Cécile Cukierman, sénatrice et présidente du groupe communiste et kanak, a exprimé aujourd’hui lors d’une interview à Public Sénat ses préoccupations concernant les enjeux sociaux et industriels qui touchent actuellement la France au lendemain de l’intervention de Macron sur TF1. Elle a abordé des sujets sensibles tels que la hausse de la pauvreté, la réindustrialisation du pays, la question des retraites, ainsi que la gestion des tensions sociales et politiques à travers des propositions concrètes et des critiques acerbes de la politique actuelle du gouvernement. Elle a également exprimé son profond mécontentement concernant la proximité affichée entre Emmanuel Macron et certains responsables politiques d’extrême droite, en particulier Robert Ménard, maire de Béziers.
Cécile Cukierman n’a pas caché sa déception après l’intervention d’Emmanuel Macron sur TF1, le qualifiant de « désastreuse » pour les Français. Selon elle, le président a évité de répondre aux questions essentielles sur le pouvoir d’achat, la réindustrialisation, et les retraites, tout en fermant définitivement la porte à des référendums sur ces sujets. Elle déplore que la consultation citoyenne soit reléguée au second plan, soulignant qu’il est devenu évident qu’aucune consultation sur les retraites ou l’immigration ne sera mise en place.
« Au bout d’un moment, on sait plus ce qu’il n’y aura pas que ce qu’il pourrait y avoir », déclare Cukierman. Elle souligne également qu’Emmanuel Macron semble indifférent aux attentes sociales de la population, notamment en ce qui concerne la pauvreté croissante, les expulsions locatives et l’application du droit au logement.
Le débat sur la nationalisation d’ArcelorMittal : un impératif pour la souveraineté industrielle
L’un des sujets clés de l’interview fut la question de la souveraineté industrielle, notamment avec le cas d’ArcelorMittal, géant de l’acier. Alors que Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a proposé la nationalisation de l’entreprise, Cécile Cukierman soutient fermement cette proposition. Elle critique la réponse d’Emmanuel Macron, qui a jugé cette option inutile, préférant des « clauses de sauvegarde au niveau européen ».
« Les Anglais ont nationalisé, et ils ne sont pas fous », affirme Cukierman. Pour elle, la nationalisation d’ArcelorMittal est une question de souveraineté et de préservation de l’industrie française. « Nous ne pouvons pas réindustrialiser le pays si nous perdons la maîtrise de l’acier », souligne-t-elle, rappelant que des secteurs comme l’acier sont cruciaux pour des régions comme la Loire, où l’industrie de l’acier est essentielle à l’économie locale.
La censure gouvernementale et la gestion de la pauvreté
Cécile Cukierman a également exprimé son point de vue sur la gestion du gouvernement en matière de pauvreté. Selon elle, le gouvernement doit être davantage en capacité de répondre aux attentes sociales. Elle évoque des sujets comme l’augmentation des expulsions locatives et l’absence de solutions pour le droit au logement. Si le Premier ministre n’est pas en mesure de répondre à ces enjeux sociaux, elle estime qu’il devra tirer les conséquences de ses actions et démissionner.
« Il ne suffit pas de faire de la politique sur les grands chantiers, il faut aussi se concentrer sur la vie quotidienne des Français », déclare Cukierman. Elle appelle à une véritable prise de responsabilité pour régler ces problèmes urgents, sans quoi la crise sociale continuera de se dégrader.
La polémique sur la proximité avec Robert Ménard
Un autre point de friction majeur pour Cécile Cukierman est la proximité affichée par Emmanuel Macron avec certains responsables politiques d’extrême droite, en particulier Robert Ménard, maire de Béziers. Elle a exprimé son indignation face à la manière dont le président a laissé Ménard utiliser un langage grossier et polarisant lors de leur entretien. « Autoriser un personnage à utiliser autant de mots grossiers sans réaction d’un président de la République me heurte profondément », a-t-elle déclaré.
Elle déplore également la complaisance de Macron avec Ménard, soulignant que le maire de Béziers, bien qu’élu avec le soutien du Rassemblement National, a été chaleureusement accueilli par Macron, ce qui témoigne, selon elle, d’une complicité politique. « Je trouve cela choquant. Il me semble qu’il y a dix ans, un président de la République de l’arc républicain n’aurait jamais accepté de débattre avec un tel personnage », a-t-elle ajouté, exprimant sa déception face à cette posture de Macron, qu’elle juge favorable aux idées d’extrême droite.
Une position critique sur la situation en Nouvelle-Calédonie
Cécile Cukierman a aussi abordé la situation politique en Nouvelle-Calédonie, à l’occasion de l’anniversaire des émeutes dans l’archipel. Bien qu’elle salue l’engagement du ministre des Outre-mer, Manuel Valls, pour tenter de fédérer les différentes parties prenantes, elle exprime ses inquiétudes concernant la radicalisation des loyalistes. Elle déplore que certains acteurs politiques, en refusant un dialogue constructif, compromettent l’avenir de la Nouvelle-Calédonie et de la France dans le Pacifique.
« Il est crucial de penser à l’avenir du peuple calédonien et à la place de la France dans le Pacifique », insiste Cukierman, soulignant la nécessité de continuer les négociations et de favoriser une solution pacifique et durable pour l’archipel.
Cécile Cukierman se positionne comme une voix de l’opposition qui cherche à redonner du sens à la politique sociale et industrielle de la France. En appelant à des décisions radicales comme la nationalisation d’ArcelorMittal, la révision de la politique sociale et la prise en compte des défis locaux, elle propose une vision plus ambitieuse et responsable de l’avenir du pays. Selon elle, la politique actuelle du gouvernement manque de vision à long terme et ne répond pas aux attentes profondes des citoyens.