L’autisme se définit par un trouble du développement qui se manifeste par une altération de la communication et des interactions sociales. On observe une multiplication des cas d’autisme du début des années 2000 à aujourd’hui.
L’autisme, ou trouble du spectre de l’autisme (TSA), est un trouble neurodéveloppemental complexe qui se manifeste principalement par des difficultés dans la communication sociale et des comportements répétitifs ou restreints. Les symptômes de l’autisme varient largement en termes de nature et de gravité, d’où l’utilisation du terme “spectre”. Le terme “autisme” trouve ses origines dans le mot grec « autos« , qui signifie « soi-même« . Le psychiatre suisse Eugen Bleuler a été le premier à utiliser ce terme en 1911 pour décrire un symptôme de la schizophrénie caractérisé par un repli sur soi-même et une perte de contact avec la réalité.
Dans les années 1940, le concept d’autisme a été affiné et différencié de la schizophrénie grâce aux travaux de deux psychiatres : Leo Kanner aux États-Unis et Hans Asperger en Autriche. Leo Kanner a décrit un groupe d’enfants présentant un ensemble de comportements distincts, qu’il a appelé “autisme infantile précoce”. Ses observations incluent des difficultés dans les interactions sociales, des comportements répétitifs et un besoin intense de routine. Hans Asperger, de son côté, décrit des enfants ayant des difficultés sociales similaires, mais possédant souvent un langage et une intelligence normaux ou élevés. Ce sous-groupe a plus tard été reconnu sous le nom de “syndrome d’Asperger”.
Les recherches et la reconnaissance de l’autisme ont considérablement évolué dans les années 1980. Le DSM-III (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) publié en 1980 a inclus l’autisme comme un trouble distinct, séparé de la schizophrénie.
Le concept de spectre autistique a été introduit pour mieux refléter la diversité des manifestations de l’autisme. Le DSM-IV, publié en 1994, a inclus plusieurs troubles sous le terme de « troubles envahissants du développement » (TED), englobant l’autisme classique, le syndrome d’Asperger, et d’autres troubles similaires. La publication du DSM-5 en 2013 a consolidé ces différents diagnostics sous un seul terme : trouble du spectre de l’autisme (TSA).
L’autisme s’est multiplié
Selon de récentes études, l’autisme serait passé de 7 cas pour 1000 enfants en 2000 à près de 30 pour le même échantillon en 2020. Une multiplication de près de quatre, en 20 ans.
Depuis longtemps, les chercheurs attribuent principalement l’augmentation des diagnostics d’autisme aux changements dans les critères de diagnostic.
Des recherches, dirigées par le sociologue Peter Bearman de l’Université de Columbia à New York, ont démontré que trois facteurs principaux contribuent à cette hausse, mais ceux-ci n’expliquent que la moitié de l’augmentation observée. Les modifications des critères diagnostiques représentent le facteur le plus important. Après 1987, la définition de l’autisme utilisée en Californie a été élargie à plusieurs reprises. Bearman et sa collègue Marissa King ont examiné les dossiers médicaux d’environ 7000 enfants californiens atteints d’autisme et ont constaté qu’un sur dix avait initialement été diagnostiqué avec une déficience intellectuelle. Extrapolant ces données à l’échelle de l’État, ils estiment que ce changement de diagnostic a créé presque 5000 cas supplémentaires d’autisme entre 1993 et 2005, soit 26 % de l’augmentation enregistrée au cours de cette période.
L’influence sociale explique également une grande partie de cette augmentation. Les parents sont plus conscients du trouble qu’auparavant, et ceux dont les enfants présentent des formes légères d’autisme sont plus susceptibles de chercher un diagnostic.
Selon l’étude de Ginny Russel de l’université d’Exeter, qui travaille parfois avec le Forum Économique Mondial, cette croissance de l’autisme est due à un plus grand nombre de cas chez les filles et les adultes, ce qui suggère une meilleure identification de l’autisme comme cause :“Comme il n’y a pas vraiment de raison plausible pour laquelle l’autisme devrait augmenter davantage chez les adultes et les femmes, notre étude suggère que le changement est probablement dû à une identification accrue, et non à un plus grand nombre de personnes atteintes de troubles du développement neurologique en soi”.
Les chercheurs ont également constaté une augmentation générale de l’âge auquel les personnes étaient diagnostiquées avec l’autisme au cours de cette période.
En 1998, l’âge moyen du diagnostic d’autisme était de 9,6 ans. En 2018, cet âge est passé à 14,5 ans.