommage que ces discours se limitent bien souvent à des voeux pieux, car malgré les déclarations d’Al Jaber, la dernière COP 28, n’a pas été couronnée de succès. Le dernier accord publié le 13 décembre à Dubaï n’appelait par exemple pas à une sortie des énergies fossiles, mais à une transition. L’OPEP, organisation affiliée au Forum économique mondial, avait exhorté ses membres à « rejeter » tout accord spécifiquement ciblé sur l’énergie fossile.
Cela témoigne de l’influence des lobbys sur la Conférence de Dubaï, à commencer par le plus puissant d’entre eux, le Forum économique mondial, qui représente les mile multinationales les plus riches du monde, y compris des entreprises pétrolières, mais également des institutions internationales, ce qui donne lieu à d’inquiétant mélanges des genres. Le président de la COP 28, s’il est le président-fondateur de Masdar, une entreprise publique d’énergies renouvelables basée à Abou Dhabi, liée au Forum économique mondial, est également le directeur d’Adnoc (Abou Dhabi National Oil Company), la compagnie pétrolière nationale d’Abou Dhabi, affiliée au FEM. Quant à Moukhtar Babaïev , c’est un ancien employé de la compagnie pétrolière nationale (SOCAR), membre du Forum. Il a d’abord exercé au département des relations économiques extérieures de l’entreprise, avant d’intégrer celui dédié au marketing et des opérations économiques, pour finir vice-président chargé de l’écologie du groupe.
L’organisation de la COP 29, en Azerbaïdjan, pays dirigé par le contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Ilham Aliyev, dont l’économie dépend à 90 % des exportations de pétrole et de gaz, est déjà un scandal en soit, même si l’organisation de la COP 28, aux Émirats arabes unis, dont les réserves de pétrole se placent au 8e rang mondial, représentent déjà un précédent. La Cop 30 se déroulera quant à elle au Brésil, pays dirigé par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Lula, qui est le premier producteur de pétrole d’Amérique latine et occupe la 8e position mondiale.